Crack Bel, l’un des plus grands espoirs français, poursuivra sa route sous selle étrangère

Le très convoité Crack Bel est vendu, l’éleveur et propriétaire Frédéric Neyrat ayant accepté une proposition venue d’Irlande. Troisième du championnat de France des chevaux de sept ans, l’étalon bai par La Toya et Con Air évoluera à l’avenir sous la selle de Cian O’Connor. 



La rumeur se répandait de plus en plus, Frédéric Neyrat met aujourd’hui un terme aux bruits de paddock. “L’affaire a été conclue il y a environ dix jours. Crack Bel a été vendu au cavalier Cian O’Connor et à Coolmore Stud, le plus grand haras de Pur-Sang au monde (propriété de John et Sue Magnier, les grands parents de Max et Tom Wachman, qui s’entrainent avec Cian O’Connor, ndlr). Le cheval s’apprête à rejoindre Jerez de la Frontera, où se trouve pour le moment Cian O’Connor, qui devrait en être le cavalier”, a confirmé Frédéric Neyrat à GRANDPRIX cet après-midi. “Cette décision a été prise conjointement avec Julien (Gonin, le formateur de l’étalon, ndlr). Nous savions tous les deux que notre chemin d’éleveur et de valorisateur était arrivé à maturité”, ajoute aussi Frédéric Neyrat, qui a consulté ses proches avant d’accepter la proposition venue d’Irlande. “Eu égard à la somme proposée, Julien, mon fils Sébastien, et moi avons pris cette décision. J’étais l’unique propriétaire du cheval mais je consulte toujours leur avis. Il s’avère que nous ne pouvions pas faire autrement. En tant qu’éleveur et vétérinaire à la retraite, je n’ai pas la fortune d’un milliardaire (rires), dit aussi le spécialiste en gynécologie équine. 

“En plus de cet aspect, le fait d’être propriétaire me stressait beaucoup, particulièrement les compétitions comme celles vécues à Fontainebleau et Lanaken (pour les championnats de France et du monde des Jeunes Chevaux, ndlr). Dans ce sport, nous ne sommes jamais à l’abri d’une faute bête, ce qui a été le cas à Lanaken lors de la première épreuve. Celle-ci nous a fait louper la finale et menés à la deuxième place de la Consolante. Je me voyais mal continuer ainsi jusqu’au plus haut niveau. Et puis, parfois, on ne peut tout simplement pas refuser des offres. Nous sommes toujours un peu tristes de devoir vendre nos chevaux, mais la gestion d’un équidé de haut niveau est très complexe. Bien que Julien ait tout le talent pour évoluer dans les compétitions les plus prestigieuses, je n’aurais pas pu suivre. Il suffit de voir qui sont les propriétaires de chevaux de haut niveau, ce sont rarement leurs éleveurs”, précise Frédéric Neyrat.

“L’avenir le dira, mais tous les marchands et grands cavaliers qui se sont rapprochés de nous disaient qu’ils n’avaient jamais vu un tel phénomène. Je vivais très mal le fait de savoir que j’avais entre les mains un cheval d’une telle qualité et que je restais à la merci d’une déconvenue. Je ne sais pas si je manque de recul ou si c’est à cause de mon âge mais cela m’angoissait beaucoup et prenait le pas sur mon bonheur de le voir évoluer à l’obstacle. Par ailleurs, cela va nous permettre d’investir dans le haras et nous ouvrir des opportunités que nous n’aurions pas eues en le conservant plus longuement. Parfois, il faut savoir rester raisonnable”, développe-t-il. 

Ici à gauche, Frédéric Neyrat a suivi avec attention l’ascension de son protégé, comme ici à Lanaken.

Ici à gauche, Frédéric Neyrat a suivi avec attention l’ascension de son protégé, comme ici à Lanaken.

© Sportfot



“Crack Bel est hors du commun”

Le charismatique Crack Bel lors de la visite vétérinaire des Mondiaux de Lanaken.

Le charismatique Crack Bel lors de la visite vétérinaire des Mondiaux de Lanaken.

© Sportfot

Quiconque a déjà croisé Crack Bel en compétition n’a pu rester de marbre devant son talent et son charisme. À sept ans, le bai a déjà tout pour lui et l’a prouvé en se plaçant troisième du championnat de France des chevaux de sept ans sous la selle de son formateur. “Julien l’a mené jusqu’au plus haut niveau possible pour un cheval de sept ans et l’a parfaitement géré, avec beaucoup d’intelligence. Crack Bel n’a jamais couru un parcours de trop et a toujours été monté dans les meilleures conditions, ce que j’ai particulièrement apprécié. À quatre ans, il n’a sauté que six parcours (avec Anthony Gruet, ndlr), cinq l’année suivante… Julien disait qu’il savait déjà tout faire donc qu’il n’était pas nécessaire de le faire concourir inutilement. À six ans, le cheval a peu concouru et s’est élancé sur à peine trente parcours à sept ans. À Chantilly, Julien aurait pu le mettre dans le rouge pour décrocher la victoire (dans le Grand Prix CSI 1*-YH de Chantilly Classic, ndlr) mais ne l’a pas fait. Il a toujours placé la formation du cheval avant une potentielle victoire, ce qui est important à souligner, car tous les cavaliers n’en auraient pas fait de même”, loue l’éleveur, qui ne manque pas non plus de superlatifs pour décrire son produit maison. “Lors de l’essai, Cian O’Connor était vraiment époustouflé par la qualité du cheval. Un jour, Julien avait dit qu’il n’en avait jamais monté un si bon et qu’il n’en monterait jamais plus un autre d’une telle qualité. Crack Bel est hors du commun tant compte-tenu de son équilibre que de sa facilité ; il comprend tout, le sport l’amuse…

Il y a sept ans, Crack Bel a vu le jour dans l’Ain et ses qualités ne sont pas le fruit du hasard, puisqu’il descend de deux gagnants internationaux. “J’avais acheté la mère de Crack Bel, La Toya III (née Sweety van het Asborneveld, grande gagnante internationale sous la selle du Suisse Markus Fuchs, ndlr), à monsieur Adolfo Juri, actuel propriétaire de Martin Fuchs. Elle avait alors dix-huit ans. La première année, je l’avais mariée avec Con Air, que nous avions acheté peu de temps avant. Elle m’a donné deux très bonnes juments, dont une que j’ai conservé à l’élevage et une autre qui est revenue à monsieur Juri et a évolué jusqu’à 1,45m. Deux ans après, en voyant les pouliches, j’avais décidé de croiser une nouvelle fois La Toya et Con Air, ce qui a donné Crack Bel”, se remémore Frédéric Neyrat.  

Côté élevage, les premiers produits de Crack Bel n’ont que deux ans mais sont “très plaisants” selon Frédéric Neyrat, qui ajoute : “il reste de la semence disponible pour les éleveurs français, Crack Bel vient d’ailleurs d’être approuvé au stud-book Selle Français. Le stock de paillettes va nous permettre de pouvoir avoir encore quelques poulains”. Tant sur le plan sportif que côté élevage, tous les espoirs sont donc permis pour le certainement bien nommé Crack Bel. 

Ci-après, le barrage de Crack Bel et Julien Gonin dans le Grand Prix CSI 1*-YH de Chantilly Classic, le 14 juillet. 




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