“J’ai à cœur de pérenniser et d’aider le Jumping de Bourg-en-Bresse”, Julien Gonin
Installé à Saint-Martin-du-Mont, à une vingtaine de kilomètres au Sud-Est de la préfecture de l’Ain, Julien Gonin est particulièrement attaché au Jumping international de Bourg-en-Bresse. Sacré meilleur cavalier de l’édition 2021 du concours, il a accepté de parler de ses montures actuelles et de ses ambitions, mais aussi de son engagement au sein de l’organisation du CSI 4* bressan.
Ce week-end (entretien réalisé le samedi 22 mai), vous avez terminé deuxième des épreuves destinées aux chevaux de sept ans par deux fois en selle sur Epona de Ponthual (SF, Lux Z x Le Tot de Semilly), qui remportait déjà le Grand Prix Top 7 de Vichy mi-avril. Quels sont vos objectifs avec elle ?
Nous avons acheté Epona à l’âge de cinq ans, et elle appartient à mon épouse (Jeanne Gonin Ducousset, ndlr). C’est une vraie jument de concours ! Elle a déjà pris part au Grand Prix CSIYH 2 * à 1,45m en deux manches réservé aux chevaux de sept ans à Vilamoura, qui est considéré comme la finale européenne des sept ans et où elle a signé deux parcours sans faute (pour terminer à la septième place de l’épreuve, ndlr). Au début, l’idée était plutôt de la faire évoluer puis de la vendre, mais au vu de sa qualité et de son potentiel, nous allons pour l’instant la conserver pour le sport.
Vous avez également présenté un autre cheval de sept ans, Eup And Go du Lavoir (SF, Vigo d’Arsouilles x Quick Star), dans le CSIYH réservé aux chevaux de sept ans. Quels sont vos ambitions avec lui ?
Ce cheval était auparavant monté par Enzo Chiarotto, qui l’a formé à cinq et six ans. Il a été castré en fin d’année dernière, est arrivé chez moi fin janvier et s’est mis en route tranquillement après sa castration. Il a moins de métier et est moins prêt qu’Epona, sans compter que nous nous connaissons moins bien, mais c’est un fantastique petit cheval qui a toutes les qualités requises pour devenir très bon. Il appartient à l’élevage du Lavoir, dont les propriétaires souhaitent qu'il participe à la promotion de leur entreprise ; ils veulent être remarqués par le biais d’un cheval qui va disputer des épreuves d’un très bon niveau. Ils ont beaucoup de chevaux, mais peu évoluent à haut niveau en France, même si je monte aussi Vipper du Lavoir (SF, Castronom Z x Ahorn) qui est très bon. Epona et Eup And Go sont donc tous les deux sous ma selle dans le but de faire du grand sport.
Avez-vous d’autres jeunes chevaux prometteurs dans vos écuries ?
Oui, j’ai notamment Estrella de la Batia (SF, Diamant de Semilly x Lando), que je n’ai pas pu emmener ici car je ne pouvais engager que deux chevaux de sept ans. Elle a remporté le Concours interrégional (CIR) des six ans à Cluny l’année passée et fait énormément de sans-faute.
Jeudi, vous avez remporté l’épreuve à 1,40m du CSI 4* avec Caprice de Guinfard (SF, Mylord Carthago x Socrate de Chivre), qui s’est classé à plusieurs reprises jusqu'à 1,50m cette saison, à seulement neuf ans, après avoir disputé sa première compétition à cette hauteur en septembre à Grimaud. Vous attendiez-vous à ce qu’il soit performant aussi rapidement à ce niveau ?
J’ai acheté ce cheval le même jour qu’Epona, il y a deux ans. À cette époque, j’avais vendu des chevaux et il fallait que j’en rachète. Il a été repéré par Guillaume Lemardeley, que je connais depuis très longtemps et qui est ami avec Pierre-Jean Jolly, le propriétaire de Caprice. Il m’a dit “écoute, ce cheval, il est pour toi, et tu vas faire du haut niveau avec lui″, et il a eu raison ! Au début, j’ai eu Caprice à l’essai et il était très difficile, donc j’avais dit à Pierre-Jean qu’il ne m’intéressait pas. Ce dernier a alors été très sympathique et m’a mis à l’aise en me proposant de faire quelque chose à deux. J’ai donc eu le cheval à l’essai durant six semaines, mais à la fin de cette période, je n’en étais toujours pas amoureux et je ne voyais pas en lui ce potentiel-là. Nous avons alors énormément travaillé mais une année après, ce n’était toujours pas ça. C’est par la suite qu’il a eu un déclic et est devenu facile et en accord avec moi.
Avec ce cheval et Valou du Lys (SF, Calvaro Z x Galoubet A), vous avez désormais deux chevaux réguliers en épreuves à 1,50m. Avez-vous pour objectif de réintégrer l’équipe de France pour participer à des échéances importantes avec eux ?
Oui. J’ai beaucoup de bons résultats avec Valou, et en ce qui concerne Caprice, il est déjà bien aimé par le staff fédéral. Pourquoi pas disputer des Coupes des nations donc, mais avant cela je fais mon programme à moi. La semaine prochaine, j’irai à Canteleu, puis à La Baule (du 10 au 13 juin, ndlr), et les chevaux concourront ensuite à Chantilly et à Dinard.
"Remporter le challenge Jacques Robert, c'était beaucoup d'émotion pour moi"
En 2017 et 2018, vous avez réalisé de nombreuses performances aux rênes d’Une Etoile Landaise (SF, Balougran x Socrate de Chivre). Quel sentiment vous procure le fait de la voir s’illustrer désormais sous la selle d’Eden Leprevost Blin-Lebreton, avec qui elle a récemment terminé à la deuxième place d’un Grand Prix CSI 2* à Grimaud ?
C’est formidable ! J’avais cette jument en même temps que Soleil de Cornu CH (CH, Qredo de Paulstra x Le Tot de Semilly) (qui avait notamment pris la onzième place du mythique Grand Prix CSIO 5* de Calgary en 2017, ndlr) et lorsque j’ai vendu Soleil, j’ai décidé de recommencer avec un lot complet de nouveaux chevaux. À cette époque, Michel Robert n’avait plus trop de chevaux et je trouvais que la jument lui correspondait bien. Elle a donc rejoint ses écuries, mais leur association n’a pas fonctionné aussi bien que je le pensais. Pénélope (Leprévost, ndlr) cherchait une jument pour sa fille, c’est donc comme ça qu’Une Etoile l’a rejointe et c’est fantastique car elles réalisent de très belles performances ensemble !
Vous occupez la fonction de conseiller technique au sein de l’organisation du Jumping international de Bourg-en-Bresse. En quoi ce rôle consiste-t-il ?
Au départ, le jumping a été mis en place et tenu durant de nombreuses années par Martine et Jacques Robert, dont je suis très proche car nous n’habitions pas loin les uns des autres, et nous nous entendions très bien. Malheureusement, Jacques est décédé il y a deux ans, et j’ai donc à cœur désormais de pérenniser et d’aider ce concours. Ma femme fait maintenant également partie de l’organisation, pour laquelle elle travaille beaucoup plus que moi, mais j’essaye d’aider au mieux en fonction de mon planning. Le but est que le concours continue en proposant une compétition de la meilleure qualité possible. Ce n’est pas facile, au vu de la conjoncture et notamment des épidémies de Covid-19 et de rhinopneumonie, mais nous essayons de nous accrocher, avec toute l'équipe du Jumping.
Les victoires remportées ici doivent avoir une saveur particulière pour vous, étant donné votre engagement et votre attachement à ce concours …
Une victoire est une victoire, mais il est vrai que remporter le challenge Jacques Robert (qui récompensait le meilleur formateur de jeunes chevaux sur l’ensemble du concours, ndlr), c’était beaucoup d’émotion pour moi. Quand sa femme, Martine, est venue me remettre le trophée, les larmes n’étaient pas loin !