“Dynastie était vraiment un cadeau tombé du ciel !”, Valentin Besnard

Mercredi dernier, Valentin Besnard a dit au revoir à sa jument de tête, Dynastie de Beaufour, qui lui a permis en seulement quelques mois de retrouver les CSI 4* et d’intégrer l’équipe de France. Le Normand espère désormais évoluer avec la sœur de la baie, Diamantina Beaufour, et peut être retrouver la veste bleue. Gérant de l’écurie Besnard-Paris avec sa compagne Pauline Paris, à Bieville-Quétiéville, il évoque son parcours avec Dynastie, ses autres chevaux, ses objectifs de saison et ses rêves.  



En fin de semaine dernière, vous avez annoncé le départ de votre jument de tête, Dynastie de Beaufour (SF, Diamant de Semilly x Cassini I). Cette commercialisation était-elle prévue ?  

Non, au début elle n’était pas du tout à vendre. Le propriétaire (Michel Lescanne, ndlr) est un monsieur très aisé mais qui avait dépensé beaucoup dans les chevaux. Et étant donné que la jument performait bien, on nous la demandait tout le temps. Je ne lui ai jamais caché cet intérêt que les gens portaient à sa jument, mais à la base, il ne voulait pas la vendre. Les offres n’ont cessé de croitre donc il a fini par réfléchir à la vendre. Il a dépensé beaucoup et cette commercialisation lui permet de profiter de son investissement pour une fois.  

Cette jument vous a permis de retrouver rapidement le haut niveau après le départ de votre ancien cheval de tête Beau Gosse du Park. Quelles sont les qualités de Dynastie ?  

Son caractère ! Elle a un mental hors-norme, rien ne la perturbe. Même s’il y a quelque chose qu’elle n’a jamais fait, elle entre en piste et fait de son mieux. Il n’y a rien qui l’inquiète ; un mur, une rivière, sauter sur l’herbe ou le sable, dans un manège… Elle est tout le temps la même et a les capacités de tout faire. Cette jument était vraiment pour moi un cadeau tombé du ciel. C’est vraiment une chance d’avoir pu monter dessus et elle m’aura permis de faire des supers concours et de me mettre en confiance. Lors de tous les Grands Prix 3* ou 4* auxquels elle a pris part, elle n’en a pas raté beaucoup. J’ai eu beaucoup de chance de l’avoir eue sous ma selle. Je ne peux vraiment que dire de bonnes choses sur elle, il n’y a aucun point négatif. Je ne suis pas un homme d’argent je pense, car si j’avais pu choisir entre l’argent et la monter, j’aurais choisi de la monter. Mais bon, c’est bien aussi comme ça, et je me mets surtout à la place du propriétaire qui avait beaucoup investi. Malgré le pincement au cœur lorsque je l’ai vue partir, je suis content pour lui qu’il ait eu un retour de son investissement.  

Jusqu’alors, vos trois chevaux de tête, Dynastie, Diamantina Beaufour et E Pleasure Beaufour partageaient exactement le même pedigree : Diamant de Semilly comme père et Cassini I comme père de Sophia di san Giovanni. Pensez-vous que Diamantina et E Pleasure vont prendre la relève de Dynastie ? Ont-ils les mêmes capacités qu’elle ?  

E Pleasure est récemment parti lui aussi. Lorsque je suis allé en Espagne, je l’ai vendu à un jeune Espagnol. C’était un cheval vraiment super mais un peu plus tardif que ses sœurs. E Pleasure a un caractère en or et va, je pense, courir des épreuves à 1.50m. Comparée à Dynastie, Diamantina est aussi un peu plus tardive et surtout plus anxieuse. À mon avis, je vais mettre un peu plus de temps qu’avec sa sœur, mais d’ici la fin de l’année, elle sautera bien un 4* je pense. Elle est en tout cas largement assez bonne pour prendre la relève ! Elle a une meilleure technique que Dynastie, même si cette-dernière était un cran au-dessus. Il faut voir comment elle évolue. Diamantina a énormément de qualités intrinsèques, il faut juste qu’elle arrive à gérer son stress lorsqu’elle entre en piste. Elle a besoin de concourir encore pour progresser.  



“Si je suis voué à monter les jeunes chevaux toute ma vie, ce que j’adore, je le ferai”

Valentin Besnard en selle sur Diamantina Beaufour, sœur et relève de Dynastie de Beaufour

Valentin Besnard en selle sur Diamantina Beaufour, sœur et relève de Dynastie de Beaufour

© PixelEvents

Le weekend prochain, vous êtes engagé avec Diamantina Beaufour dans le championnat de France Pro Élite à Fontainebleau. Quelles sont vos attentes et objectifs ?  

Je vais y aller pour qu’elle prenne de l’expérience, je n’ai pas d’ambition particulière. J’aimerais que la jument se rende compte que c’est comme d’habitude, pour qu’elle prenne la mesure de ces événements. Je n’y vais vraiment pas dans le but de gagner à tout prix.  

Il y a un an, lors d’un interview avec GRANDPRIX, vous avez affirmé vouloir tenter un CSI 5* avec Dynastie. Maintenant que celle-ci est partie, est-ce toujours dans vos projets ?  

Avec Diamantina, je ne sais pas si c’est possible. Je ne suis malheureusement pas devin. J’ai déjà beaucoup de chance de l’avoir et je vais essayer. Toutefois, je tiens à la respecter. Je vais voir, mais si je n’y arrive pas, je ne vais pas non plus pousser trop et aller trop vite. Avec Dynastie, je pense que je pouvais car elle est faite pour cela. Avec Diamantina, je pense que c’est possible, il faut cependant voir si elle évolue dans sa tête. Je n’ai pas assez d’expérience pour en dire plus, car je n’ai moi-même pris part qu’à un seul 5* (avec Beau Gosse du Park à l’Hubside Jumping de Grimaud, en avril 2022, ndlr). Je ne peux donc pas trop m’exprimer mais je pense qu’elle détient vraiment toutes les capacités nécessaires. Elle doit simplement passer outre son anxiété en piste.  

En octobre, lors du CSI 3* de Vejer de la Frontera, vous avez porté la veste de l’équipe de France en Coupe des nations. Espérez-vous retrouver ces épreuves ?  

C’est évident que j’adorerais ! J’avais bien l’intention de la remettre avec Dynastie, j’aimerais bien sûr avoir cette chance à nouveau. Toutefois, je ne suis pas riche et il faut que je gagne ma vie. Si je suis voué à monter les jeunes chevaux toute ma vie, ce que j’adore, je le ferai. Je ne serais pas frustré si je n’arrive pas à porter à nouveau la veste tricolore. Les jeunes chevaux, j’adore ça et cela me passionne. Si je ne dois faire que ça toute ma vie, ce n’est pas un problème.  

Parmi vos jeunes chevaux, y en a-t-il qui sortent du lot ?  

C’est dur à dire quand ils ont cet âge-là. Surtout, comme ce ne sont pas les miens, je ne peux pas me projeter trop loin. Je pars du principe que je suis là pour servir les intérêts de mes propriétaires. Pour l’instant, j’ai un très très bon cinq ans et une crack de six ans, mais je ne peux pas savoir s’ils seront encore là dans cinq ans, s’ils seront chez un autre cavalier ou alors revendu. Pour l’instant, j’ai notamment ces deux très bons jeunes chevaux.  

Dynastie de Beaufour et Valentin Besnard au CSI 3* de Cabourg Classic 2022

Dynastie de Beaufour et Valentin Besnard au CSI 3* de Cabourg Classic 2022

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“Le départ de Beau Gosse était assez douleureux”

Songez-vous à investir vous-même dans des chevaux afin d’évoluer sur le long terme comme vous l’entendez ?  

Si, j’y pense ! D’ailleurs, je cherche des chevaux ; mes parents et moi avons l’idée d’acheter un jeune cheval, peut-être un trois ans. S’il se trouve que nous sommes malins et que nous parvenons à trouver un cheval assez bon, il est possible que nous ne le revendions jamais.  

Après les départs assez rapprochés de vos deux meilleurs chevaux, Beau Gosse du Park et Dynastie de Beaufour, dans quel état d’esprit êtes-vous ?  

Le départ de Beau Gosse a été assez douloureux. Il n’a pas été vendu mais est tout simplement parti, ce qui m’a quand même un peu vexé, j’ai été un peu piqué. Ce transfert m’a vraiment donné un coup. En ce qui concerne Dynastie, c’est complètement différent. Elle a été vendue, mon propriétaire est content, donc je suis également satisfait. Il faut savoir que j’y ai gagné aussi. Ces chevaux ont une valeur marchande importante donc nous sommes commissionnés sur la vente de la jument ; Pauline (Paris, sa compagne, ndlr) et moi gagnons bien notre vie avec ce genre de transaction. Si j’avais pu choisir, j’aurais continué à la monter, mais qu’elle soit vendue est aussi très bien pour nous. Tout comme pour Beau Gosse, cela me met un petit coup bien-sûr, mais bien moindre. 

Êtes-vous en contact avec Beth Underhill, la nouvelle cavalière de Dynastie de Beaufour ?  

Pour l’instant, non. Je pense que je l’appellerai peut-être pour prendre des nouvelles et savoir comment elle va, mais je ne suis pas du tout inquiet. Dans ses nouvelles écuries, elle aura des copeaux jusqu’aux oreilles et du foin toute la journée. Les chevaux y sont toujours très bien traités ! J’en suis certain que ça va bien se passer. 

Comment se déroule votre entame de la saison 2023 ? Quels sont vos objectifs ? 

Pour le moment, ça va. Il est certain qu’avec le départ de Dynastie j’ai pris un coup, l’année sera forcément différente sans elle. Mais j’ai des super chevaux, avec qui je vais prendre un peu mon temps. Avec Diamantina, j’aimerais être compétitif dans un 3* d’ici un mois et demi ou deux. Cela me rassurerait. Celle-ci appartient par ailleurs au même propriétaire qui détenait Dynastie. Ce n’est pas la seule de ses chevaux que je monte. Je travaille également Pajou van Beaugaarde (un étalon de huit ans, ndlr). Je ne peux pas encore trop me prononcer sur le niveau que je pense atteindre avec ce cheval, mais je l’adore ! Pour les autres, je verrai bien. De toute façon, je fais en fonction des chevaux et pas de moi-même. Si je vois que ça se passe bien, alors ils sauteront plus haut. À l’inverse, s’ils ont du mal ou qu’ils ne sont pas prêts, alors je sauterai plus bas.  



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