“On a l’impression que King Edward sera le cheval du siècle, et de loin”, Olivier Robert

À l’issue de l’ultime épreuve de la finale de la Coupe du monde Longines de saut d’obstacles, qui s’est tenue samedi dernier à Omaha, Olivier Robert revient sur cette compétition qui fut riche en émotions. Le cavalier aquitain, qui a représenté l’équipe de France à de nombreuses reprises, partage ses coups de cœur de cette édition 2023 et livre ses impressions sur les performances tricolores.



Qu’avez-vous pensé de la dernière manche de la finale de Coupe du monde Longines d’Omaha, qui s’est déroulée samedi dans la nuit ?

Tout d’abord, je tire mon chapeau à cette cavalière américaine, Hunter Holloway, qui a terminé troisième en montrant une qualité d'équitation hors du commun avec sa très chouette jument Pepita con Spita. Ce couple a été mon coup de cœur, à égalité avec Vitiki (la monture du Brésilien Yuri Mansur, ndlr)! Je suis un grand fan de ce cheval du fait de sa carrière étonnante (retrouvez son histoire ici, ndlr). Revenir à un tel niveau à cet âge-là, après de graves problèmes de santé, c’est fantastique ! Pour ce qui est de Henrik von Eckermann (qui a soulevé le trophée aux rênes de King Edward, ndlr), il est arrivé à Omaha en tant que favori de façon indiscutable. Il a tenu son rang et a renversé la vapeur après sa petite faute dans le Grand Prix du jeudi soir. Le cheval a vraiment très bien sauté et était en ordre dans la dernière épreuve. Je suis un grand admirateur de son système (géré avec son épouse Janika Sprunger, ancienne cavalière de King Edward, ndlr); c’est du très haute gamme. Chapeau pour avoir enchaîné deux médailles d’or aux championnats du monde et la victoire dans la finale de la Coupe du monde! Je ne suis même pas sûr que cela se soit déjà produit, même le siècle dernier. On a l’impression que King Edward sera le cheval du siècle, et de loin. Nous en avons connu quatre ou cinq le siècle dernier, dont Milton et Jappeloup, mais là, c’est encore un cran au-dessus… On a l’impression que si les parcours mesuraient 1,70m, ce serait pour lui du même acabit! C’est un couple extraordinaire.

Globalement, je trouve que cette finale a donné lieu à du très beau sport. Je dis encore bravo au chef de piste Bernardo Costa Cabral et son équipe, qui ont réalisé des parcours merveilleux et suscité un formidable suspens !

Harrie Smolders a à nouveau terminé deuxième, comme l’an dernier à Leipzig… 

Le pauvre, car il termine encore deuxième, mais il est tout de même sur le podium, ce qui est une très belle performance. Après, face à un cheval comme King Edward, c’est vraiment difficile d’atteindre la plus haute marche… Je me souviens d’avoir été un week-end au CSIO 5* de Falsterbo en même temps que Harrie, qui sautait de petites épreuves intermédiaires avec Monaco, en lequel il croyait déjà dur comme fer.



Pour Pius Schwizer, la fin de cette finale a dû être très décevante, puisqu’il était en tête avec Vancouver de Lanlore avant d’écoper de huit points lors du dernier parcours…

Derrière ma télévision, j’avais vraiment le sentiment que durant la finale, Vancouver était en train de réaliser son meilleur parcours. Ses sauts étaient encore plus déliés que lors des première et deuxième manches. Même s’il avait toujours été sans-faute jusque-là, j’avais senti un peu de crispation, tandis que lors de la finale, il m’a vraiment donné l’impression de se promener… jusqu’à qu’il fasse tomber ces deux barres à la suite. Je suis navré pour Pius car, selon moi, il aurait mérité une place sur le podium. Il en est sorti, mais s’est probablement donné une chance d’avoir un cheval pour les Jeux olympiques de Paris l’année prochaine. À n’en pas douter, il va tenter un exploit aux championnats d’Europe cet été, à Milan, et son binôme semble solide.

Le Danois Andreas Schou et l’Allemand Richard Vogel n’étaient pas forcément attendus à une place si haute au classement. Avez-vous été impressionné?

De façon incontestable, Andreas Schou a véritablement suivi la courbe ascensionnelle qu’il connait depuis douze mois. C’est juste sublime! Le cas de Richard Vogel est différent. J’ai le sentiment que le cheval de ce dernier est à conserver pour encore longtemps s’il veut une chance d’obtenir un ticket pour les Jeux olympiques… Pour Andreas Schou, qui est Danois, il faut être réaliste ; cela semble compliqué d’envisager une qualification par équipes pour Paris 2024, mais il ne serait vraiment pas fairplay qu’Andreas n’ait pas une chance en individuel.

Quel regard portez-vous sur les prestations des deux Français qui étaient au départ, Kevin Staut et Julien Épaillard ? Ils ont terminé douzième et dix-huitième.

Je ne connaissais pas leurs ambitions, donc je ne peux pas tellement tirer de bilan à leur place. Si l’on écoute Julien, il disait à l’origine vouloir donner beaucoup de maturité à son cheval et, de manière indiscutable, ç’a été le cas! Donatello d’Auge a très bien sauté durant la semaine. S’il avait gagné l’épreuve du jeudi soir, le résultat final n’aurait probablement pas été le même, mais cela reste évidemment une bonne expérience. Quant à Kevin, j’ai du mal à commenter son championnat. Il finit sur une bonne note, avec un bon classement, mais peut-être avait-il davantage d’espérances que ça. En tout cas, Visconti a très bien sauté tout le week-end.



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