“Si Philippe Guerdat pense que nous sommes prêts pour Tryon, nous irons”, Alexis Deroubaix

Il est l’un des nouveaux visages de l’équipe de France de saut d’obstacles. À trente ans, Alexis Deroubaix a franchi un sacré cap cette année, obtenant un nombre de classements remarquable, du Grand National jusqu’en CSI 5*. Dimanche, il a encore été le meilleur dans le Grand Prix CSI 4* de La Corogne, concluant ainsi un week-end riche en succès. Cette ascension, il la doit notamment à l’incroyable Timon d’Aure, le Selle Français de onze ans par Mylord Carthago. Protégé de la famille Chenu, le gris pommelé pourrait bien permettre au Nordiste d’origine et Normand d’adoption d’atteindre les sommets de sa discipline. Et pourquoi pas jusqu’aux Jeux équestres mondiaux de Tryon, en septembre ? Nous avons posé la question au discret et mesuré Alexis Deroubaix.  



Ici à La Corogne, Alexis Deroubaix et Timon d'Aure sont en route vers une nouvelle victoire en Grand Prix.

Ici à La Corogne, Alexis Deroubaix et Timon d'Aure sont en route vers une nouvelle victoire en Grand Prix.

© Manuel Queimadelos/CSI 4* La Corogne

GRANDPRIX-Replay.com : Le week-end passé au CSI 4* de La Corogne, vous avez réalisé de très bons résultats, pouvez-vous revenir sur le concours espagnol ? 
Alexis Deroubaix : À La Corogne, j’avais emmené Timon d’Aure et Secret du Pays d’Auge. Tous deux ont réalisé un super concours, puisqu’ils n’ont pas fait tomber la moindre barre et effectué neuf sans-faute à eux deux. Secret est deuxième le premier jour dans une épreuve à barrage, derrière Eric van der Vleuten, avant de se classer le lendemain et dimanche, sans que je n’aille très vite. Le premier jour, Timon est quatrième d’une épreuve à 1,50m sans tout donner. Samedi, dans un winning round à 1,50m il est deuxième au terme d’un barrage disputé. Nous avons fait le choix de l’engager le lendemain dans le Grand Prix. C’est la première fois que nous le faisions sauter trois jours de suite, afin qu’il puisse s’endurcir. Dimanche, il a une fois de plus réalisé un formidable sans-faute rapide dans la première manche, ce qui nous a permis de partir derniers dans la seconde. Étant donné que je savais qu’il n’y avait que deux sans-faute avant moi, j’ai pu en tirer profit. 
 
GPR. : Depuis janvier, Timon d’Aure a réalisé une saison assez remarquable, quel bilan tirez-vous de ces derniers mois ? 
A.D. : Nous avons franchi les étapes progressivement. Timon était déjà très performant les deux années précédentes, mais cette année, il est vraiment au point. Il a désormais onze ans et du métier. En plus de cela, je le connais par cœur. C’est un cheval avec une qualité formidable ; il est respectueux, courageux, et a toutes les qualités d’un bon cheval de concours. Cette année, il ne loupe vraiment pas beaucoup de Grands Prix ! Il a tout de suite répondu présent en début d’année, en remportant le Grand Prix du Grand National de Royan, avant d’enchainer sur de bons résultats comme par exemple la victoire dans le Grand Prix CSI 4* de Bourg-en-Bresse. Je pense qu’il a un pourcentage de classements vraiment important. 
 
GPR. : Quel sera le plan pour la suite en ce qui le concerne ?
A.D. : Timon va profiter de deux semaines de repos, avant de se rendre au CSIO 5* de Dublin. Pour la suite, nous irons sûrement à Valence à la fin du mois d’août, puis nous verrons ensuite quels seront les plans. 


“Kevin Staut est un pilier pour l’équipe de France”

Pour le Normand, Secret du Pays d'Auge dispose de toutes les qualités pour atteindre le même niveau que Timon d'Aure.

Pour le Normand, Secret du Pays d'Auge dispose de toutes les qualités pour atteindre le même niveau que Timon d'Aure.

© Scoopdyga

GPR. : Votre nom circule pour les Jeux équestres mondiaux, cette échéance est-elle dans un coin de votre tête ? 
A.D. : Tout est possible, mais rien n’est gagné. C’est une éventualité, et si le sélectionneur national Philippe Guerdat pense que nous sommes prêts, nous irons. Sinon, il n’y a pas de drame. Cela pourrait représenter une superbe expérience, mais je n’en fais pas une obsession. Avec les chevaux, rien n’est jamais acté, on peut être au sommet un jour et tomber dès le lendemain. 
 
GPR. : Comment s’est déroulée votre intégration en équipe de France première ?
A.D. : Tout s’est fait très naturellement, dans la simplicité. Kevin (Staut, le numéro un français, ndlr) en est le pilier. Il est humainement très accessible, et apporte une certaine sérénité, sans jamais en faire de trop.   
 
GPR. : Quels sont vos ambitions avec Secret du Pays d’Auge ? 
A.D. : Secret a le potentiel pour être un bon cheval de tête. Il va sauter des épreuves intéressantes à Dublin, à 1,50-1,55m. Si je n’avais pas pu emmener Timon à La Corogne, il aurait tout à fait été à la hauteur prendre part aux épreuves majeures de samedi et dimanche. L’objectif sera de l’emmener comme premier cheval sur des CSI 4*, car il en a les capacités. 
 
GPR. : Vous êtes notamment épaulé par Gilles Botton et Henri Prudent, comment cela-s’organise-t-il ?
A.D. : Gilles Botton, un ami, peut parfois monter certains de mes chevaux, notamment Aldo du Plessis avec qui il peut m’arriver d’avoir un peu de mal sur le plat. Par ailleurs, Henri Prudent vient me conseiller assez régulièrement, au moins une fois par mois. C’est un grand ami de la famille Chenu, et pouvoir bénéficier de son savoir est génial. Avant la Corogne, il est par exemple venu me faire sauter le lundi. Il est vraiment simple de travailler avec lui, car il est toujours dans la “positive attitude”. Ça met la patate !