Grimaud est devenue la seconde maison des grooms de stars

Après onze semaines de beau sport, l’Hubside Jumping de Grimaud touche à sa fin ce week-end dans le Var. Unique structure à avoir organisé tant de CSI 4 et 5* cette année en Europe, où la crise sanitaire a tout chamboulé, l’écurie du Golfe de Saint-Tropez accueille les meilleurs cavaliers et chevaux du continent depuis mi-juin. Comme eux, les grooms, leurs fidèles partenaires, se sont créés une routine sur place, dans une région qui sent bon les vacances. Quelques-uns de ceux qui prennent soin des athlètes à quatre jambes racontent leur quotidien.



Comme ses collègues, Audrey Morandat a pu profiter des belles installations varoises pour faire travailler ses chevaux. ©

Comme ses collègues, Audrey Morandat a pu profiter des belles installations varoises pour faire travailler ses chevaux. ©

© Collection privée

Désormais, je n’ai plus besoin de regarder le GPS pour venir au concours”, plaisante Sean Lynch, groom des chevaux de l’Allemand Daniel Deusser, actuel numéro trois du classement mondial Longines des cavaliers. Comme nombre de ses collègues, le Britannique a passé une grande partie de son été à Grimaud, dans le Var, où les organisateurs de Hubside Jumping ont orchestré pas moins de onze semaines de compétition depuis le mois de juin. “Nous avons participé à tous les concours ici, soit onze semaines au total. Nous avons eu de bons résultats, et pouvoir participer à des concours en ces temps difficiles est un vrai privilège. Nous sommes chanceux”, confirme Alessia Delaurenti, la bonne fée de l’Italien Emanuele Gaudiano. En mars dernier, la saison de concours était bien mal engagée pour les cavaliers internationaux, en raison de la pandémie de Covid-19. Grâce aux équipes de Sadri Fegaier, dirigées par les Italiens Eleonora Ottaviani et Denis Monticolo, les cavaliers européens ont pu reprendre leur activité. “Sans Grimaud, les quatre ou cinq derniers mois auraient été très plats en termes de concours”, ajoute Kirsty Pascoe, qui s’occupe des chevaux du Belge Jérôme Guéry. 

En termes d’organisation et de transport, il faut obligatoirement un bon management car nous venons parfois avec cinq chevaux et cela représente beaucoup de matériel”, raconte Pierre-Henry le Marhollec, heureux groom des partenaires de l’Irlandais Denis Lynch, qui s’est imposé lors d’un des Grands Prix CSI 5* organisés sur la côte d’Azur. Audrey Morandat, qui veille avec passion aux bons soins des chevaux du Français Simon Delestre, a, elle aussi, dû adapter ses trajets dans le Var. “J’ai effectué tous mes transports de nuit. C’est tellement plus confortable pour les chevaux! Ils ne sautent aucun repas, et, par forte chaleur, ils sont à la fraîche”, évoque la jeune femme.



“Nous avons organisé des barbecues et fait du jet-ski”, Sean Lynch

Pour mieux gérer toutes les questions relatives à l’organisation du concours, et notamment le transport, les grooms ont pu compter sur l’application développée pendant le confinement par Sean Lynch, “Grooms Go To”. “Il y a deux sorties d’autoroute pour accéder au terrain de concours. La première vous fait traverser les montagnes. J’ai emprunté ce chemin une fois, il y a six ans, en venant au Longines Global Champions Tour de Ramatuelle, et ce n’était vraiment pas rigolo”, se rappelle le Britannique. “De fait, l’autre sortie est bien plus agréable en camion. Comme je le savais à l’avance, j’ai utilisé mon application pour prévenir les autres grooms, grâce à une notification, en français et en anglais.” Excellente initiative.

Dans un cadre plutôt agréable, les soigneurs ont pu prendre leurs marques et s’attacher à un même endroit, ce qui si rare en Europe. “Les journées étaient bien remplies. Nous avions la motivation de tout finir assez vite pour partir à la plage”, relate Audrey Morandat. “Nous étions tous tôt aux écuries. J’étais généralement à cheval avant 7h et je montais tous mes chevaux à la suite pour avoir terminé vers 13h. Après, nous filions à la plage jusqu’à 17h.” Et Sean Lynch de confirmer : “Au début, avant que le coronavirus ne reprenne de l’ampleur, nous avons organisé de beaux dîners, des barbecues, et profité de la plage. C’était sympa. Nous avons même fait du jet-ski!

J’ai visité la ville un soir, mais je préfère rendre mes chevaux heureux plutôt que de jouer les touristes”, sourit Alessia Delaurenti, qui, comme beaucoup, a dû partager son temps entre cinq chevaux, presque chaque semaine. Selon la jeune Italienne, l’organisation du concours a été parfaitement optimisée pour les grooms, notamment grâce au personnel en charge des écuries. 

Bien que pouvant être lassant, le fait de venir de façon répétée au même endroit a porté ses fruits. “Nous en avons profité pour emmener des chevaux plus jeunes. Ceux qui sont un petit peu stressés ont beaucoup évolué. Venir au même endroit et sauter sur la même piste leur a permis de prendre leurs marques. Ils sont rassurés d’évoluer dans un environnement qu’ils connaissent”, constate Kirsty Pascoe.

Toujours aux petits soins pour ses chevaux, Sean Lynch a retrouvé son formidable Scuderia 1918 Tobago Z à son meilleur niveau à l’occasion de l’Hubside Jumping de Grimaud. © Sportfot



Une atmosphère inhabituelle

Alessia Delaurenti et ses chevaux n’ont pas manqué une seule semaine de compétition à l’Hubside Jumping.

Alessia Delaurenti et ses chevaux n’ont pas manqué une seule semaine de compétition à l’Hubside Jumping.

© Collection privée

Les réussites viennent atténuer, au moins un temps, la fatigue accumulée. “Le voyage depuis la Belgique est long. On doit faire une étape à Lyon, qui se trouve déjà à dix heures de route de la maison. Et ensuite, il nous reste six heures pour arriver ici”, développe Sean Lynch. “Pour moi, au bout d’un moment, venir toujours au même endroit devient un peu ennuyeux.” Les habitudes de ces femmes et hommes de l’ombre, habitués à parcourir l’Europe à longueur d’année, ont forcément été bousculées. “À force de rester tout le temps au même endroit, on finit par se lasser un peu. On ne retrouve pas le même engouement qu’au début de saison”, souligne Audrey Morandat. Même si certains aimeraient être nourris en CSI 4* comme en CSI 5* et si Audrey Morandat aimerait pouvoir disposer de points d’herbe pour faire brouter les chevaux et leur changer les idées”, tous les grooms saluent la très bonne organisation du concours.

Entre atmosphère bizarre, situation inédite et sédentarité, ils ont tenté de tirer le meilleur de leur été sur la côte d’Azur. Alors que l’Hubside Jumping touche à sa fin, une période de repos – plus ou moins longue – semble de nouveau se profiler à l’horizon. Entre l’annulation du CHI-W Longines de Lyon, et la saison indoor qui semble plus que compromise, grooms, chevaux et cavaliers pourraient bien vite regretter leurs allers-retours à Grimaud. Jusqu’à l’an prochain.