L’organisme de sélection du Selle Français à la conquête de l’esprit collectif des éleveurs

Depuis 2018, le Stud-book Selle Français est reconnu comme organisme de sélection. Si ce statut lui confère de nouvelles responsabilités, il revêt une importance bien plus grande : replacer les acteurs de la filière au cœur des débats. Entre règlement zootechnique européen à respecter et élargissement de ses compétences, le SF mène un véritable travail de l’ombre pour soutenir ses adhérents et poursuivre le développement de la race.



Un organisme de sélection (OS) est défini comme “une association d’éleveurs ou une organisation d’élevage, agréée par l’autorité compétente d’un État, membre de l’Union européenne, conformément au règlement zootechnique européen, dans le but de réaliser un programme de sélection avec des reproducteurs de race, inscrits dans le livre généalogique qu’il tient”, rappelle en préambule Pascal Cadiou, président du Stud-book Selle Français depuis 2014. Pour que l’entité obtienne une réponse favorable à sa demande d’agrément en 2018, il a fallu répondre à un certain nombre d’obligations, juridiques et factuelles. “Nous avons notamment donné des précisions sur le programme de sélection, qui est à la base du règlement zootechnique”, reprend-t-il. “Ces dernières portaient sur la population et le public concernés, les caractéristiques de la race, le système d’identification des reproducteurs, des produits germinaux et de tous les individus de la population destinés au sport et au loisir, la constitution du ou des registres généalogiques, les objectifs de la sélection, l’évaluation génétique et le contrôle de performances, la reproduction, les activités déléguées à des tiers, la possibilité de délivrer des certificats zootechniques ainsi que les mesures de préservation de la race.”

Pour son programme de sélection qui, par définition, assure “la conservation et l’amélioration des caractéristiques phénotypiques et génotypiques souhaitées pour une population donnée”, le Stud-book Selle Français a établi un certain nombre de grands critères. Ces derniers ont évolué au cours du temps pour s’adapter aux contraintes et besoins d’une clientèle toujours renouvelée, mais surtout pour maintenir les spécificités propres à la race. “Historiquement, les grands critères de sélection du Selle Français étaient l’aptitude à concourir dans les trois disciplines olympiques – le concours complet, le dressage et le saut d’obstacles –, le morphotype, la conformation, adaptée à chaque discipline, et la locomotion, dont ont découlé les traditionnels concours de modèle et allures”, précise Pascal Cadiou. “Nous avons ensuite inclus des données de comportement, de commodité d’utilisation et de santé. Les bilans ostéo-articulaires ont également fait leur apparition chez les reproducteurs mâles, tout comme les conseils aux éleveurs.”



Une histoire primordiale

Publié en 2016 et abrogeant toutes les directives prises depuis 1977, le règlement zootechnique européen a considérablement élargi les responsabilités des organismes de sélection. “Il a pour objectif de simplifier et d’harmoniser les règles qui étaient en vigueur pour chaque espèce. Il participe à la réalisation du marché unique, c’est-à-dire la libre circulation des reproducteurs et de leur patrimoine génétique, ainsi que des services au sein de l’Union européenne”, précise le président du Stud-book Selle Français, qui a planché sur le sujet dès sa prise de fonction. “Les enjeux pour la France sont d’améliorer la compétitivité génétique animale française, préserver les ressources zoogénétiques, maintenir un système collectif mutualisé ainsi qu’une gestion raciale cohérente et efficace, et contribuer au développement des acteurs français à une génétique européenne reconnue mondialement.”

Soumis à de nouvelles directives et mesures, le Stud-book Selle Français est entré dans une nouvelle ère. Ainsi, il est intéressant de se pencher sur l’évolution de la race pour mieux comprendre les nouveaux enjeux auxquels elle fait face. Après avoir vu le jour en 1958, l’appellation Selle Français grandit progressivement à travers les années et ce n’est qu’en 1976 que les premiers produits sont formellement inscrits dans le livre de race, avant que ne soit créée l’Association nationale Selle Français (ANSF) en 1995. Longtemps, le Stud-book a été assisté dans sa direction. “Nous avons eu la chance d’avoir les Haras nationaux qui ont porté à bout de bras un projet qui n’était pas inscrit dans le marbre au démarrage, et la malchance qu’ils nous aient confisqué le fait d’apprendre à gérer tous ces dispositifs de sélections pendant des décennies”, résume Pascal Cadiou.

Désormais, il appartient aux éleveurs et adhérents du Stud-book Selle Français de devenir acteurs de leur avenir, en s’impliquant dans les instances qui les entourent. Cela prévaut d’ailleurs sur de nombreux points, et notamment au sujet de la Politique agricole commune (PAC). Les efforts engagés par la filière équine devraient porter leurs fruits et voir quelques injustices être réparées dès 2023. Si une prime à la jument allaitante ne pourra être mise en place, le montant des aides sera proportionnel aux qualités environnementales et au bien-être animal développés par les exploitants. Les régions pourraient aussi débloquer des budgets pour la filière. Surtout, les structures équestres disposant d’infrastructures comme des manèges, des carrières et autres supports d’entraînements ne seront plus exclues de la PAC 2023-2027 comme cela avait été le cas en 2015. “Il faut que les gens, les éleveurs, les structures, les exploitations se renseignent de leur côté, surtout ceux qui avaient été exclus”, insiste le président du Stud-book Selle Français, soucieux des intérêts de ses adhérents. “Il y aura une ouverture importante pour nombre d’entre eux.”