“Les échecs sont difficiles à encaisser, mais le jeu en vaut la chandelle”, Ninon Forget

Victime d’un coup de sabot au visage l'ayant privée de la vue en juin 2020, Ninon Forget a rapidement repris le chemin de l’entraînement et des compétitions dans sa discipline de prédilection, le saut d’obstacles. Exemple de résilience et dotée d'une volonté de fer, son histoire a ému un certain Roger-Yves Bost, champion olympique par équipes à Rio de Janeiro qui lui fait désormais profiter de ses conseils. Il y a peu, la jeune cavalière s'est lancé le défi de concourir en para-dressage avec pour ultime rêve de participer aux Jeux paralympiques. 



Après l'accident qui lui a causé plus de vingt fractures et la perte instantanée de la vue, remettre le pied à l’étrier et reprendre le chemin des compétitions résonnaient comme une évidence pour Ninon Forget. Grâce à une étonnante volonté et une bonne dose de courage, la cavalière de dix-neuf ans a su apprivoiser son handicap pour continuer d’exercer sa passion. Plus qu’un simple passe-temps, monter à cheval est un besoin viscérale pour l’amazone qui a choisi de continuer à pratiquer sa discipline favorite, le saut d’obstacles, malgré l’arrêt du circuit fédéral de para-jumping en France. “Je pratique le saut d'obstacles depuis mon enfance. Je trouvais donc injuste de devoir y renoncer parce que je suis handicapée”, explique la Francilienne qui concourt aux côtés de cavaliers valides grâce au guidage à la voix. Associée depuis un an et demi à Alvaro VDL (KWPN, For Pleasure x Rebel I), un hongre de dix-sept ans, Ninon a retrouvé le goût de la compétition. “Je pense qu’il a compris que je ne voyais pas. Il m'aide énormément. Je ne pourrais pas accomplir avec un autre cheval tout ce que je fais avec lui”, reconnait-elle. 



“Ninon est une grande cavalière promise à un bel avenir”, Roger-Yves Bost

Avec Bosty pour mentor, rien d'étonnant à ce que Ninon Forget ait retrouvé le goût du challenge.

Avec Bosty pour mentor, rien d'étonnant à ce que Ninon Forget ait retrouvé le goût du challenge.

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Impressionnés par l'histoire et le parcours de Ninon, Roger-Yves Bost et son épouse, Cyrille, ont décidé de lui apporter leur soutien. “Lors d’une réunion réunissant les ambassadeurs d’un sponsor que nous avons en commun, ils sont venus me parler. J’ai été très impressionnée, car c’est un cavalier que j’admire depuis mon enfance”, confie la jeune femme. Mentor d'exception, le champion olympique lui permet de bénéficier de précieux conseils techniques. “Ninon une grande cavalière promise à un bel avenir et avec qui j’ai beaucoup de plaisir à échanger. Elle a vraiment un feeling extraordinaire avec les chevaux et elle m’impressionne par la volonté et la détermination dont elle sait faire preuve. Je suis très heureux d’être à ses côtés pour lui apporter un coup de pouce sur le plan technique, en complément de tout ce que lui apporte déjà son entourage familial et professionnel”, assure le cavalier. 

Au mois d'octobre, Ninon est parvenue à réaliser deux parcours sans faute dans une épreuve Préparatoire à 90cm à Liverdy-en-Brie, avant de récidiver dans la Préparatoire à 95cm du Haras de Monthome, en Seine-et-Marne. “J’étais très contente ! Cela témoigne de notre évolution. Nous commençons à vraiment bien nous connaître avec Alvaro et j’espère que nous allons continuer sur cette lancée”, s'enthousiasme-t-elle. Et l’histoire ne semble pas près de s'arrêter, puisque Ninon a décidé d’en écrire le prochain chapitre en se lançant dans le para-dressage ; un défi lancé par Cyrille Bost. “Il faut encore que je trouve le partenaire qui m’accompagnera dans cette discipline”, précise-t-elle. Lorsque ce sera chose faite, la cavalière devrait rapidement commencer les compétitions dans le grade IV. “Je vais travailler dur et tout donner pour, je l’espère, arriver au plus haut niveau”, poursuit-elle. Pleine d'ambition, la jeune femme vise déjà les Jeux Paralympiques de Paris. “Il faut toujours y croire et surtout croire en soi. Les échecs sont difficiles à encaisser, mais les victoires apportent une joie immense. Le jeu en vaut la chandelle”, conclut Ninon Forget.