L’hiver, on se couvre!

Chaque année, avec l’arrivée de l’hiver, les cavaliers équipent leurs chevaux pour résister au froid. Tondu, en activité, en box ou dehors, à chacun sa couverture pour être libre de ses mouvements tout en étant protégé.



Les chevaux sont naturellement dotés d’une capacité d’adaptation aux conditions climatiques en générant du poil “à la demande”: au fur et à mesure de la baisse des températures, leur pelage érectile enferme une couche d’air isolante, et un poil sain draine l’excès d’eau et protège de l’humidité grâce aux glandes sébacées qui sécrètent comme une huile pour renforcer l’imperméabilité du poil et augmenter l’effet isolant; une fonction utile dans des zones froides, comme en Sibérie ou au Canada, où les températures peuvent descendre jusqu’à -60°C. 

“On couvre le cheval dès lors que l’on modifie ses conditions naturelles, afin de compenser et de pallier la privation de son manteau naturel en recréant une couche de poils artificiels”, explique Jacqueline Lechner-Monaco, représentante de la société Kerbl, marque dédiée aux produits d’élevage pour les particuliers comme les professionnels. Toutefois, le plus souvent, les chevaux au travail sont tondus l’hiver, de manière à leur assurer une meilleure hygiène. Sans tonte, la transpiration générée par l’exercice sèche difficilement et les équidés risquent alors de prendre froid. La tonte permet donc de mieux évacuer la chaleur par le poitrail. Il est aussi opportun de protéger un cheval contre l’humidité, qui, plus que le froid, demeure son principal ennemi.



Choisir le type de couverture adéquat

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Les couvertures proposées sur le marché sont variées, protégeant le cheval de l’humidité d’une part, et du froid d’autre part. Il y en a pléthore: simplement imperméables ou carrément chaudes (de 0g à 400g voire 500g), plus ou moins résistantes (la résistance à l’abrasion et aux déchirures se mesure en deniers), polaires (pour les transports ou pour sécher le poil), séchantes, couvre-reins… Un équidé peut être couvert même au printemps avec, par exemple, une simple couverture imperméable s’il se trouve au paddock par temps de pluie. Margot Muller, d’Équithème, précise: “C’est comme pour les humains : s’il ne fait pas froid et qu’il pleut, on se sent mieux avec un K-Way qu’un tee-shirt.” En hiver, une simple chemise imperméable suffit souvent pour les chevaux vivant au pré, en cas d’humidité.

En revanche, les sujets tondus et vivant au box ont besoin d’une couverture chaude, surtout la nuit. “Il faut faire très attention si le cheval est exposé à des vents froids: un couvre-cou peut s’avérer nécessaire”, développe Kate Sexton, employée de l’entreprise Bucas. Les chevaux tondus ont aussi besoin d’une couverture imperméable s’ils sont sortis au paddock, qui peut être soit une couverture légère posée par-dessus la couverture de box, soit une couverture chaude d’extérieur. Un couvre-reins avant et après le travail est également nécessaire. “De nombreux cavaliers utilisent une couverture chaude imperméable au box, de manière à ne pas avoir à la changer en cas de sortie au paddock pour quelques heures”, témoigne Emmanuelle Renaud-Warin, de HKM. Quant au cheval au travail, il a besoin d’être couvert pour s’échauffer musculairement en début de séance. L’idéal étant d’avoir un couvre-reins à l’intérieur polaire pour conserver le chaud, et à l’extérieur imperméable pour isoler de l’humidité. Ce couvre-reins est important car il couvrira justement la zone où l’équidé pourrait ressentir le froid. Comme tout sportif, une fois échauffé, ce dernier doit être découvert pour limiter la transpiration, et recouvert en fin de séance pour ne pas prendre froid. Ensuite, son cavalier devra lui mettre une polaire ou une séchante le temps de retrouver son état normal. “Dans notre gamme, nous avons une couverture d’extérieur dotée d’une doublure intérieure façon Néoprène qui absorbe la sueur”, détaille Emmanuelle Renaud-Warin. “C’est très pratique pour les propriétaires dont les montures vivent dehors et ne sont pas tondues, car ils peuvent ainsi les recouvrir après le travail sans risquer le coup de froid.”



Les détails de conception à ne pas négliger

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Pour bien choisir une couverture, un certain nombre de détails doivent faire l’objet d’une attention particulière afin que celle-ci assure confort et liberté de mouvement, tout en durant dans le temps. “Une bonne couverture doit apporter un confort maximal au cheval en le gênant le moins possible, en lui permettant une grande liberté de mouvement sans présenter de risque de blessure ou d’accident (se prendre les pieds dans les sangles, couverture qui tourne…)”, conseille Jacqueline Lechner-Monaco. “Aussi, nos modèles sont dotés d’un rembourrage au niveau du garrot, d’un scratch rehaussé d’une bouclerie sur le poitrail, de sangles croisées ventrales, d’un rabat de queue et de courroies de cuisses.” Les équidés ne produisant pas tous le même poil, tous n’ont pas la même résistance au froid. Les plus âgés sont davantage fragiles, de même que ceux sujets à des troubles respiratoires. Il faut avant tout bien les connaître et les observer, afin d’orienter au mieux son achat. 

Kate Sexton met en lumière certaines des nombreuses innovations technologiques de Bucas: “Notre tissu exclusif staydry évacue la transpiration et l’humidité du cheval tandis que l’intérieur de la doublure reste sec. La doublure dermo-care est similaire, en ce sens qu’elle évacue également l’humidité. La doublure silk-feel est douce contre la peau du cheval et aide à maintenir le pelage en bon état. Sans oublier la sécurité: la fermeture magnétique snap-lock maintient la couverture bien en place. En supprimant l’utilisation de fermetures à boucles et crochets sur la poitrine, elle permet un ajustement plus confortable pour votre cheval. La fermeture avant, à barre en forme de T, aide à maintenir la couverture bien en place. Nous avons également mis au point une gamme spécialement conçue pour favoriser le traitement de problèmes de santé tels que l’arthrite chronique, les douleurs musculaires et les problèmes de dos. Leur utilisation peut également prévenir un large éventail d’inconforts et aider les gonflements et les inflammations à mieux guérir. Pour les équidés actifs, nous disposons de modèles qui favorisent la circulation sanguine et un échauffement plus rapide des muscles avant le travail, et soutiennent la régénération musculaire après l’entraînement.”Pour les cavaliers souhaitant vraiment être rassurés, nous avons créé un modèle doté d’une barre thermique, qui permet de vérifier si le cheval a trop chaud ou trop froid”, ajoute Jacqueline Lechner-Monaco. Sina Rood, représentante de Pikeur et Eskadron, précise quant à elle: “Nos modèles sont respirants, thermorégulateurs et résistants aux déchirures. La plupart sont munis d’un couvre-cou amovible. Aussi, nos couvertures d’extérieur sont conçues pour protéger de l’humidité et n’accrochent pas les salissures.” “La technicité est primordiale. Par exemple, certains modèles de chez Time Rider sont conçus en Power Tex, un tissage particulier en carré qui permet une excellente évacuation de l’humidité, ennemi numéro un en hiver”, complète Julie Maupoint, de Cheval-Shop.



Comprendre les deniers et les grammages

Parmi les critères à prendre en compte dans le choix des couvertures: les deniers et les grammages. Les premiers désignent la solidité d’une couverture. “Le nombre de deniers indique la finesse du tissage, donc la solidité de la couverture; comme un bas pour femme”, détaille Jacqueline Lechner-Monaco. “Chez Kerbl, nous ne proposons pas de modèles allant au-delà de 600 deniers car nous tenons à rester dans une gamme de prix raisonnable, et nous estimons qu’en général, nous n’avons pas besoin de plus dans nos contrées. Un modèle de 1 200 deniers est véritablement destiné à résister à des éléments très rudes.” Emmanuelle Renaud-Warin abonde en ce sens: “Les gens pensent que du 1 200 deniers constitue un gage incontestable de qualité. Or nous proposons du 600 deniers rip-stop, c’est-à-dire d’un tissage très serré et extrêmement résistant.” Le grammage définit la chaleur d’une couverture. Ainsi, une simple chemise revient à porter un tee-shirt, tandis qu’une couverture de 400g équivaut à enfiler une doudoune de ski. Voici quelques chiffres de référence: à 15°C: pas de couverture; entre 10°C et 15°C: une couverture légère, chemise en coton, microfibres ou couverture polaire (moins de 100g) suffira; entre 5°C et 10°C: une couverture légère, chemise en coton ou couverture polaire (100g et plus); entre 0°C et 5°C: couverture moyenne, entre 200g et 300g; entre -5°C et 0°C: couverture épaisse, d’écurie ou d’extérieur (300g); en dessous de -5°C: une couverture d’au moins 400g en ajoutant si besoin une chemise en dessous. Entre 5°C et 25°C: le cheval est capable de réguler facilement sa température corporelle.

“Attention aux superpositions”, met en garde Margot Muller. “Une couverture conçue pour le grand froid verra ses propriétés altérées si une couche vient s’insérer entre elle et la peau du cheval. Et puis, cela peut abîmer le poil.” Par ailleurs, cumuler différentes coupes peut provoquer des zones de tension. Le poids peut alors appuyer sur les os, notamment le garrot, et aller jusqu’à cisailler les chairs. Toutefois, Sina Rood tempère: “Dans notre gamme, nous avons des couvertures respirantes thermorégulatrices et évacuant l’humidité. Elles sont également dotées de surfaces antidérapantes. Elles peuvent parfaitement être utilisées si besoin comme sous-couvertures.” À ces conseils doivent s’ajouter un ajustement en fonction de la monture en question, de sa sensibilité, son âge, de l’épaisseur de son poil… Mais aussi du contexte: si elle est trop couverte en début d’hiver, elle ne fera pas ou moins de poil et ne sera pas habituée aux températures. Il faudra donc davantage la couvrir lorsque les températures diminueront. Le besoin de couvrir le cheval va aussi dépendre de son poids. Un sujet bien dodu à l’automne aura des réserves pour lutter contre les attaques du froid, et nécessitera donc d’être moins couvert. À l’inverse, s’il n’est pas en état, malade, convalescent, très jeune ou au contraire vieillissant, une aide artificielle sera bienvenue pour affronter le froid car son système immunitaire se trouvera affaibli.



Choisir la taille adaptée

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Les tailles de couvertures dépendent de la longueur du dos du cheval. Une taille adaptée est indispensable, tant pour son confort que pour éviter tout frottement, voire cisaillement des chairs. Il existe pour ce faire des tableaux de mesures précis, proposés par chaque marque. “Il faut bien mesurer la hauteur au garrot, la longueur du dos et la longueur totale: du garrot à la base de la queue et du poitrail à la cuisse”, expose Jacqueline Lechner-Monaco. À titre indicatif, un cheval standard toisant aux alentours d’1,65m portera du 145. Pour un poney d’1,30m, ce sera du 125. La plupart des fabricants proposent des couvrantes pour toutes les tailles, il n’est donc pas rare de trouver en rayon des couvertures allant du 105, pour un petit poney, à 155 voire même 165 pour un cheval très grand ou de trait. “Nous proposons, via Horse And Go, un modèle dédié aux poneys à partir de 85cm, en 0g ou 200g”, ajoute Julie Maupoint. “Nous avons élaboré un tableau de mesures, et également réalisé une vidéo dédiée qui explique concrètement comment bien prendre les mesures de son cheval”, annonce quant à elle Kate Sexton. 

Une couverture à la mauvaise taille peut causer divers désagréments. “Une couverture trop petite réduit le confort du cheval et peut entraîner des frottements, allant jusqu’à provoquer des blessures”, confirme Margot Muller. “Les coutures peuvent aussi finir par céder au niveau du poitrail. Toutefois, une couverture trop grande peut perdre ses caractéristiques. Elle peut également se défaire et s’avérer dangereuse. Par ailleurs, cela génère du poids vers l’arrière et peut causer des points de pression au niveau des épaules. Sans parler des potentielles déchirures du tissu, par exemple quand le cheval se lève après avoir été allongé ou s’être roulé. Il faut prendre en compte le corps de chaque équidé – il existe par exemple des rallonges de poitrail s’il est doté d’épaules particulièrement larges.” 

Au-delà des critères de base, la qualité du produit rentre évidemment en ligne de compte, notamment s’il s’agit de couvertures d’extérieur. Le choix de bons matériaux nécessitera peut-être un investissement initial supérieur, mais garantira une protection durable. “Le Nylon balistique que nous utilisons beaucoup dans nos modèles est un tissu très résistant. La finition brillante permet moins facilement au cheval de saisir le tissu avec sa bouche”, développe Kate Sexton. De son côté, Alberto Vriz, parlant pour le compte d’Animo et Anna Scarpati, insiste sur la solidité de ses produits: “En plus d’apporter un soin particulier au design de nos modèles, nous estimons que le point le plus important est vraiment la résistance des matériaux de confection. Par exemple, nous avons chez Anna Scarpati un modèle en ripstop 2 400 deniers.” 

Ne jamais négliger l’entretien 

De même que n’importe quel équipement, une couverture s’entretient! Ainsi, il faut penser à la réimperméabiliser de temps en temps grâce à des produits dédiés. On n’oublie pas non plus de la brosser fréquemment afin de limiter les poils incrustés dans le tissu. Il est aussi possible de la passer à la machine (à 30°C) en utilisant une lessive spécifique conçue pour respecter les fibres des tissus autant que la peau très sensible de nos chevaux. Il existe d’ailleurs des laveries spécialisées dans le nettoyage de couvertures pour chevaux. Elles utilisent des détergents spéciaux et des agents d’imprégnation pour garder les couvertures agréables et imperméables. Enfin, on peut encore utiliser à la main de l’eau tiède sans savon en décollant délicatement la saleté avec une brosse douce, avant d’accrocher la couverture à sécher au soleil. De cette façon, on empêche la doublure de se coller à la couche extérieure. Il faut penser à ranger ses couvertures dans un endroit sec et dans un sac pour éviter de les abîmer. Julie Maupoint insiste sur ce point: “Le stockage des couvertures est primordial pour augmenter leur durée de vie, l’idéal étant de les stocker dans un sac conçu à cet effet. Nous en proposons un modèle, de la marque For Stable, qui dispose d’empiècements en mesh (tissu filet) assurant respirabilité et protection.”



Quid de la tonte?

La tonte des chevaux s’avère nécessaire, principalement pour réduire la transpiration et le risque d’hyperthermie, mais aussi pour éviter aux chevaux de prendre froid à cause de leurs poils mouillés après l’exercice. “La tonte permet également d’éviter l’accumulation de saletés dans les poils longs d’hiver, comme du sable ou de la terre. Elle facilite par ailleurs le pansage”, explique Jacqueline Lechner-Monaco. On commence généralement à tondre le cheval dans le courant de l’automne, quand les températures commencent à baisser. S’il fait du poil, certains cavaliers tondent leur protégé plusieurs fois au cours de l’hiver – le corps de chaque individu réagissant différemment au froid. Certains procèdent également à une autre tonte au début du printemps, afin d’accélérer le processus de mue. 

Il existe toutes sortes de tontes. Toutefois, de manière générale, la tondeuse se passe là où le cheval transpire le plus: entre la gorge et les épaules, l’encolure, le passage de sangle et le ventre. La plupart du temps, les membres inférieurs et les reins restent intacts. Les membres inférieurs sont en effet rarement tondus afin d’éviter aux chevaux crevasses et engelures, favorisées par le froid. “On adapte le type de tonte à l’activité physique”, précise Jacqueline Lechner-Monaco. “Si le cheval travaille peu, une tonte tablier suffit. S’il est entraîné tous les jours, on fera généralement une tonte en manteau, qui permet de maintenir du poil sur les reins et l’arrière-main.”

Qui dit tontes dit tondeuses! Il existe des appareils sans fil, et d’autres branchés sur le secteur. Si les premiers semblent plus pratiques, les seconds permettent en général une meilleure qualité de tonte. On précisera qu’avant de passer sous la machine, le cheval doit être propre. “La tondeuse est constituée d’un peigne qui attrape le poil et d’un contre-peigne qui coupe, donc s’il y a de la boue ou du sable, cela ne fonctionne pas, et souvent ça casse”, décrit Jacqueline Lechner-Monaco. “Elle doit être huilée toutes les dix minutes. Cette année, nous avons sorti un modèle qui affiche l’état de fonctionnement permettant de connaître le niveau de la batterie et qui émet un signalement en cas de surchauffe. Enfin, l’appareil doit être nettoyé après chaque utilisation.” Julie Maupoint précise: “Pour les zones sensibles et difficiles, comme les membres ou la tête, nous proposons un modèle de finition sans fil, léger et peu bruyant.” 

Le bien-être avant tout

En revanche, gare à l’anthropomorphisme, car il arrive régulièrement que nos chevaux aient trop chaud… Au-delà de la gêne occasionnée, Jacqueline Lechner-Monaco précise que “le stress thermique prend beaucoup d’énergie et affaiblit le cheval”. Au-delà de l’inconfort procuré, l’équidé pourrait attraper froid en raison de la transpiration excessive générée par sa difficulté à réguler sa température. 

Enfin, le port d’une couverture implique des points d’attention afin d’éviter une diminution du bien-être mais aussi de la performance du cheval: inconfort (stress thermique, tensions, blessures, démangeaisons) dû à la taille de la couverture et/ou à des matériaux mal adaptés, à son poids, au grammage trop élevé…; problèmes de peau; diminution des apports en vitamine D; altération des interactions sociales (difficulté pour réaliser le grooming avec les congénères), déprivation, soit autant de manquements à son bien-être.

Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX.