“Je me sens beaucoup moins petit que par le passé”, Olivier Robert
Vendredi après-midi, après une décevante neuvième place dans la Coupe des nations Longines de La Baule et “une journée de merde” pour le clan français, Thierry Pomel a expliqué y voir un peu plus clair pour sa sélection pour les Jeux olympiques de Tokyo concernant trois couples. Le sélectionneur des Bleus a également confié en chercher un quatrième pour le périple asiatique. Sélectionné dans l’épreuve par équipes bauloise, où son Vivaldi des Meneaux a écopé de huit et quatre points pour sa première apparition dans une épreuve de ce format, Olivier Robert ne pense pourtant pas au Japon. L’Aquitain préfère en effet se tourner vers les championnats d’Europe, qui se tiendront dans les installations de Ludger Beerbaum à Riesenbeck du 31 août au 5 septembre. Sans détour, le quadragénaire dresse le bilan d’une Coupe des nations attendue et tire des enseignements de cette expérience.
Quand avez-vous été sollicité pour participer à la Coupe des nations Longines de La Baule et dans quel esprit aviez-vous accepté cette sélection ?
Pour Vivaldi et moi, les choses ont beaucoup changé lorsque nous avons appris que la France ne pourrait pas présenter d’équipe au CSIO 5* de Saint-Gall (à la suite des annulations des Coupes des nations d’Hickstead, Dublin et Falsterbo, chaque équipe nationale a dû faire une croix sur une étape du circuit, ndlr), où nous devions être sélectionnés. Je pense que j’ai été contacté lorsque Kevin a eu un tracas à Rome (où Viking d’la Rousserie s’est blessé, ce qui l’empêche de concourir pendant plusieurs semaines et donc de prétendre à une sélection olympique, ndlr). À la suite de cela, on m’a demandé de changer de programme car j’étais supposé aller à Sopot après Saint-Gall. Thierry Pomel m’a donc demandé de prendre part à la Coupe des nations de La Baule. L’idée était de tenter d’y remporter la Coupe des nations. Sur le papier, nous avions une superbe équipe compte tenu des performances récentes des quatre chevaux. Les choses se sont plutôt mal goupillées dès le départ avec le parcours de Pénélope et le mien (tous deux ont été pénalisés de huit points en première manche, ndlr). Nous n’avons pas mis les deux couples suivants (Mathieu Billot sur Quel Filou 13 et Nicolas Delmotte associé à Urvoso du Roch, ndlr) dans de bons rails mais ils ont tout de même fait de très bons parcours. C’est une après-midi de sport à oublier, et malheureusement, cela a eu lieu chez nous, en France. C’est ainsi…
Le parcours avait l’air plutôt relevé. Qu’en avez-vous pensé ?
Je ne suis pas suffisamment spécialiste des Coupes des nations, mais d’après ceux qui en font régulièrement, le parcours n’était pas particulièrement relevé, ce qui n’est pas très reluisant pour nous. Il y a notamment eu beaucoup de parcours sans faute en première manche. Nous ne pouvons pas nous cacher derrière le fait que c’était trop difficile. À nous quatre, nous avons fait huit fautes dans ce fichu double numéro douze, le dernier obstacle de l’épreuve. Nous ne pouvons pas parler de malchance lorsque nous voyons des scores pareils dans une combinaison.
Était-il prévu que vous ne preniez pas part au Grand Prix ?
Oui, il était prévu que je n’y participe pas car je devais aller à Sopot la semaine suivante. J’ai fait le choix de prendre part à une petite épreuve jeudi pour préparer la Coupe des nations et donc de ne pas engager la qualificative. Je me barrais ainsi la route au Grand Prix, même si j’avais voulu le courir. L’objectif pour Vivaldi et moi était la Coupe des nations.
“2021 sera une grande année, je n’en doute pas”
Thierry Pomel doit constituer deux équipes : l’une pour les Jeux olympiques de Tokyo et l’autre pour les championnats d’Europe de Riesenbeck. Avec la blessure de Viking d’la Rousserie, une Coupe des nations de La Baule difficile, mais heureusement de très belles prestations dans le Grand Prix, la situation ne semble pas aisée…
Je ne crois pas que la situation soit délicate car nous voyons trois couples qui sortent du lot et qui sont solides avec Mathieu, Nicolas et Pénélope. Nous avons une superbe équipe de titulaires. Il reste deux mois et demi pour arriver aux championnats d’Europe. J’ai regardé tout le Grand Prix à la télévision dimanche et j’ai vu des couples français exceptionnels. Je ne suis donc pas véritablement inquiet à ce sujet. La France peut compter sur des cavaliers performants, qui remportent des Grands Prix CSI 5*, avec Nicolas Delmotte en chef de file. Malgré une petite faute dimanche, Vancouver de Lanlore saute magnifiquement depuis deux ou trois mois. Le cheval de Simon (Berlux Z, fautif à une reprise dans le Grand Prix de La Baule, ndlr) revient bien. Je ne veux pas faire d’état des lieux, mais entre ce que j’ai vu à La Baule et les concours de Valkenswaard et Rome, je trouve la situation moins délicate qu’il y a trois mois. Je pense que les choses vont vraiment dans le bon sens. Si nous n’étions pas archis favoris il y a quelques semaines, les données sont bien différentes désormais. La machine se met en route. La façon dont les calendriers ont été gérés malgré les innombrables inconnues nous met plus en valeur que prévu. Les chevaux sont montés en puissance lors des six derniers mois et je trouve que cela sent bon pour l’été des Français.
À l’issue de la Coupe des nations de La Baule, Thierry Pomel a expliqué qu’il cherchait un quatrième couple pour compléter l’équipe pour les Jeux olympiques. Êtes-vous candidat ?
Thierry Pomel a indiqué à plusieurs reprises qu’il n’emmènerait aux Jeux olympiques que des cavaliers disposant d’expérience en championnat, ce qui n’est pas mon cas. Je reste donc sur mon discours initial, que j’avais après Doha. Évidemment, la victoire dans le Grand Prix de Madrid m’avait fait imaginer un peu autre chose. Jusqu’à l’abord du dernier double de la Coupe des nations, nous étions peut-être encore dans les clous, mais j’ai raté ma chance vendredi après-midi. Cela ne veut pas dire que l’objectif initial n’est plus atteignable. La ligne de conduite que Thierry Pomel m’avait donnée en décembre à Vejer de la Frontera, où Vivaldi avait excellé, était de me préparer pour les championnats d’Europe. C’est ce que nous allons continuer avec le programme que j’ai en tête. J’ai la chance de faire partie d’une équipe de la Global Champions League et de pouvoir faire mûrir Vivaldi. Je n’ai rien à lui reprocher, car les fautes sur le dernier double à La Baule sont pour moi. J’ai mal analysé, car je pensais avoir sept foulées pour lui, qui a une amplitude importante. C’est une très mauvaise appréciation de ma part. Lors du deuxième tour, il a d’ailleurs dominé son sujet. J’ai des regrets d’avoir raté cette Coupe des nations. Il n’y a pas de drame, le plus important est que les trois chevaux en lice pour les Jeux olympiques soient en super forme. Il s’agissait de notre première Coupe des nations, un format qui devrait lui convenir car il a sauté trois parcours en une après-midi à Doha et Madrid, où il avait répondu très favorablement. Il est en excellente forme pour réussir un très bel été et nos yeux sont dorénavant rivés sur l’Allemagne. Si ce n’est pas pour les championnats d’Europe, nous aurons peut-être une chance pour les CSIO 5* de Calgary ou Aix-la-Chapelle. Nous avons plein de compétitions fabuleuses à venir. Il pourrait aussi il y avoir les étapes du Global de Miami et New York en septembre, deux destinations de rêve. 2021 sera une grande année, je n’en doute pas.
Quel sera votre plan pour les semaines à venir ?
Vivaldi va concourir au Longines Paris Eiffel Jumping. Avec sa propriétaire Valérie Cougouille, nous aimons donner trois week-end de pause à Vivaldi entre chaque compétition. Il arrive à douze ans sans avoir eu la moindre blessure dans sa carrière. Quinze jours après Paris, il y a Chantilly, mais nous ne respecterions pas le plan que nous avons tenu jusqu’à présent. Je laisserai donc peut-être passer Chantilly ou Grimaud pour lui donner deux semaines off pour ensuite peut-être concourir à Dinard, où je n’ai jamais eu la chance d’aller. Il s’agirait d’une belle opportunité car j’ai un cheval qui pourrait être un beau gagnant de ces épreuves. Nous y allons avec beaucoup de fierté et d’envie d’en découdre.
En bref, on peut baisser la tête et faire profil bas d’une faute technique sur le dernier obstacle de la Coupe, mais je ne remets rien en question concernant le couple que je forme avec Vivaldi et nos qualités. J’ai une confiance énorme en mon cheval, ce qu’il réalise est extraordinaire à mes yeux. Nous allons travailler encore pour devenir meilleurs, mais je me sens beaucoup moins petit que par le passé. Aucun commentaire entendu depuis vendredi ne me fera douter.