L’Allemagne encore et toujours sur le toit de l’Europe

Troisième hier après les reprises de Dorothee Schneider et Helen Langehanenberg, l’équipe d’Allemagne a rétabli l’ordre aujourd’hui aux championnats d’Europe Longines de Hagen, en s’adjugeant l’or par équipes à domicile. La nation hôte a pu compter sur les passages des couples numéros deux et un mondiaux, Isabell Werth aux rênes de Weihegold OLD et Jessica von Bredow-Werndl en selle sur TSF Dalera BB, pour reprendre l’avantage et remporter une vingt-cinquième médaille collective depuis la création de l’échéance continentale en 1965. Six semaines après l’or olympique, les Allemandes sont à nouveau au sommet, sur le toit de l’Europe cette fois ! En tête hier, la Grande-Bretagne se pare finalement d’argent, devant le Danemark en bronze. La France termine ces championnats au neuvième rang.



L'Allemagne, comme une évidence...

L'Allemagne, comme une évidence...

© Liz Gregg/FEI

Avec la Grande-Bretagne en tête par équipes au premier soir des championnats d’Europe Longines à Hagen, en Allemagne, tandis que la nation hôte, championne olympique il y a six semaines à Tokyo, pointait au troisième rang provisoire, on aurait pu s’attendre à un petit coup de tonnerre sur la planète dressage. Il n’en fut finalement rien, l’équipe germanique rétablissant l’ordre sans pitié pour conserver son titre collectif européen, qu’elle avait déjà acquis à Göteborg en 2017 et Rotterdam en 2019. Il s’agit de la vingt-cinquième breloque dorée récoltée par l’Allemagne depuis 1965 et la création de l’échéance continentale (rappelons cependant qu’entre 1965 et 1989, il s’agissait de l’Allemagne de l’Ouest). Cela en fait en toute logique, et de loin, la nation la plus titrée de ce championnat. Seuls les Pays-Bas, en 2007, 2009 et 2015, et la Grande-Bretagne, en 2011, ont réussi à déloger les Germaniques de leur trône doré. Dix ans plus tard, les sujets de Sa Majesté n’ont pas réussi à réitérer leur exploit, bien qu’ils s’en soient fortement approchés.



Jessica von Bredow-Werndl et TSF Dalera BB enfoncent le clou pour l’Allemagne

La Grande-Bretagne s'adjuge l'argent.

La Grande-Bretagne s'adjuge l'argent.

© Liz Gregg/FEI

Jessica von Bredow-Werndl et TSF Dalera BB, nouvelles coqueluches du dressage mondial, doublement au sommet de l’olympe à Tokyo, en tête du classement FEI depuis le début du mois, ont tenu leur rang. Auteurs d’une magnifique reprise, pleine de fluidité et de maîtrise, les deux complices ont été les seules à franchir la barre des 80% lors de ce Grand Prix, avec une moyenne de 84,099% accordé par le jury présidé par la juge tricolore Isabelle Judet. Une performance par ailleurs chaudement applaudie par le public présent. “Nous avons une très très bonne équipe”, s’est réjouie en conférence de presse l’amazone. “Dalera était en confiance aujourd’hui, et elle l’a fait.” De quoi garantir l’or à l’Allemagne, après les 74,984 obtenus par Dorothee Schneider sur Faustus – qui s’est dit ravie en conférence de presse de pouvoir compter sur le hongre de treize ans pour épauler son Showtime FRH, bien qu’il doive encore gagner en confiance à ce niveau – et les 73,960% crédités à la prestation d’Helen Langehanenberg et Annabelle hier. Un peu plus tôt, Isabell Werth avait bien entamé le travail en terminant avec 79,860% avec sa Weihegold OLD, soit la deuxième meilleure note de l’épreuve. La reprise du couple, triple vainqueur de la finale de la Coupe du monde entre 2017 et 2019 et triple médaillé d’or aux Européens de Göteborg il y a cinq ans, a été marquée par une faute lors des changements de pied aux deux temps. “J’ai pris du plaisir avec Weihegold. Elle était concentrée, au contrôle pendant la reprise. Nous ne voulions pas commettre d’erreurs, mais il y en a eu une lors des changements de pied aux deux temps. Je reste satisfaite, même si j’espérais quelques points en plus. Au final, nous avons gagné la médaille d’or, donc je suis très contente”, a confié la multi médaillée germanique.

En tête hier grâce à Charlotte Fry avec Everdale (77,671%, finalement cinquième) et Gareth Hughes sur Sintano van hof Olympia (74,394% et le quatorzième rang), la Grande-Bretagne a laissé filer l’or pour s’octroyer l’argent, après avoir ravi le bronze à Tokyo lors des Jeux. Premier Britannique en piste aujourd’hui, Carl Hestre, en selle sur En Vogue, a commis des fautes lors de la première transition piaffer-passage, puis dans les changements de pied au temps. Des erreurs qui ont empêché le duo de remporter plus de 74,845%. La tâche était lourde pour Charlotte Dujardin et son jeune Gio – dont GRANDPRIX vient de publier le portrait. Avec 79,829%, le talentueux alezan n’a pas démérité, bien que fautant lui aussi dans les changements de pied aux deux temps et au galop rassemblé, effectuant un petit écart dans l’un des coins. Lors de la conférence de presse, questionné si après le bronze et l’argent, la Grande-Bretagne remporterait l’or, Carl Hester a lancé avec humour qu’“hier, nous étions en or ! Malheureusement, la compétition dure deux jours… Mais nous sommes très contents du résultat. Nous sommes reconnaissants de pouvoir compter sur nos chevaux qui ont participé aux Jeux de Tokyo, qui sont frais et capables d’aussi bien performer.”

Bien lancé hier par Charlotte Heering et Nanna Skodborg Merrald, respectivement associées à Bufranco (70,699%) et Atterupgaards Orthilia (75,078), le Danemark est passé à un cheveu de l’argent - 1,18 point exactement – mais doit finalement se contenter du bronze. Daniel Bachmann Andersen, en selle sur Marshall-Bell, a montré tout le potentiel du hongre de neuf ans en quittant la piste avec 76,366%. Un résultat plus que prometteur pour le duo, qui effectuait seulement sa quatrième apparition internationale. Locomotive du dressage danois, Cathrine Dufour et Bohemian n’ont cette fois pas dépassé les 80%, mais s’en sont approchés avec 79,720%. On notera que le couple numéro trois mondial a perdu des points sur le zig-zag au galop puis sur la pirouette à gauche, le sensible l’alezan brûlé commettant un gros écart à la fin de cette dernière.

La quatrième place est pour les Suédois, grâce à deux reprises à plus de 76% signées par Therese Nilshagen et Juliette Ramel, respectivement aux rênes de Dante Weltino OLD et Buriel KH, tandis que le cinquième rang revient aux Pays-Bas, dont les quatre représentants sont tous sortis de piste avec des notes comprises entre 72% et 74,5%.

Seulement treizièmes lors de la précédente échéance continentale, à Rotterdam, en 2019, les Finlandais ont pris le sixième rang final cette après-midi. Hier, Mikaela Soratie avec Hot Casanova (70,016%) et Emma Kanerva sur Greek Air (71,304%) avaient déjà effectué un bon travail pour leur équipe. Si Stella Hagelstam n’a pas réussi à obtenir plus de 69,006%, en selle sur Sangraal, Henri Ruoste a fait oublier sa contre-performance aux Jeux de Tokyo avec Kontestro DB. L’énergique hongre de onze ans, dont la carrière avait débuté sur les terrains de saut d’obstacles, a démontré une fois encore toutes les qualités de son passage en obtenant de nombreux 9 de la part des juges, bien qu’il reste encore un peu fébrile lors du piaffer. Qualifiés pour le Spécial, Mikaela Soratie, Emma Kanerva et Henri Ruoste feront assurément partie des cavaliers à suivre demain.

Privé de médaille à Tokyo, le Danemark prend le bronze !

Privé de médaille à Tokyo, le Danemark prend le bronze !

© Liz Gregg/FEI



La France prend le neuvième rang

Morgan Barbançon-Mestre et Sir Donnerhall II OLD seront les seuls représentants français demain dans le Spécial.

Morgan Barbançon-Mestre et Sir Donnerhall II OLD seront les seuls représentants français demain dans le Spécial.

© PSV

Au terme de ces deux premiers jours de compétition, l’équipe tricolore composée de Morgan Barbançon-Mestre sur Sir Donnerhall II OLD, Marie-Émilie Bretenoux avec Quartz of Jazz, Maxime Collard et Cupido PB et Alexandre Ayache aux rênes de Zo What s’est adjugé le neuvième rang.

Associé à son fils de Scandic âgé de dix-sept ans, Alexandre Ayache a commis deux grosses fautes, lors du premier piaffer et des changements de pieds aux deux temps. Une prestation qui n’a pas été à la hauteur des qualités de l’alezan, qui montre un état de forme ascendant après une légère blessure survenue en mai dernier. “Sans aucun doute, Zo What est bien mieux physiquement qu’à Tokyo. Il est complètement remis et a montré qu’il a un excellent état de forme. J’ai démarré mon piaffer un peu tôt et j’ai voulu rattraper la lettre, donc j’ai avancé et il a cru qu’il fallait sortir du mouvement, ce qu’il a fait. Concernant les changements de pied aux deux temps, il a un tout petit peu regardé la tribune. Au lieu de le laisser tranquille, j’ai poussé… Ces deux fautes me reviennent, il n’y a pas d’excuse”, explique le Niçois en toute sincérité. “Ce n’est pas acceptables ici, à ce niveau-là. J’en suis plus que désolée et le plus triste est que la France est pénalisée. On ne vient pas pour soi en championnat, mais pour les autres. Cela me rend fou, car les juges étaient prêts à mettre des points. Sur nos trois fautes, deux sont sur des mouvements à double coefficient ; la même reprise sans serait évaluée à plus de 72%. C’est extrêmement frustrant et je m’en veux beaucoup. Il n’y a pas de coupable à chercher, je suis le seul coupable.” (lire sa réaction complète ici) Avec 68,354% et la quarante-cinquième place de l’épreuve, la compétition s’arrête ici pour le couple, ainsi que pour Marie-Émilie Bretenoux et Maxime Collard, qui ont présenté leurs reprises hier avec respectivement Quartz of Jazz (68,665%, quarantième place) et Cupido PB (65,326% et le cinquante-neuvième rang).

Morgan Barbançon-Mestre est la seule Française à s’être qualifiée pour le Grand Prix Spécial, qui se tiendra demain pour les trente meilleurs couples. L’amazone, qui s’entraîne en Suisse, a présenté une reprise sans grosse faute avec Sir Donnerhall II OLD. Le duo, crédité de 71,941%, est vingt-cinquième de l’épreuve. “Je suis très contente. Nous avons retrouvé une reprise sans faute. Par contre, l’échauffement a été un peu trop long, cela aurait été mieux avec cinq ou sept minutes de moins. Nous aurions pu déjà rentrer en piste, il était prêt ! J’ai un peu sous-estimé la chaleur. Nous n’avons pas commis de grosse faute. La pirouette au galop à gauche était un peu trop grande, le reculé pas parfait, le pas pas exceptionnel. Il était un peu derrière pour les changements de pied aux deux temps, donc ils n’ont pas été aussi bien qu’ils auraient pu l’être”, a-t-elle réagi en sortie de piste (lire sa réaction en intégralité ici).

Trente couples sont donc attendus demain à 17h pour le Grand Prix Spécial, où douze nations seront représentées. La bataille s’annonce rude, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et le Danemark ayant tous leurs quatre couples qualifiés, tandis qu’ils seront trois à représenter la Suède, les Pays-Bas et la Finlande. Deux représentants espagnols sont attendus, de même que deux Autrichiens. Mention spéciale à Estelle Wettstein, qualifiée avec Quaterboy, qui dispute son premier grand championnat après la décision de l’Helvète de laisser au repos son olympique West Side Story OLD, ainsi qu’à Anikó Losonczy, meilleure représentante hongroise et qui a signé aujourd’hui, et de loin, son meilleur résultat sur ce test avec Dior S (70,047%).

Le classement par équipes ici
Les résultats du Grand Prix ici