“Azur sera à Aix-la-Chapelle pour la dernière fois donc gagner le Grand Chelem Rolex serait indescriptible”, McLain Ward
Ce week-end, le CHIO d’Aix-la-Chapelle, qui devrait accueillir pas moins de 350 000 spectateurs, ouvrira également la dixième édition du Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles. Si aucun cavalier n’a atteint le graal en remportant consécutivement trois des quatre étapes du circuit, à savoir Aix-la-Chapelle, Calgary, Genève et Bois-le-Duc depuis Scott Brash et Hello Sanctos, en 2015, l’Américain McLain Ward et son expérimentée HH Azur Garden’s Horses pourraient réitérer l’exploit. Pour cela, il leur faudra s’imposer dans le Grand Prix dominical, ce que le numéro trois mondial n’a encore jamais réussi.
Vous êtes toujours en lice pour le Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles. Comment vous sentez-vous ??
Je me sens bien mais je suis toujours un optimiste prudent. Nous avons essayé de faire en sorte que les chevaux soient dans la meilleure forme. Nous faisons concourir HH Azur avec parcimonie en raison de son âge (dix-sept ans, ndlr) et nous l’orientons vers les grands événements.?Je crois en mon programme et j’essaye de ne rien laisser au hasard. C’est d’autant plus important qu’Azur ne concourt plus régulièrement sur la scène internationale. Nous sommes très concentrés sur le CHIO d’Aix-la-Chapelle en général, et considérons cette échéance comme un championnat. Pour moi, c’est l’événement le plus important et le plus prestigieux au monde. J’essaie de garder les pieds sur terre et de ne pas me laisser distraire.
Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez remporté le Grand Prix 5* de Bois-le-Duc, aussi appelé Dutch Masters ?
C’était incroyable. Je ne pensais pas que l’issue de cette épreuve nous serait favorable car il y a eu de nombreux parcours sans faute. Ma jument a une grande amplitude et cela me paraissait difficile pour elle d’être assez rapide pour gagner sur une petite piste indoor comme celle du Dutch Masters. J’étais déterminé à tout tenter pour remporter l’épreuve même si je ne m’attendais pas vraiment à gagner. Le résultat est donc d’autant plus satisfaisant et excitant pour moi. Grâce à cette victoire, je suis devenu le seul cavalier, à l’exception de Scott Brash, à gagner deux majeurs d’affilée, ce qui est un énorme accomplissement et quelque chose dont je suis très fier.
Comment vous êtes-vous préparé et avec quel cheval espérez-vous participer au Grand Prix Rolex du CHIO d’Aix-la-Chapelle ?
J’ai la chance d’avoir un grand nombre de chevaux, certains sont très expérimentés tandis que d’autres présentent une marge de progression intéressante. Pour le CHIO d’Aix-la-Chapelle, je vais emmener Callas, Contagious et HH Azur. Ils ont tous effectué de bonnes choses lors de la première partie de la saison. HH Azur a été préservée jusqu’ici, elle n’a participé qu’à une seule épreuve dans un concours national. L’enjeu pour nous était de s’assurer qu’elle est en bonne condition et de la replonger dans une dynamique de compétition. Sa préparation a été similaire à celle suivie avant les autres majeurs. Azur a été préservée pour arriver sur la piste avec le plus de fraîcheur possible.
“C’est le seul Grand Prix au monde que je convoite désespérément”
Le CHIO d’Aix-la-Chapelle est l’une des plus grandes scènes du sport équestre, que ressentez-vous à l’idée d’y concourir à nouveau ??
Pour moi, c’est le plus grand concours. C’est la Mecque de notre sport, tous les cavaliers rêvent de gagner sur cette piste. Jusqu’à présent, le Grand Prix Rolex m’a échappé, mais je suis déjà passé très proche de la victoire. C’est le seul Grand Prix au monde que je convoite désespérément, et le fait qu’il fasse partie du Grand Chelem Rolex ne fait qu’accroître ma motivation. Aucun concours ne ressemble à Aix-la-Chapelle ; l’atmosphère, le public, les installations, l’histoire et le niveau des épreuves y sont inégalés. Je pense que toute l’équipe est à la hauteur de l’événement, c’est un endroit très spécial.
Les deux derniers majeurs se sont déroulés en indoor, à Bois-le-Duc et Genève. Votre tactique va-t-elle changer dans l’immense stade en herbe du CHIO d’Aix-la-Chapelle ?
Il faut davantage penser à la condition physique sur une telle piste car le parcours est plus long et il y a davantage de galopade. Sur le papier, ce genre de piste convient parfaitement à HH Azur car elle a une très grande foulée, mais elle s’est exceptionnellement bien comportée dans les pistes intérieures de Genève et à Bois-le-Duc. Le fait qu’elle soit capable d’obtenir de tels résultats sur différentes pistes atteste de ses grandes qualités. Azur a également réalisé de brillantes performances à Aix-la-Chapelle. Elle a participé au barrage du Grand Prix à plusieurs reprises et a déjà réalisé un double sans-faute dans la Coupe des nations au moins deux ou trois fois. Je dois m’assurer de rester concentré et garder la tête froide pour que nous puissions obtenir le résultat dont nous sommes capables.
Que signifierait pour vous et votre équipe le fait de remporter le Grand Chelem Rolex au CHIO d’Aix-la-Chapelle ?
Honnêtement, je pense que c’est inexplicable. J’ai une longue histoire avec Aix-la-Chapelle, parsemée de bons et de mauvais moments. Depuis tout petit, c’est la compétition que je rêve de gagner. J’ai toujours dit que c’était en quelque sorte la fille avec laquelle je n’aurais jamais de rencard. C’est la dernière fois que HH Azur participera à Aix-la-Chapelle, alors gagner le Grand Prix Rolex avec elle et le Grand Chelem par la même occasion serait indescriptible.
“J’aime concourir en Europe pour me mesurer aux meilleurs de la discipline”
Le Grand Chelem Rolex fête son dixième anniversaire. Quel impact a-t-il eu sur le sport ??
Je pense que le Grand Chelem a hissé la compétition à un niveau encore jamais atteint au monde. C’est très important, et nous avions besoin de cela dans notre sport. Il est important de distinguer les étapes du Grand Chelem des autres épreuves 5*, car il encourage les couples à se surpasser. À mon avis, les cavaliers ont compris qu’il s’agissait des meilleurs concours au monde et se donnent pour objectif de les remporter. Ces évènements sont comparables à l’US Open au tennis ou encore au Masters d’Augusta pour golf, ce sont les rendez-vous les plus convoités de notre sport.
Le calendrier équestre est très chargé! Comment décidez-vous des concours auxquels vous allez participer et des chevaux avec lesquels vous allez concourir ??
L’emploi du temps est très chargé, en effet. Comme dans la plupart des sports, il y a chaque semaine un concours important auquel nous pouvons participer si nous le souhaitons. J’ai la chance d’avoir une très bonne équipe derrière moi, ainsi que des propriétaires passionnés et beaucoup de soutien. Je peux aussi compter sur une écurie prometteuse, composée de chevaux d’âges et de niveaux différents. Mon équipe veille à ce que tout se passe bien et s’assure que les chevaux restent frais et en bonne santé. Pour être honnête, mon calendrier de compétition n’est pas surchargé. Si vous regardez le classement mondial de la FEI (Fédération équestre internationale, ndlr), j’ai participé à moins de concours que la plupart de mes collègues. J’aime bien passer du temps chez moi et me préparer pour un événement en particulier. Nous examinons le calendrier six mois ou un an à l’avance lorsque nous préparons un événement majeur comme les Jeux olympiques ou un Grand Prix en particulier. Je cible un événement et je construis le programme en fonction. J’aime participer à des compétitions en Europe pour me mesurer aux meilleurs de la discipline. Aux États-Unis, le niveau s’est également considérablement élevé ces dernières années et nous avons maintenant beaucoup d’événements de grande qualité. Nous établissons le programme de l’année en fonction des chevaux dont nous disposons et des principaux objectifs, puis nous le décomposons en un programme plus détaillé sur une période plus courte.
“Difficile d’imaginer qu’un cavalier reste à la tête du classement mondial pendant plus de deux ou trois ans”
Au tennis, Novak Djokovic a remporté vingt-trois tournois du Grand Chelem. Pensez-vous qu’il y aura un jour une telle domination en saut d’obstacles ?
Je pense que, dans une certaine mesure, il y a une poignée de cavaliers qui parviennent à rester proche du sommet du classement mondial FEI sur une longue période. Toutefois, le principal facteur qui diffère dans notre sport est le cheval. Si des athlètes peuvent être au meilleur de leur forme pendant un certain temps, leurs chevaux peuvent se blesser ou ne pas se sentir bien. Il y a donc une variable entre le cavalier et le cheval qui différencie notre sport de la plupart des autres disciplines. Je ne pense pas qu’un seul et même cavalier puisse rester en tête du classement mondial de la FEI pendant une décennie. Pour vous donner un exemple, Henrik (von Eckermann, ndlr) est actuellement numéro un mondial depuis près de douze mois, il monte sans doute le meilleur cheval du monde (King Edward, ndlr), et c’est un cavalier brillant. Même s’il est probable qu’Henrik reste parmi les meilleurs quand son cheval aura pris sa retraite, il ne dominera probablement plus comme il le fait en ce moment. Si vous regardez l’histoire de notre sport, que ce soit Baloubet du Rouet, Milton, Shutterfly ou encore Hello Sanctos, tous ces chevaux et leurs cavaliers ont dominé notre discipline. Je pense cependant qu’il est difficile d’imaginer qu’un cavalier puisse rester au sommet du classement pendant plus de deux ou trois ans.