“2023, l’année du horsemanship?”, Theo Ploegmakers

Dans une chronique valant présentation de vœux pour la nouvelle année, Theo Ploegmakers tire le bilan de 2022 concernant la prise en compte du bien-être des chevaux dans la quête d’une “acceptation sociale” renforcée pour l’équitation et ses pratiques sportives vis-à-vis du grand public. Selon le président de la Fédération équestre européenne, celle-ci passe par plus de “horsemanship”. Autrement dit, il appelle tous les membres de la communauté équestre à devenir de meilleurs femmes et hommes de cheval. Voici l’intégralité de son texte, publié fin décembre.



Theo Ploegmakers, président de l’EEF.

Theo Ploegmakers, président de l’EEF.

© DR

“C’est le moment de l’année où l’on regarde en arrière et doit repenser à ce qui a eu un grand impact sur notre sport et nous. Si l’on considère l’ensemble de notre communauté, le terme ‘licence sociale’ peut être perçu comme l’un de ces éléments à fort impact, et sans aucun doute comme notre ‘terme de l’année’. Il s’agit d’un terme que la communauté équestre associe à la légitimité et à l’acceptation du fait que les humains pratiquent un sport avec des chevaux, ainsi que des disciplines concernées. Il prend en compte ce que le grand public voit réellement lorsqu’il regarde notre sport, et la force de l’opinion publique.

Après les Jeux olympiques de Tokyo, et en raison de certaines des images qui ont circulé au cours de cet événement, la Fédération équestre internationale (FEI) a estimé qu’il était nécessaire que les sports équestres disposent d’une licence sociale à l’avenir. Cette opinion était également fondée sur le fait que les sports équestres sont devenus une filière dont le poids économique se mesure en milliard d’euros. Rien qu’en Europe, sa valeur annuelle s’élève à environ 50 milliards d’euros. Cette réalité requiert une plus grande attention et un examen plus approfondi de nos pratiques.



La FEI a nommé une commission indépendante chargée d’analyser les différents aspects d’une licence sociale en rapport avec le bien-être des chevaux. Celle-ci a été chargée d’élaborer un plan d’action pratique et d’émettre des recommandations indépendantes à la FEI, dans le but de créer le cadre d’une licence sociale afin que les activités équestres soient approuvées et acceptées par la société. Son nom – commission pour l’éthique et le bien-être en équitation (EEWC) – en dit long. Cet organe se concentre sur le bien-être du cheval dans le cadre de sa coopération avec l’homme et sur les activités qui en découlent.



L’une des premières actions entreprises par la commission a été une enquête auprès du public, avec ou sans expérience des chevaux, qui a permis de recueillir les opinions de près de 28.000 acteurs du monde équestre et de 14.000 membres du grand public dans quatorze pays. Les résultats montrent que le public reste toujours majoritairement favorable à la pratique des sports équestres, mais qu’il est clairement préoccupé par le bien-être des chevaux (par exemple, leur bien-être et la façon dont ils sont traités) et la sécurité générale des chevaux (par exemple, le risque de blessure à l’entraînement et en compétition). Ces préoccupations ne sont pas seulement le fait de personnes extérieures au sport, puisque 78% des parties prenantes du monde équestre interrogées estiment que le niveau de bien-être des chevaux doit être amélioré. Les principales préoccupations de ces acteurs concernent la sellerie et les équipements, ainsi que les pratiques d’entraînement et d’équitation. Le terme ‘bien-être’ reste cependant très large et doit être compris de manière plus concise pour permettre des actions positives. Les résultats complets de cette enquête peuvent être consultés en ligne.



Dans un rapport de la Société royale néerlandaise de médecine vétérinaire (KNMvD), le bien-être est décrit comme suit: ‘Un individu est dans un état de bien-être lorsqu’il est capable de s’adapter activement aux circonstances de sa vie et d’atteindre ainsi un état qu’il ressent comme positif.’ Appliqué aux sports équestres, cela signifie que la façon dont ils sont pratiqués doit garantir le bien-être du cheval, tant physiquement que mentalement. Pour y parvenir, il faut appliquer la véritable équitation. La véritable équitation comprend la façon de s’entraîner et de concourir avec un cheval de manière à lui offrir une expérience positive optimale. Cela signifie que nous pouvons entraîner les chevaux et participer à des compétitions sans utiliser de substances ou de techniques qui provoquent un stress mental et une douleur physique et qui endommagent le cheval, tout en tenant compte de ses besoins de repos et de rééducation.



L’évolution de la technologie et l’utilisation des réseaux sociaux ont créé des normes différentes de ce qu’implique l’équitation. La science joue également un rôle dans la création de nouvelles méthodes permettant de comprendre si un cheval connaît un état de bien-être positif. Ces évolutions signifient que nos méthodes de travail avec les chevaux peuvent nécessiter une mise à jour. Les choix des types de harnachement et d’équipements utilisés, ainsi que les modes d’alimentation, d’entraînement et de transport peuvent tous être revus sous cet angle nouveau. Cela peut changer la façon de comprendre l’équitation, par rapport aux années passées, mais cela ne change pas l’importance de l’application du principe.

Alors qu’une année se termine et qu’une autre commence, notre mot de 2023 sera peut-être ‘horsemanship’. Avec cette pensée, je vous souhaite à tous une bonne année riche en ‘horsemanship’.”