“J’ai toujours voulu être un athlète, mais j’étais trop petit pour le football américain ou le basket”, Kent Farrington

Il fait partie de ces sportifs dont la détermination et l’envie de gagner transpirent. Juste avant qu’il ne reconnaisse le parcours du Grand Prix CSI 5* de l’Hubside Jumping de Grimaud, qu’il a brillamment remporté avec l’exceptionnelle Gazelle, Kent Farrington a pris quelques minutes pour répondre aux questions de GRANDPRIX. Avec décontraction et assurance, derrière ses lunettes noires empêchant de distinguer l’azur de ses yeux, le numéro cinq mondial a évoqué le nouveau format qui sera en place à Tokyo, son piquet de chevaux, ses séances d’entrainement physique, ainsi que son entrée dans la quarantaine. Médaillé d'argent par équipes aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016 avec Voyeur, il espère bien sûr être du voyage au Japon avec Gazelle, au sein d'une équipe américaine ô combien fournie. 



L'Américain place notamment des espoirs en Orafina, une prometteuse jument de neuf ans.

L'Américain place notamment des espoirs en Orafina, une prometteuse jument de neuf ans.

© Sportfot

Quand êtes-vous arrivé en Europe, avec combien de chevaux et jusqu’à quand comptez-vous rester ? 

Je suis arrivé ici avant le CSIO 5* de Rome, il y a trois semaines. Après Grimaud, j’aurai une semaine de pause puis je me rendrai au CSI 5* de Windsor. À la suite de cela, je verrai ce que je fais. Je suis venu avec trois chevaux : Gazelle, Creedance, et une plus jeune jument appelée Orafina. 

Pouvez-vous nous en dire plus à propos d’Orafina, une fille de For Fashion de neuf ans, qui était auparavant montée par les Néerlandais Kevin Jochems et Sanne Thijssen ? 

Je la monte depuis environ un an. Elle est relativement inexpérimentée à ce niveau car elle n’avait couru que des épreuves à 1,35m avant que je ne la récupère. Elle a rapidement progressé, en seulement un ou deux concours internationaux. Elle est extrêmement respectueuse, mais avec ce genre de chevaux, on ne sait jamais vraiment jusqu’où ils pourront aller. Je crois toutefois qu’elle a un certain talent. 

Votre objectif cette année est-il de prendre part aux Jeux olympiques ? 

Si je suis sélectionné, j’irai oui. Gazelle nous dira si elle est prête ou non, nous verrons lors des prochains concours. Elle va très bien, et à ce stade de sa carrière, je veux prendre la meilleure décision pour elle. 

Si l’on compare à d’autres nations, les États-Unis comptent de nombreux couples sélectionnables en vue des Jeux olympiques de Tokyo. Comment vous placez-vous face à cette concurrence ? 

Je pense que cela est inhérent au fait de monter pour un pays fort. De nombreux pays européens tout aussi forts sont dans le même cas. C’est à la fois un avantage et un désavantage, car lorsque nous faisons partie de l’équipe, nous savons que nous pouvons prétendre à une médaille. En revanche, il est très difficile d’intégrer cette équipe. 

Que pensez-vous du nouveau format olympique, qui ne permettra qu’à trois cavaliers par nation de s’élancer ? 

Je n’y suis pas favorable. Nous verrons comment cela va se dérouler. Je pense que tous les hommes de chevaux sont inquiets, mais c’est ainsi, donc nous essaierons d’en tirer le meilleur parti. 

Comment se porte Austria 2, lauréate surprise de la finale du Top 10 IJRC à Genève en 2019 ? 

C’est une super petite jument, que j’ai récupérée chez mes voisins de Wellington, en Floride (la belle brune lui avait tapé dans l’œil alors qu’il se promenait le long d’un canal, ndlr). Elle est une excellente compétitrice, une véritable gagnante. Elle a obtenu de bons résultats dans quelques Grands Prix cette année (dont une victoire et une troisième place dans des Grands Prix CSI 3* à Wellington, ndlr). J’adore la monter ! Je ne l’ai pas amenée ici car j’ai prévu de rentrer aux États-Unis après ces quelques compétitions et qu’elle devrait concourir dans des concours d’envergure plus tard dans l’année aux États-Unis. Espérons que de plus en plus de concours d’événements pourront revenir au calendrier. Je ne voulais pas utiliser tous mes chevaux en même temps afin que certains soient en forme pour l’automne outre-Atlantique. 



“Je veux pouvoir décider d’arrêter quand j’en aurai assez de ce sport”

En dehors de l’équitation, vous vous entrainez beaucoup physiquement. Quel est votre programme ?

Je m’entraine environ cinq fois par semaine depuis que je suis enfant. J’avais peut-être dix ans lorsque j’ai commencé. J’ai toujours fait beaucoup d’entrainement physique, et par le passé, j’ai pratiqué les arts martiaux et la gymnastique. J’ai toujours voulu être un athlète, mais j’étais trop petit pour jouer au football américain ou au basket. J’aime les animaux et c’est pourquoi je suis ici aujourd’hui ! 

Que cela vous apporte-t-il dans la pratique de l’équitation ? 

Je ne sais pas si cela m’apporte quelque chose, mais en tout cas, cela ne me fait pas de mal. Je pense qu’il s’agit d’un véritable plus sur le plan mental. Cela m’aide à me sentir mieux et à avoir l’esprit apaisé pour pratiquer mon sport. Au-delà de l’aspect physique, il s’agit d’un atout pour m’aider à rester concentré. 

Les vidéos des entrainements que vous publiez sur les réseaux sociaux sont très impressionnantes. Donnez-vous des conseils à vos confrères cavaliers ? 

Je donne bien volontiers des conseils à tous ceux qui m’en demandent. Quelques-uns me sollicitent parfois, mais je crois qu’ils se moquent un peu de moi (rires). Le sport que je fais demande beaucoup de pratique et il se trouve que cela s’adapte plutôt bien à ma corpulence. 


Restée aux États-Unis, Austria 2 prendra le relai cet automne. © Scoopdyga

 

L’an passé, vous avez soufflé votre quarantième bougie. Cela a-t-il changé quelque chose ? 

[Il rit] Non, pas vraiment. Je crois que le plus important est la façon dont vous vous sentez. Je pense que notre sport est vraiment unique, il suffit de voir Michel Robert qui continue de monter et que l’on voit ici à Grimaud (à soixante-douze ans, ndlr), ou encore la médaille de Nick Skelton aux Jeux olympiques (sur Big Star, le Britannique a décroché l’or en 2016 à l’âge de cinquante-huit ans, ndlr). Cela est propre à notre sport et c’est aussi en partie pour cela que j’essaie de rester au top de ma condition physique. Je veux pouvoir décider d’arrêter quand j’en aurai assez de ce sport. En attendant, je veux conserver le meilleur tonus possible.

Serez-vous donc toujours sur les pistes de concours à soixante-douze ans ? 

Non, je ne pense pas que je concourrai aussi longtemps. Ce ne sera pas moi. Mais je ne veux pas être contraint de m’arrêter car je n’ai pas suffisamment pris soin de moi. Je ne veux pas trop spéculer sur le futur, je verrai jusqu’où je vais. 

 


La réaction de Kent Farrington après sa victoire dans le Grand Prix CSI 5* de l’Hubside Jumping de Grimaud est à retrouver ici : “Face à Julien, j’ai tout donné”


Ci-dessous, le parcours d'Orafina dans une épreuve à 1,45m le 17 juin à l'Hubside Jumping de Grimaud.