Aux Européens de Milan, Julien Épaillard et Dubaï du Cèdre ont décroché l'une des plus belles médailles de l'année 2023

Si, du point de vue de leur organisation, les championnats d’Europe de saut d’obstacles de Milan n’ont pas été franchement réussis, comme l’ont par exemple souligné Ben Maher et Henrik von Eckermann, le sport y a été superbe. Le 3 septembre, le Suisse Steve Guerdat, associé à Dynamix de Bélhème (SF, Snaike De Blonde x Cornet Obolensky), y a ainsi remporté un titre après lequel il courait depuis vingt ans. Avec le phénomène Zineday (West, Zinedine x Polydor), l’Allemand Philipp Weishaupt est monté sur la deuxième marche du podium individuel, tandis que le Français Julien Épaillard s’est offert le bronze avec Dubaï du Cèdre (SF, Baloubet du Rouet x Diamant de Semilly). Associé à cette alezane de dix ans, qu’il ne montait alors que depuis moins d’un an et dont GRANDPRIX a récemment dressé le portrait, le Normand a mis fin à sept ans de disette pour la France, qui n’avait plus obtenu de médaille en jumping depuis l’or olympique aux JO de Rio de Janeiro en 2016.  Par ailleurs, le quarantenaire s’est ainsi octroyé sa première médaille en grand championnat pour sa deuxième participation à un tel événement.  

C’est le mercredi 30 août que le coup d’envoi sportif de l’événement milanais a été donné, quatre-vingt-cinq couples s’élançant alors dans l'épreuve de chasse. Connu pour son sens de la vitesse, Julien Épaillard signe le parcours le plus rapide de la compétition, mais une faute porte son chronomètre final à 73’’20. Avec sa toute bonne Dubaï du Cèdre, il signe tout de même la meilleure prestation tricolore et pointe à la cinquième place du classement individuel provisoire. Le lendemain, le duo réaffirme sa forme en signant un sans-faute dans la première manche de l’épreuve par équipes et permet ainsi à la France de s’assurer sa place en finale collective. “Ma jument a encore bien sauté”, déclare alors l’ancien partenaire de Caracole de la Roque. “J’ai eu un petit peu de chance dans le triple, où nous avons touché les deux derniers éléments. Dubaï était plus contractée aujourd’hui à la détente, mais elle a été magnifique en piste. Plus le tour avançait, plus elle était disponible. Elle s’est vraiment libérée au fil du parcours. Elle est encore jeune et tendre à ce niveau-là. J’ai besoin d’apprendre à la connaître davantage. C’est plutôt agréable d’être en quatrième position. Cela signifie que j’ai la confiance du groupe. C’est une pression positive pour moi.” 

“Dubaï a montré qu’elle avait la rage”

Le vendredi, le cavalier du haras de la Bosquetterie, alors quatrième au classement individuel provisoire, écope d’une faute sur la pelouse de l’hippodrome de San Siro et chute à la septième place. En parallèle, les résultats de ses compatriotes ne permettent pas de remontée française et le quatuor tricolore termine ainsi à la huitième position du classement par équipes, tandis que la Suède est de nouveau couronnée, détenant ainsi désormais tous les titres internationaux collectifs majeurs. “Ma jument était très disponible aujourd’hui, et je pense l’avoir mieux montée qu’hier”, estime Julien Épaillard ce jour-là. “Nous avons commis une petite faute, mais elle a été très à l’aise sur le parcours. C’est dommage parce que cela nous met un peu plus loin en individuel pour dimanche. Dubaï est vraiment en forme, elle a eu un programme idéal de préparation pour arriver au top de sa condition ici. Je pense que c’est une bonne expérience pour elle comme pour moi. Nous allons sauter dimanche, même si nos chances de podium sont assez minimes, dans le but de lui donner du métier, ainsi qu’à moi.” 

Des chances minimes, et pourtant! Le dimanche, après l’admission de Dubaï lors de l’inspection vétérinaire de la veille, le couple signe un sans-faute en première manche de la finale individuelle, ce que seuls cinq autres duos arrivent également à faire. Au terme de cet avant-dernier tour, Julien Épaillard et sa pétillante alezane pointent ainsi de nouveau à la quatrième place du classement provisoire, derrière Steve Guerdat, Jens Fredricson et Philipp Weishaupt. De quoi pouvoir rêver d'une médaille. Toujours aussi bondissante qu’à son habitude dans le second acte, la fille de Baloubet du Rouet permet à son cavalier de réaliser un nouveau parcours parfait. L’Augeron serre alors le point de satisfaction. Après lui, Philipp Weishaupt réalise la même performance et s’assure de repartir d’Italie avec une médaille, mais Jens Fredricson et Markan Cosmopolit, eux, commettent une faute. Julien Épaillard est alors certain de monter sur le podium, reste à déterminer sur quelle marche. Dernier couple à s’élancer dans cette finale, Steve Guerdat et Dynamix de Bélhème survolent le parcours et s’en vont chercher la médaille d’or, laissant du même coup l’argent à Philipp Weishaupt d’argent et le bronze au meilleur cavalier tricolore du moment. “Je ramène une petite médaille à la maison, c’est chouette!”, se réjouit celui-ci. “Le bilan de ces championnats est très positif pour moi. Dubaï du Cèdre n’avait pas encore beaucoup d’expérience car elle n’a que dix ans. Elle a déroulé un championnat incroyable, durant lequel nous n’avons commis que deux fautes en cinq parcours. Elle a montré qu’elle avait la rage, qu’elle tenait la route et la distance; elle n’était même pas fatiguée aujourd’hui! Je dirais même que c’est aujourd’hui qu’elle était le plus disponible. C’est de bon augure pour la suite!” “Nous sommes très fiers de rentrer avec une médaille de bronze individuelle. Julien est vraiment sur la pente ascendante avec Dubaï du Cèdre ” déclare quant à elle Sophie Dubourg, Directrice technique nationale. Et le sélectionneur et chef d’équipe tricolore, Henk Nooren, d'ajouter: “Cette médaille de bronze est une récompense, pour Julien, qui la mérite vraiment, et aussi pour toute l’équipe de France. Ce que je retiens aujourd’hui, c’est que nous avons vraiment deux très bonnes juments avec Dorai d’Aiguilly*GL Events  (la monture d’Olivier Perreau, ndlr) et Dubaï du Cèdre. Elles ont tous les moyens et tout le mental pour faire partie de l’équipe l’année prochaine.” Rendez-vous est donc pris pour les Jeux olympiques de Paris, où tous les cavaliers français, Julien Épaillard en tête, auront à cœur de ravir leur public.