Retour sur la première victoire américaine du Top Ten Rolex IJRC, signée par Kent Farrington et Voyeur en 2015

Aujourd’hui à Genève, le Top Ten Rolex fêtera ses vingt ans… et sa vingtième édition! Cette compétition est née à Palexpo à l’initiative du Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles et des organisateurs du CHI de Genève, partageant la même passion pour le très grand sport. Pour offrir une première victoire aux États-Unis, qui de mieux que Kent Farrington ? La fusée américaine a décroché son premier succès dans le Top Ten en 2015, avec Voyeur, avant de récidiver quatre ans plus tard, en compagnie d’Austria 2.



Kent Farrington soulève le trophée promis au meilleur cavalier du Top Ten.

Kent Farrington soulève le trophée promis au meilleur cavalier du Top Ten.

© Scoopdyga

Les États-Unis d’Amérique n’auraient guère pu rêver meilleur représentant que Kent Farrington pour leur offrir leur premier titre dans la finale du Top Ten Rolex, en 2015. Rarement pris à défaut lorsqu’il s’agit d’aller vite, l’athlète, mordu de sports en tous genres, a une nouvelle fois démontré toute sa maestria, devant le public passionné de Palexpo. Mais avant de lever les bras, trophée en mains, Kent a dû se défaire de neuf concurrents et deux parcours, jamais pensés au rabais. 

Dessiné par Gérard Lachat et Luc Musette, le parcours initial de la finale de 2015 a vu huit des dix couples arracher un premier sans-faute. Plus que d’un tracé trop simple, cela relève surtout d’un plateau d’exception. Ouvreuse de l’épreuve, pour son premier Top Ten, la Portugaise Luciana Diniz concède deux fautes sur sa brillante Fit For Fun 13. Son ancien partenaire, l’étalon Chaman, sort, lui, de piste avec quatre points au compteur, sous la selle de l’Allemand Ludger Beerbaum. Toujours un peu facétieux sur les obstacles d’eau, l’étalon bai a été battu sur l’avant dernière difficulté de ce premier tour, un oxer sur bidet. Le résultat est plus encourageant pour son compatriote Christian Ahlmann, qui efface toutes les difficultés avec Codex One. Déjà sacré en 2012, le cavalier du haras Zangersheide entend bien accrocher un deuxième titre à son palmarès. En forme, Simon Delestre offre à la France l’espoir de remporter un deuxième titre, après celui obtenu par Michel Robert en 2008. Malgré un gros sursis sur le parcours, le Lorrain et son bondissant Hermès*Ryan des Hayettes sont bien engagés pour la victoire.

La jeunesse et la fougue de l’Irlandais Bertram Allen, remarqué depuis un an et demi et ses victoires dans les Grands Prix 5* de Lummen, Dublin, Vérone, en 2014, et Dinard, quelques mois plus tôt, paye. Avec Molly Malone V, le jeune prodige entre dans la cour des grands et rejoint Christian et Simon dans le rang des sans-faute. Pas de problème pour l’Allemand Daniel Deusser, primé en 2013 dans cette finale mondiale. Pour l’occasion, le géant des écuries Stephex mise sur First Class van Eeckleghem, qui l’accompagnera, l’année suivante, aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro. Derrière, le Belge Grégory Wathelet, faisant lui aussi figure de petit nouveau, signe le parcours parfait avec Algorythem, complice habituel de la Norvégienne Marie Valdar Longem. Dessinant un tracé au millimètre, Pénélope Leprevost imite son compatriote Simon avec la crack Flora de Mariposa. Pour conclure la première manche, l’Écossais Scott Brash, tenant du titre et tout juste auteur d’un inouï Rolex Grand Chelem après avoir triomphé dans les trois Majeurs de Genève, Aix-la-Chapelle et Calgary, ainsi que l’Américain Kent Farrington, survolent toutes les difficultés avec leurs respectifs Hello Sanctos (ex Sanctos van het Gravenhof) et Voyeur. 



Kent, rapide comme l’éclair

Peut-être encore davantage que lors des précédentes éditions, la seconde manche aux allures de barrage du Top Ten devient un véritable juge de paix pour tous les couples. Les huit paires comptant encore un score vierge de toute pénalité sont autant de candidats potentiels à la victoire. De retour avec son agile alezane, Luciana corrige ses deux erreurs de l’acte initial et ouvre la voie aux clear rounds. Ludger ne parvient pas à copier sa consœur avec Chaman et alourdit son score de quatre points supplémentaires pour terminer dixième, juste derrière Luciana. 

Bien décidé à s’offrir une nouvelle couronne, après celle acquise en 2012, Christian prend des risques avec Codex One. Serrant ses virages au cordeau, comme il en a l’habitude, le Germanique bute en fin de parcours et laisse échapper une faute. Son bon tempo lui permettra toutefois d’accrocher une quatrième place. Dans un train d’enfer, Kent enchaîne les bons sauts sur un Voyeur des grands soirs. Tous deux enflamment la piste et coupent la ligne d’arrivée en 37”54. Sensationnel. Emporté dans le tourbillon de Palexpo, Grégory pèche et fait rouler deux barres à terre. Pour sa première participation au Top Ten, le Belge s’incline et occupe le huitième rang. 

La France peut alors rêver de voir la bannière tricolore flotter en haut de l’affiche. Simon et Ryan peuvent tout à fait prétendre à la victoire. Après avoir terminé en bronze aux Européens d’Aix-la-Chapelle trois mois et demi plus tôt, et remporté le Grand Prix Coupe du monde de Vérone, les deux complices donnent tout. Avec un nouveau sans-faute convaincant, la paire confirme sa saison exceptionnelle et accroche une belle deuxième place en 38”97. Pénélope aimerait bien rejoindre son compatriote en haut du podium, voire vaincre la fusée Kent Farrington. Mais les rêves de la Normande sont coupés courts, après une faute de Flora sur l’entrée de double. Presque insolent de facilité, Kent Farrington est résolu à attendre, depuis le bord de piste, le passage des derniers concurrents. Si Daniel déroule une nouvelle démonstration avec son fantastique alezan, le jeune Bertram flanche et achève sa finale en septième position. Il ne deviendra pas le plus jeune cavalier à s’imposer dans cette épreuve. Seul Scott Brash peut alors ravir la victoire. L’Écossais, tenant du titre, et encore et toujours numéro un mondial après une nouvelle saison étincelante, faiblit sur l’oxer sur bidet, qui anéantit tous ses espoirs de triomphe. Le verdict est sans appel : Kent Farrington est l’homme du soir.

J'ai réalisé une deuxième manche incroyable”, réagit le numéro deux mondial dans La Tribune de Genève. Cette épreuve est géniale, mais je peux vous dire qu'il est très inconfortable de voir passer après vous tous ces gars qui sont capables de vous battre.” Pourtant, rares sont ceux qui parviennent à aller plus vite que Kent Farrington. Son précieux Voyeur, médaillé de bronze par équipe l’année précédente, aux JEM de Caen, puis en argent avec le Stars and Stripes un an plus tard, aux Jeux olympiques de Rio, achèvera d’ailleurs sa carrière en décembre 2017, avec une nouvelle victoire sur la piste de Palexpo, cette fois dans le Prix du Crédit Suisse.

Revivez en images la première victoire de Kent Farrington dans le Top Ten Rolex IJRC de Genève.



Rebelote en 2019

Kent Farrington et Austria 2 sur la piste de Palexpo en 2019.

Kent Farrington et Austria 2 sur la piste de Palexpo en 2019.

© Scoopdyga

Revoilà Kent Farrington en 2019. Après une nouvelle parade lumineuse - chaque cavalier défilant sous un halo de lumière sous les yeux des tribunes comble de Palexpo -, l’Américain s’est offert un nouveau titre dans le Top Ten. Avec Austria 2, que l’on n’attendait franchement pas là, Kent, invité de dernière minute après les forfaits de ses compatriotes Beezie Madden et McLain Ward, s’est livré à une nouvelle démonstration de vitesse, d’agilité et de maîtrise.

Bien qu’auteur d’un sans-faute en première manche, rien ne laisse vraiment présager qu’il s’offrira son deuxième Top Ten. Et pour cause. Sa jument, Austria 2, une fille du formidable Casall, l’a rejoint seulement six mois auparavant. Si elle a déjà montré de belles choses en Grand Prix 5*, l’agile brune est vite éclipsée par les stars que son déjà Alamo, partenaire de Steve Guerdat et tenant du titre, H&M All In de Vinck, vice-champion du monde et olympique en titre et complice du Suédois Peder Fredricson, Killer Queen VDM Z, la reine tueuse de l’Allemand Daniel Deusser, ou encore l’exceptionnelle Tovek’s Mary Lou, brillante jument du Suédois Henrik von Eckermann. Si Peder passe au travers de la première manche après un surprenant parcours, qu’Henrik concède un inhabituel refus, et que le Belge Pieter Devos en laisse treize en route avec Apart dans l’acte initial, trois sans-faute émergent. Kent, d’abord, l’Irlandais Darragh Kenny ensuite, qui prend part à son premier Top Ten avec Romeo 88, et, bien-sûr, le chouchou du public, Steve. Christian Ahlmann, habitué de la compétition, sort de piste avec un point sur Clintrexo Z. La victoire semble impossible, mais une place sur le podium reste jouable. Daniel et le Suisse Martin Fuchs commettent, eux, une faute avec Killer Queen et Silver Shine, tandis que le Britannique Ben Maher renverse deux obstacles sur le puissant F One USA.

En deuxième manche, les clear rounds se font moins rares. Outre les deux Suédois, out pour ce deuxième tour, Pieter, huitième, et Ben, septième, redressent la barre. Une faute s’ajoute au compteur de Martin, qui a pris beaucoup de risques avec son beau gris pommelé et achève sa finale en sixième position. Même sanction pour son compatriote et ami, Steve, qui le précède d’un rang. Juste avant la prestation du Jurassien, Christian s’était assuré une place sur la troisième marche du podium avec un parcours parfait, et Daniel, lui, avait pris tous les risques avec Killer Queen, impeccable mais sanctionnée de quatre points en première manche. La victoire allait donc se jouer entre deux chevaux relativement peu connus : Austria 2 et Roméo 88. Darragh assure un peu trop avec son plaisant bai, qui coupe la ligne d’arrivée en 42”54. “Je suis un peu déçu car mon cheval a très bien sauté et que le temps accordé, c’est mon job”, regrettera-t-il en sortie de piste. Kent a alors la voie libre. À toute vitesse, la fusée californienne efface chaque obstacle comme si de rien n’était. À l’arrivée, le verdict est sans appel : l’Américain remporte son deuxième Top Ten, grâce à un chrono canon de 40”32. Brillant. 

Cette épreuve était vraiment fantastique, montrant le meilleur de notre sport, et je suis d’autant plus heureux de l’avoir remportée une deuxième fois. La première manche était franchement massive, ce qui explique pourquoi il n’y a eu que trois sans-faute. Ma jument et moi avons dû nous employer. Ensuite, j’ai pu profiter de sa vitesse en seconde manche”, confiera l’heureux lauréat.Comme vous le savez, je suis petit, plus petit que la plupart de mes concurrents. Du coup, je peux choisir de petits chevaux qui ont beaucoup de sang, comme Austria. Cela m’a beaucoup aidé depuis le début de ma carrière, particulièrement en indoor, où ces montures sont très maniables et ne perdent pas de temps au sol. Ce sont d’incroyables athlètes et de super sauteurs. Bref, ce sont les chevaux que j’aime. L’histoire d’Austria est assez drôle. Elle appartient à mes plus proches voisins en Floride. Je l’ai découverte l’an passé et elle m’a séduit. Je leur ai demandé de me la confier en guise de cadeau de Noël. Elle n’est arrivée qu’en avril et j’ai pris le temps de la construire un peu et elle me rend déjà très heureux!



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