Après douze ans de disette, la France célèbre son vingtième triomphe romain à Piazza di Siena

Douze ans après son dernier succès sur la place de Sienne, la France a remporté la mythique Coupe des nations du CSIO 5* de Rome pour la vingtième fois, cet après-midi en Italie. Associés à Cayman Jolly Jumper, Excalibur dela Tour Vidal*GFE, Cassius Clay VDV et Visconti du Telman, Simon Delestre, Pénélope Leprevost, Roger-Yves Bost et Kevin Staut ont été le seul collectif à boucler les deux manches avec un score vierge. Les Bleus se sont imposés devant la Belgique, pénalisée de quatre points, tandis que et les Pays-Bas et les États-Unis, départagés au temps dans cet ordre, ont fini avec un score de huit.



Roger-Yves Bost et Cassius Clay VDV.

Roger-Yves Bost et Cassius Clay VDV.

© Sportfot

On prend les mêmes et on remet le couvert douze ans après? Non, n’exagérons rien, mais lors de la précédente victoire de la France dans la Coupe des nations de Rome, le 28 mai 2010, le podium protocolaire avait déjà accueilli Pénélope Leprevost, qui avait alors signé un double sans-faute magistral avec son inséparable Mylord Carthago, et Kevin Staut, crédité d’un parcours à quatre points puis d’un tour impeccable avec son indissociable Silvana. Ce n’est pas tout. Si Laurent Élias était alors le chef d’équipe des Bleus, il travaillait déjà en binôme avec un certain… Henk Nooren, alors entraîneur et aujourd’hui sélectionneur. Ce jour-là, Simon Delestre n’était pas sur la photo, mais il était bien présent à Rome, où l’on concourait sur du sable, en tant que réserviste. Et lui avait déjà pris part à la victoire tricolore de 2006 avec Inédite de Balme, aux côtés de Stephan Lafouge, Pierre Jarry et Jean-Marc Nicolas, associés aux brillants Gabelou des Ores, Haxelle Dampierre et Modesto. “Seize ans après, quel bonheur de regagner cette épreuve! C’était magnifique, tout s’est aligné et l’équipe a été incroyable”, a déclaré le Lorrain.

Quant à Roger-Yves Bost, qui concourait ce jour-là dans un National à Jouy-en-Josas, il a été sacré pour la première fois aujourd’hui dans cette épreuve mythique, ce qui n’est pas pour déplaire au grand fan de sport qu’il sera toujours. “J’avais terminé au moins trois ou quatre fois deuxième, mais je n’avais encore jamais gagné cette Coupe, donc je suis très content. Ce fut une très belle journée.” Peut-être l’hypermnésique Bosty se souvient-il que le 28 mai 2010, c’est Patrice Delaveau, compère avec lequel il écrit l’histoire du jumping depuis quarante ans, et Nicolas Delmotte, issu de la même génération que Pénélope et Kevin, qui avaient complété le quatuor tricolore, signant chacun un sans-faute sur les inoubliables Katchina Mail et Luccianno. Cette année-là, les Bleus avaient gagné coup sur coup à La Baule, Rome et Saint-Gall, avant de décrocher l’argent aux Jeux équestres mondiaux de Lexington, grâce à Pénélope, Kevin, Patrice et Olivier Guillon, en selle sur Lord de Theizé.

En douze ans, le casting n’a donc pas tant changé, bien que l’eau ait coulé sous les ponts du Tibre. Et surtout, depuis l’édition 1978, qui avait mis fin à une disette de vingt-neuf ans, jamais le Coq n’avait eu à patienter si longtemps avant de rechanter sur la place de Sienne, cette sublimissime et indémodable Piazza di Siena qui a donné son nom à l’Officiel d’Italie. Aujourd’hui, la France a gagné rien de moins que sa vingtième victoire dans les jardins de la Villa Borghèse. Une victoire impeccable, puisque les Bleus ont été les seuls à conclure les deux manches de cette Coupe avec un score vierge. Classe. Saluons les doubles sans-faute de Simon Delestre, Roger-Yves Bost et Kevin Staut, réussis avec le bouillonnant et terriblement efficace Cayman Jolly Jumper, le très aérien Cassius Clay VDV et la généreuse et puissante Visconti du Telman. Saluons aussi les deux parcours à quatre points de Pénélope Leprevost et l’athlétique Excalibur dela Tour Vidal*GFE, concédés sur l’oxer 3, qui précédait la rivière, puis sur le vertical 10.

Simon Delestre et Cayman Jolly Jumper.

Simon Delestre et Cayman Jolly Jumper.

© Sportfot



L’Espagne, dindon de la farce réglementaire

Pour la France, ce triomphe romain fut aussi une revanche sur la Belgique, victorieuse devant elle il y a trois semaines à La Baule. Sans la faute concédée en première manche par Jérôme Guéry et le métronome Quel Homme de Hus sur le dernier obstacle, un gros oxer sur bidet, les Diables Rouges auraient fait jeu égal avec les Bleus, et l’on aurait dû en passer par un barrage. Mentionnons le très probant double sans-faute de Nicola Philippaerts avec Katanga van het Dingeshof et les très beaux clear rounds de Jérôme ainsi que de Pieter Clemens et Grégory Wathelet sur Akarad Hero et Nevados S. Les Pays-Bas et les États-Unis ont fini avec le même score de huit points mais les premiers cités ont été classés troisièmes et les seconds, quatrièmes. En effet, depuis le 1er janvier 2022, les ex æquo sont départagés au temps dans les Coupes des nations. Pour ces deux nations, les doubles sans-faute ont été signés par Willem Greve et Laura Kraut avec Grandorado TN et Confu. Pour le Canada, cinquième avec douze points, Beth Underhill et Dieu Merci van T & L, récents lauréats du Grand Prix de France à La Baule, sont passés à dix-neuf centièmes de seconde de temps dépassé, concédés en seconde manche, de la perfection. Malgré les deux parcours exemplaires d’Ellen Whitaker et Equine America Spacecake, la Grande-Bretagne, pénalisée de vingt points au total, a dû se contenter de la sixième place. Même total pour l’Allemagne, septième, et l’Irlande, huitième malgré les débuts prometteurs (zéro puis huit points) de Cian O’Connor avec C Vier 2, vainqueur du Grand Prix de Rome l’an passé avec l’Allemand David Will.

Dure après-midi pour l’Italie, neuvième avec quarante-deux points, dont trente concédés au second acte, et plus encore pour l’Espagne, qui n’est pas repartie au second acte. Elle n’a pourtant fini la première manche qu’avec huit points, comme l’Allemagne, le Canada, la Grande-Bretagne et l’Irlande, mais ses couples se sont montrés moins rapides. L’Italie avait bien fini avec douze points, donc quatre de plus, mais un alinéa du règlement international stipule que l’équipe représentant la nation organisatrice du CSIO peut repartir en seconde manche pourvu qu’elle conclue la première à moins de huit longueurs de la dernière nation qualifiée. On comprend qu’il s’agisse d’entretenir la ferveur du public, ce qui a d’ailleurs fonctionné à Rome, mais rien de tout cela n’est vraiment équitable… Les oreilles des membres du comité de jumping de la FEI doivent siffler ce soir.

Le classement final
Le parcours
La déclaration de Roger-Yves Bost
La déclaration de Kevin Staut
La déclaration de Pénélope Leprevost
La déclaration de Henk Nooren

Pénélope Leprevost et Excalibur dela Tour Vidal*GFE.

Pénélope Leprevost et Excalibur dela Tour Vidal*GFE.

© Sportfot