Le Trophée FFE du développement durable, prix éphémère ou véritable tremplin pour les clubs?

Depuis 2010, à travers son Trophée du développement durable, la Fédération française d’équitation récompense les meilleures initiatives de ses structures adhérentes en la matière. Organisé tous les deux ans, cette opération fait l’objet d’une remise des prix organisée lors du salon du Cheval de Paris. Plus que jamais dans l’air du temps, ce trophée porte-t-il vraiment ses fruits dans la durée au sein des clubs participants?



Depuis 2010, la Fédération française d’équitation (FFE) invite les établissements équestres à participer à la Semaine européenne du développement durable (SEDD), qui se tient habituellement la première semaine de juin, en proposant une action en faveur de la planète, qu’elle soit économique, sociale et/ou environnementale. À chaque édition, la FFE enregistrerait une quinzaine d’initiatives en lice pour les prix. “Le développement durable fait partie intégrante de la politique de la FFE. Les missions statutaires de la fédération précisent même qu’elle a pour objet d’intégrer les notions de développement durable et de protection de l’environnement dans l’ensemble de ses activités. On en retrouve également les fondements dans les missions historiques de ses composantes tourisme et poneys dès les années 1970”, explique la FFE. 

En 2020, la Semaine européenne du développement durable (SEDD) a été reportée au mois d’octobre par le ministère de la Transition écologique. Traditionnellement remis lors du Salon du Cheval de Paris, qui n’a pas pu se tenir l’an passé en raison de la crise sanitaire, le trophée a lui-même été annulé. En 2018, dernière édition en date, quatre centres équestres et associations de cavaliers avaient été récompensés pour leurs actions en faveur de l’environnement auprès de leurs cavaliers et du grand public. Contactés par GRANDPRIX, certains lauréats ont évoqué leurs initiatives en matière de développement durable, au-delà de celles mises en place pour l’obtention du trophée fédéral.

 C’est notamment le cas du Ranch des Baous, qui avait reçu en 2018 le prix de la meilleure action de sensibilisation. Ce centre équestre situé à Tourrettes-sur-Loup, dans les Alpes-Maritimes, avait organisé une journée de sensibilisation qui avait pris la forme d’une chasse au trésor sur le thème de la faune et la flore méditerranéennes, le tout sur un sentier balisé au cœur d’une zone Natura 2000, dont l’entretien et la sauvegarde sont contractuellement assurés par des communes ou associations. “De plus, nous avons mis en place un système de récupération de l’eau de pluie, tout notre crottin est recyclé, nous trions nos déchets et nous sommes actuellement en négociation avec le parc naturel régional des Préalpes d’Azur pour installer des panneaux informatifs sur notre propriété afin de sensibiliser à la protection de l’environnement même pendant les balades. Nous essayons aussi de nous associer à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et nous sommes allés jusqu’à placer tous nos terrains en réserve de chasse (zone où la chasse est interdite, dans l’intérêt de la conservation générale du gibier et de la faune, ndlr)”, explique Anne Condesse, copropriétaire du centre.



“Une reconnaissance d’une dynamique au sein des clubs”

Pour sa part, le Poney club d’Orléans avait reçu une récompense pour la meilleure initiative pédagogique en mettant en place un jeu de piste autour du thème du développement durable à l’occasion de la Fête du poney, dans le cadre de la Semaine européenne du développement durable. L’objectif de la structure du Loiret était de promouvoir de bonnes pratiques auprès des cavaliers du club et du public venu découvrir l’équitation. “Nous avons mis en place une dizaine de choses en rapport avec le développement durable: le tri sélectif et le priorité au circuit court pour la paille, que nous nous fournissons dans un rayon de dix kilomètres. Nous continuons d’utiliser le châtaignier pour nos lisses, qui vient des forêts de Sologne et qui est transformé par une entreprise locale. Nous avons complètement informatisé la partie administrative du club pour des raisons sanitaires et la limitation des déchets papiers. Le seul mauvais point, si l’on peut dire, est le départ à la retraite de notre jument Boulonnaise, qui tirait notre attelage pour herser les carrières. Pour l’instant, nous n’avons pas pu la remplacer à cause de la crise sanitaire, qui a considérablement réduit notre activité, mais comptons retrouver un cheval de trait.” 

En 2018 toujours, le Centre équestre albigeois, dans le Tarn, s’était vu remettre le prix de l’exemplarité pour avoir organisé une journée dédiée à l’ouverture et à l’aménagement sur son site d’un sentier de biodiversité. Cavaliers, bénévoles du centre équestre et de maisons de quartier, salariés et équipes de la municipalité d’Albi, très investie en la matière, avaient alors débroussaillé, refait et mis en œuvre des clôtures, mais aussi installé des panneaux indicatifs pour guider les promeneurs quant à la faune et la flore présentes sur le site. Grâce à la participation d’un stagiaire en BTS protection de l’environnement et de la LPO du Tarn, ces panneaux indicatifs ont été alimentés par l’inventaire de la biodiversité. “Depuis, nous ne cessons de développer ce sentier avec la mairie. Cette année, nous créons une mare de récupération des eaux de pluie afin de disposer d’un point d’eau permanent pour la faune et la flore. Nous avons également un collectif ‘Des crinières et des aides’ qui place nos chevaux retraités dans des familles d’accueil et qui les accompagne jusqu’à la fin de leur vie”, décrit Isabelle Boisson. 

Quatrième lauréat de 2018, l’association des Cavaliers du Véron, en Indre-et-Loire, avait quant à elle reçu le prix de la meilleure démarche économique, sociale et solidaire pour avoir organisé une journée Trucs et trocs, permettant aux participants d’échanger du matériel d’équitation d’occasion entre eux. S’ajoutait à cette journée des ateliers de recyclage et de valorisation d’objets, le tout sans échange d’argent, y compris pour la restauration sur place.

 Sur ces quatre lauréats, les trois contactés par GRANDPRIX ont mis en avant l’opportunité créée par le Trophée, qui leur a permis de mettre en place une première initiative pour le développement durable. Celui-ci a ensuite été le catalyseur d’une multiplication des actions, renforçant petit à petit l’engagement de ces clubs pour l’écologie et la biodiversité. Isabelle Boisson, présidente du Centre équestre albigeois, envisage même une nouvelle participation au trophée. “J’y réfléchis car je trouve l’initiative très constructive et pour moi, c’est aussi une reconnaissance d’une dynamique au sein des clubs qui mérite d’être valorisée. Et c’est l’occasion de mettre en place d’autres projets et de les présenter. Selon moi, c’est une initiative honorable”, conclut-elle.