Un an après l’or olympique, la Suède marche toujours sur l’eau et s’offre le titre mondial
En tête du championnat du monde avant la seconde manche de la finale par équipes, la Suède a réalisé une épreuve remarquable aujourd’hui à Herning, qui lui a permis de s’offrir l’or avec maestria, un an après avoir été au sommet aux Jeux olympiques de Tokyo. Prétendants au podium, les Bleus ont vécu une soirée très difficile.
Ils sont vraiment PHÉ-NO-MÉ-NAUX… Le 7 août 2021, le trio suédois composé de Henrik von Eckermann, Malin Baryard-Johnsson et Peder Fredricson était monté sur la plus haute marche du podium des Jeux olympiques de Tokyo. Un an et quelques jours plus tard, la sélection de Henrik Ankarcrona a été complétée par la présence de Jens Fredricson, le frère aîné du multi-médaillé Peder. Aux championnats du monde, quatre cavaliers composent chaque équipe, et l’on ne garde que les trois meilleurs résultats dans chaque manche, comme en Coupes des nations. Ce n’est pas si difficile à comprendre... sauf pour Hippo Data, société allemande chargée du chronométrage, qui cafouille depuis le début de ces Mondiaux de saut d’obstacles. Hier, le suivi du classement par équipes n’était guère possible qu’en faisant les comptes soi-même. Cette magnifique épreuve, ses protagonistes et surtout son public, sur place et derrière des écrans, méritait franchement mieux que cela...
Pour s’imposer hier soir, la Suède n’a pas même eu à attendre le passage de son dernier couple. C’est dire toute la grandeur de cette nation, qui n’a de cesse de briller et qui compte notamment dans ses rangs le numéro un mondial, Henrik von Eckermann, encore sublime avec le petit et tout aussi puissant King Edward. Ouvreurs de rêve, ils n’ont pas effleuré la moindre barre de ce parcours délicat et très costaud imaginé par le Néerlandais Louis Konickx et notamment conclu par une ligne composée d’un triple vertical-vertical-oxer en n°13 et d’un haut vertical ensuite. Non contents d’avoir formidablement lancé les Scandinaves, ils ont aussi pris la tête de la compétition individuelle avec seulement 0,58 points.
Moins souveraines que d’ordinaire depuis le début du championnat, Malin Baryard-Johnsson et la surpuissante H&M Indiana n'ont pas montré autant d’harmonie que d’habitude. Hier, elles ont péché sur la sortie du double d’oxers placé en 9, participant tout de même activement à cette nouvelle médaille, quatre ans après avoir décroché l’argent par équipes aux Jeux équestres mondiaux de Tryon, en Caroline du Nord, au terme d’un barrage perdu face aux États-Unis, et un an après avoir brillé à Tokyo. Comme Henrik, Jens Fredricson n’a pour l’heure pas renversé la moindre barre du championnat avec son excellent Markan Cosmopolit. Le cavalier de cinquante-quatre ans a aujourd’hui signé une démonstration, survolant le parcours avec son généreux bai brun. Dès son franchissement de la ligne d’arrivée, le couple a offert l’or à la Suède, les nations à ses trousses ne pouvant rivaliser avec un total de 7,69 points. Poing levé, Jens Fredricson a alors pu célébrer la victoire devant des tribunes exaltées et largement occupées par des supporters suédois, les Danois préférant vraiment le dressage au jumping. Pour ses premiers Mondiaux, celui qui avait prédit que la Suède arriverait à Herning en confiance, a servi l’équipe de la meilleure des manières et affrontera la fidèle individuelle en deuxième position avec 2,71 points. Rappelons que la pression d’une épreuve individuelle ne lui est pas étrangère puisqu’il l’a gérée magistralement lors de la finale de la Coupe du monde Longines de Leipzig en avril, terminant troisième. Et s’il transformait à nouveau l’essai dimanche lors de la finale individuelle?
Assuré de décrocher l’or par équipes en entrant en piste, son frère cadet n’a pas semblé savourer pleinement ce nouveau succès immense. Pour cause, l’ancien numéro un mondial a quitté l’Arena MCH avec douze points pour une faute sur l’original mur n°2 représentant la carte du monde ainsi que sur les deux oxers du double. Des erreurs inhabituelles pour son très fidèle et agile H&M All in de Vinck, qui pourrait bien disputer là son dernier grand championnat. Déjà paré de l’or par équipes à Tokyo, de l’or individuel aux Européens Longines de Göteborg, de l’argent olympique individuel par deux fois et de l'argent par équipes aux Européens, l’attachant hongre de seize ans n’a donc pas activement contribué au score final des bleu et jaune. Cela n’entache en rien son immense palmarès, complété d’une merveilleuse médaille du plus beau des métaux.
Les Bleus finalement sixièmes
Deuxième au départ de l’épreuve, la France a finalement laissé sa place à un drapeau aux mêmes couleurs, les Pays-Bas, qui ont une nouvelle fois prouvé que leurs années de disette étaient derrière eux. Malgré deux forfaits dans leur équipe avant ces championnats, les Bataves ont pu compter sur Jur Vrieling et le puissant Long John Silver pour conclure avec deux points, tandis que Harrie Smolders a bouclé sa prestation sans la moindre faute. À presque douze points de la Suède, partie bien loin devant, les Oranje ont supplanté une Grande-Bretagne à moitié très expérimentée et mi-inexpérimentée des grands championnats. Sixièmes avant l’épreuve, les hommes de Di Lampard ont répondu présent à temps pour remonter jusqu’à arracher le bronze par équipes. En difficulté les deux premiers jours, le jeune Harry Charles a activement participé à cette montée en puissance, signant un sans-faute avec son meilleur cheval Romeo 88.
Pour moins d’un point, l’Irlande, portée par le parcours à un point de Denis Lynch et Brooklyn Heights et le sans-faute arraché par Bertram Allen et Pacino Amiro, a conclu l’épreuve au pied du podium, devant l’Allemagne qui a dû faire face à un sacré coup du sort. Champion d’Europe en titre avec la formidable Chakaria et auteur d’un sans-faute maîtrisé jeudi, André Thieme a aujourd’hui cloué les spectateurs à leur siège en chutant à la réception du n°4. Tous les scores des autres Allemands ont donc compté, dont les huit points de Marcus Ehning et Stargold. Ces cinq nations se sont qualifiées pour les Jeux olympiques de Paris 2024
Débarrassée de cet impératif par son statut de nation hôte des JO, la France n’a pas été en mesure de conserver sa deuxième place provisoire. Compte tenu de la difficulté du parcours et de l’inexpérience en championnats des quatre chevaux sélectionnés par le Néerlandais Henk Nooren, on pouvait imaginer que cette épreuve ne serait pas simple à gérer, mais les Bleus ont gardé l’argent jusqu’à leur dernier parcours, ce qui rend le scénario particulièrement cruel, comme l’an passé à Tokyo. Dans l’ordre, on a d’abord compté quatre points pour Simon Delestre et Cayman Jolly Jumper, sur le vertical d’entrée de triple. Les deux partenaires ont produit un parcours mouvementé, mais ont tout donné sur la piste. Ensuite, il y a eu deux fautes pour Grégory Cottard et Bibici. Le couple n’a pas bien commencé son parcours, péchant dès le numéro 1, puis sur le vertical placé au milieu de triple, avant de concédé un point de temps supplémentaire. Le triple n’a pas fait de cadeau à Julien Épaillard et Caracole de la Roque, fautifs sur les deux premiers éléments et excellents sur le reste du parcours. En tête de la compétition individuelle, la paire a reculé à la douzième place, à un peu plus d’une faute du podium provisoire. Comme souvent, Kevin Staut portait le destin de la France sur ses épaules: un sans-faute, et la France gagnait l’argent, une faute, et elle s’offrait le bronze. Hélas, il a perdu son joker dès le numéro un avec Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie. Une deuxième touchette sur le vertical 10 a scellé la défaite des Bleus. La troisième, sur l’entrée du triple n’a plus rien changé. Dur.
En individuel, Henrik von Eckermann mène la danse devant Jens Fredricson et Jérôme Guéry, extraordinaire sur le fringant Quel Homme de Hus, qui n’a pas suffi à qualifier la Belgique pour les JO, Martin Fuchs, dont le sans-faute avec Leone Jei n’a pas empêché la huitième place des Suisses, l’Autrichien Max Kühner et le brillant Elektric Blue P, l’Israélien Daniel Bluman et le puissant Ladriano, le Brésilien Yuri Mansur et l’extraordinaire QH Alfons Santo Antonio, le Britannique Ben Maher et le très prometteur Faltic HB, le Néerlandais Maikel van der Vleuten et Beauville, en bronze à Tokyo. Simon Delestre et Julien Epaillard sont dix et douzième.
Le classement par équipes
Le classement provisoire individuel