Pierre Arnould suspendu vingt mois pour utilisation frauduleuse d’un tampon vétérinaire

La tribunal de la Fédération équestre internationale (FEI) a suspendu Pierre Arnould pour une durée de vingt mois, qui court depuis le 2 octobre 2020. Dans un jugement rendu hier, le Belge, entraîneur et ancien cavalier d’endurance, quatre fois sélectionné aux championnats du monde et autant de fois aux Européens, a été reconnu coupable de “falsifications de données de vaccination et d’informations médicales dans les passeports FEI de plusieurs chevaux”. Il a également été condamné à une amende de 5 000 francs suisses et à une contribution aux frais de justice de 7 000 francs suisses, soit environ 10834 euros.



L’an passé, la FEI a saisi son tribunal, “à la suite d’informations reçues selon lesquelles le prévenu aurait falsifié les passeports FEI de plusieurs chevaux, en utilisant un ancien tampon précédemment employé par le Dr Wijnendaele, lorsque celui-ci pratiquait en Belgique. Le tampon a été utilisé pour faire croire que le Dr Wijnendaele avait vacciné des chevaux alors qu’il ne l’avait en fait pas fait.” Peter Wijnendaele, de nationalité belge, est vétérinaire officiel 4* et vétérinaire traitant d’endurance 3*, selon les hiérarchies en vigueur à la FEI. Il a été enregistré comme vétérinaire en Belgique jusqu’en septembre 2005, date à laquelle il a déménagé à l’étranger pour pratiquer et n’aurait plus exercé dans son pays depuis cette date. En avril 2020, le Dr Wijnendaele aurait découvert “que le passeport FEI d’un cheval belge portait son nom et son cachet professionnel, et que celui-ci avait été appliqué à une date ultérieure de plusieurs années à son départ de Belgique. Il s’est renseigné plus avant et a découvert d’autres exemples d’apposition de son ancien tampon sur des passeports FEI. Il a signalé cela à la FEI. […] Il s’agit de chevaux ayant été entraînés par le prévenu et placé sous sa garde, dans ses écuries en Belgique, au moment des vaccinations. Les vaccinations ont toutes été validées par le même cachet, portant le nom et l’ancienne adresse du Dr Wijnendaele.” 

Pour sa part, Pierre Arnould a déclaré qu’il avait reçu le tampon vétérinaire du Dr Wijnendaele de sa main, ce qu’ont confirmé plusieurs témoins, et qu’il l’avait utilisé à plusieurs reprises, mais avec son autorisation. “Le prévenu a témoigné que l’utilisation de tampons vétérinaires de la manière qu’il avait admise était monnaie courante dans le monde des sports équestres (ce que corroborent d’autres vétérinaires sondés par GRANDPRIX, ndlr) et ne pouvait être considérée comme une tentative d’obtenir un avantage injuste. Il a témoigné que non seulement il avait toujours la permission du Dr Wijnendaele d’utiliser son tampon, mais que lorsqu’il l’utilisait, le cheval était dûment vacciné, et que le tampon a été employé pour des raisons de commodité ou en cas d’urgence, et non frauduleusement”, est-il encore écrit dans le jugement.



“L’arbitraire règne toujours en maître...”, Pierre Arnould

Pour sa part, la FEI “a soutenu que la conduite du prévenu était très grave, relevant de la gamme des sanctions les plus élevées parce qu’il avait enfreint plusieurs articles importants du règlement général de la FEI, que son comportement impliquait de mauvais traitements à l’encontre de chevaux et était manifestement frauduleux. De plus, les positions haut placées du prévenu dans le monde du sport s’accompagnent d’attentes élevées en termes de professionnalisme. Il devrait agir comme un modèle pour les autres parties prenantes du sport. Au contraire, il a fait preuve d’un mépris total des règlements de la FEI”, lit-on encore.

Jusqu’au 1er juin 2022, le sélectionneur national de l’équipe belge, organisateur de nombreuses compétitions, dont deux éditions des championnats d’Europe, administrateur de l’Alliance des organisateurs, n’est donc plus autorisé à “participer ou assister, à quelque titre que ce soit, y compris en tant que spectateur, à toute compétition ou événement approuvé ou organisé par la FEI ou une fédération nationale”. En novembre dernier, lors de l’assemblée générale de la FEI, sa suspension provisoire l’avait déjà empêché de se présenter au poste de président du comité technique d’endurance, dont il avait été membre de fin 2011 à juin 2014. À cette époque, il avait été évincé sous l’impulsion… d’Ingmar de Vos, son compatriote, actuel président de la FEI, dont il était alors secrétaire général. “Je prends acte de cette décision, qui me laisse penser que rien ne change au sein de cette organisation, où l’arbitraire règne toujours en maître. Ce jugement me semble injuste, et je réfléchis à l’opportunité de le contester en appel devant le Tribunal arbitral du sport”, a réagi cet après-midi le Wallon de soixante et un ans, ancien codirecteur du directeur du centre équestre européen de Mont-le-Soie.

Le jugement est disponible en intégralité ici