Robin Le Squeren éclot avant même le printemps

Robin Le Squeren est l’un de ces cavaliers dont la réussite équestre est le fruit d’une rencontre capitale. “J’ai croisé la route de Marie et Frédéric Busquet lorsque j’avais douze ans. Je montais alors un cheval de seize ans, que je connaissais par cœur”, rembobine Robin Le Squeren. “C’est une histoire assez sympathique”, s’attendrit son mentor, Frédéric Busquet, ancien cavalier de saut d’obstacles ayant concouru jusqu’en CSI et CSIO 5*, notamment avec Plume de la Roque (SF, Kannan x Adelfos). “J’étais installé à La Baule. Robin montait dans un centre équestre voisin. Nous nous sommes rencontrés alors que ses parents cherchaient quelqu’un pour l’entraîner. Rapidement, ses parents sont devenus des amis. De fait, c’est avant tout une histoire d’amitié. Depuis tout petit, Robin a toujours pratiqué l’équitation à nos côtés. Marie et moi nous sommes beaucoup attachés à lui, et inversement.”

Robin Le Squeren a d’abord fait ses preuves en concours nationaux et internationaux Amateurs, Enfants, puis Juniors et Jeunes Cavaliers. Au cours de son cursus de formation, il a œuvré en apprentissage chez la famille Busquet, qui l’a conservé en tant que salarié au sein des écuries d’Ellipse, situées à Malville, situées à trente kilomètres au nord-ouest de Nantes. “Tout cela s’est fait naturellement. Robin a toujours été mordu d’équitation. Et lorsque qu’il nous suivait en concours, il avait déjà l’âme d’un gagnant. Il prenait beaucoup de risque. D’ailleurs, nous avons dû l’encadrer à ce sujet.” S’il est difficile de déterminer dès le plus jeune âge le potentiel d’un cavalier, le jeune garçon faisait donc preuve d’une grande détermination.

Passionné par la formation des jeunes chevaux, Robin a naturellement pris le relais de son mentor en la matière lorsque celui-ci concourait à haut niveau, entre 2011 et 2015. Depuis 2019, Frédéric Busquet, aujourd’hui âgé de cinquante-sept ans, a transmis le flambeau de la compétition à son ancien élève. “Robin a pris la relève. C’est en partie pour cela que j’ai un peu précipité ma retraite sportive. Ce n’est pas vraiment une retraite puisque je prends beaucoup de plaisir à l’encadrer. Je me charge d’investir dans des chevaux puis de les revendre. Robin forme les chevaux et me transmet ses informations. C’est lui qui essaie les chevaux donc nous achetons ceux qui lui plaisent. Un vrai climat de confiance s’est instauré, et tout fonctionne bien, ce qui nous permet de nous diversifier. Ainsi, nous avons acheté une exploitation agricole et nous produisons des engrais biologiques. J’ai arrêté de monter assez tôt parce que je pensais que j’étais plus utile dans ce rôle et qu’aider Robin à concourir à haut niveau m’intéressait autant. Il le mérite vraiment, c’est une suite logique. Il en est de même pour ma fille (Jeanne), âgée de treize ans”, et qui débute à 1,10m.

“Nous avons beaucoup d’espoirs en Robin et Dorado”, Frédéric Busquet

Discret et réservé, Robin Le Squeren continue à se perfectionner, s’entraînant sous les regards avisés de son mentor, de Jean-Maurice Bonneau, ancien sélectionneur des équipes de France et du Brésil, et de Jean-Jacques Boisson, ancien maître-écuyer du Cadre noir de Saumon ayant participé aux Jeux olympiques de 1992 à Barcelone en concours complet. S’il a pris l’habitude de voir partir les chevaux qu’il forme, il devrait pouvoir conserver quelque temps encore Dorado de Riverland (SF, Untouchable M x Argentinus), âgé de neuf ans. “Nous le gardons un peu à nos côtés pour le sport. Je ne sais pas si Robin aura la chance de croiser d’autres chevaux comme lui. Ils forment un couple formidable”, s’enthousiasme Frédéric. Après une première année de formation sous la selle d’Éléonore Barreteau, Robin a révélé au grand jour le potentiel du hongre, sacré champion de France des cinq ans à Fontainebleau, puis septième de la finale nationale des six ans, et troisième du championnat des sept ans.

Très régulièrement classé à 1,40m et 1,45m la saison passée, le couple a entamé l’année 2022 tambour battant. En effet, à l’occasion de la quatrième semaine de compétition du Vilamoura Atlantic Tour, au Portugal, le trentenaire et le Selle Français se sont classés deuxièmes de leur premier Grand Prix CSI 3*. “J’étais assez confiant quant aux capacités de Dorado, mais il est encore jeune et en formation à ce niveau-là. Déjà très performant dans l’épreuve majeure de l’avant-veille, se classant déjà deuxième, il a été super dans ce Grand Prix. Il est naturellement rapide, mais nous aurions pu gagner du temps en enlevant deux ou trois foulées dans un demi-tour, mais je voulais assurer ce demi-tour”, raconte le pilote, saluant l’esprit de fraternité qui s’est créé naturellement à Vilamoura entre les Français, qui dominent largement les débats cette année dans l’Algarve. “Ce couple suscite beaucoup d’espoirs en nous. Sur le plan technique, ils se sont baladés à Vilamoura”,  ajoute Frédéric Busquet, joint par GRANDPRIX la semaine passée. Semaine qui s’est achevée par… la victoire de la paire dans le nouveau Grand Prix CSI 3* disputé dans le sud du Portugal. Une belle récompense le jour du trente-deuxième anniversaire du pilote.

“Cette année, j’aimerais disputer une Coupe des nations en CSIO 3*”, Robin Le Squeren

Avec son cheval de tête, le Ligérien aspire à confirmer au niveau 3* et décrocher une sélection dans une Coupe des nations du circuit Longines de la Fédération équestre européenne. “Pour cela, il va falloir réussir de bonnes performances”, dit-il. “J’espère qu’il aura cette chance”, ajoute son mentor. Le cavalier avait déjà concouru en CSI 3* en 2016 et 2017 avec Tokyo d’Ellipse (SF, Kashmir van Schuttershof x Double Espoir), exporté aux États-Unis, sans rencontrer autant de succès. Réalisant sa chance d’avoir croisé la route du talentueux gris, il croit beaucoup en ce partenaire. Inspiré par Nicolas Delmotte, modèle dont il admire le parcours, le classicisme et l’esprit de compétition, mais aussi par la rage de vaincre de Patrice Delaveau, il a aussi apprécié voir Kevin Staut répéter ses gammes avec de jeunes chevaux sur les carrière de Vilamoura. Au terme d’un premier stage fédéral, Henk Nooren, nouveau sélectionneur national, a calé avec Robin un programme de préparation au Master Pro, qui se déroulera fin avril à Fontainebleau. Ainsi, on devrait revoir Dorado au Grand National d’Auvers puis au CSI 2* prévu début avril au Pôle européen du cheval, à Yvré-l’Évêque.

Pour assurer l’avenir des écuries d’Ellipse, Frédéric Busquet a investi dans plusieurs chevaux, que Robin présente sans rechigner. “Antigua de Nantuel (SF, Untouchable M x Apache d’Adriers) est une très performante jument de douze ans, avec laquelle je me suis aguerri en CSI 3*. Comme elle commence un peu à vieillir, nous l’engageons dans des épreuves à 1,40m et 1,45m, où elle se montre très compétitive. Je sais que je peux toujours compter sur elle et qu’elle me donne tout ce qu’elle peut. Né aux écuries d’Ellipse, FBI d’Ellipse (SF, Vagabond de la Pomme x Kannan) fait partie des bons chevaux de sept ans que je monte cette saison. Je pense qu’il a le potentiel pour sauter de belles épreuves. Je crois beaucoup en lui. J’ai également deux autres chevaux de sept ans: Firsty de Riverland (SF, frère utérin de Dorado par I’m Special de Muze) qui a beaucoup de potentiel, et Faustine de Kerglenn (SF, Mylord Carthago x Cassini II), petite-fille de Shana de Kerglenn, issue de l’une des meilleures souches françaises, que nous avons achetée l’été dernier. En copropriété avec l’élevage de Riverland, nous avons aussi Flamme de Riverland (SF, Kannan x Quincy). Elle a de très bons moyens et beaucoup d’énergie donc elle est encore en formation, mais je pense qu’elle sautera de belles épreuves. C’est une sœur utérine de Bentley de Riverland (alias Oak Grove’s Laith, SF, Carembar de Muze), qui concourt en CSI 5* avec Abdel Saïd.”

À moyen ou long terme, le trentenaire n’aspire-t-il pas à s’installer à son compte dans ses propres écuries? “Aujourd’hui, mon système n’est pas parfait, j’en ai conscience, mais il me convient, et me permet de progresser. Je remercie Marie et Frédéric pour cela. Nous avançons ensemble, et j’ai toujours plus de chevaux à fort potentiel. De plus, je profite de très bonnes conditions de travail. M’installer à mon compte me semble compliqué, compte tenu des investissements financiers nécessaires. Le moment arrivera peut-être un jour mais je n’en suis pas convaincu actuellement. En revanche, je pense de plus en plus à m’associer avec Frédéric et Marie dans la structure”, conclut le Tricolore.