Rhinopneumonie : la situation empire à Valence… et en France

À Valence, l’épizootie de rhinopneumonie équine est malheureusement loin d’être de l’histoire ancienne. Depuis hier, GRANDPRIX est resté en contact avec Marc Noury, père d’une jeune cavalière engagée dans le CSI 1* et qui a décidé de rester sur place avec son cheval, comme tous les élèves du professionnel francilien Franck Curti. Pour l’heure, il faut bien reconnaître que ces cavaliers n’ont guère été récompensés de ce choix juste, fondé sur le principe de précaution, à mettre en rapport avec celui de nombreux autres professionnels, y compris parmi les plus expérimentés, de partir dès samedi dernier, courant le risque de propager un virus extrêmement dangereux et contagieux. En effet, si de nombreux concours sont organisés une bonne partie de l’année à Valence et Oliva, non loin de là, cette région d’Espagne n’est pas du tout aussi bien équipée en infrastructures vétérinaires que la Normandie, l’Île-de-France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Angleterre, l’Irlande ou encore les régions du nord de l’Allemagne. À en croire les Français restés à Valence, la clinique locale serait pleine. “Concernant notre barn de dix-sept boxes, la situation empire. Quatre chevaux ont dû être amenés en clinique: deux à Valence et deux à Barcelone, à environ trois cent cinquante kilomètres d’ici… La clinique d’Alicante conserve des places disponibles (en cas de besoin, ndlr) pour des chevaux concourant à Oliva. Et celle de Madrid a refusé d’en accueillir a priori sans donner de raison”, décrit Marc Noury.

Hier, la Fédération équestre internationale s’est engagée à faire venir sur place cinq vétérinaires pour épauler les deux qui se relaient courageusement depuis une semaine. Elle a visiblement tenu parole, mais la bataille pour la vie des chevaux est encore loin d’être gagnée. “Les renforts vétérinaires sont arrivés, mais nous sommes désormais en phase 2 de l’épidémie donc des places en clinique sont indispensables. Et il n’y en a plus. Les vétérinaires essaient de monter un hôpital de campagne sous une tente mais le gros problème réside dans le fait qu’il n’y a aucun palan pour suspendre les chevaux. Or, cet outil est indispensable à ce stade de l’épidémie. Il n’y a aucun médicament en quantités suffisantes non plus. Nous avons déjà opéré deux transports aériens depuis la France et un troisième va s’avérer indispensable dès lundi”, ajoute le Français, qui déplore toujours l’absence de nouvelles de la part de la Fédération française d’équitation.

Selon le Dr Christophe Schlotterer, interrogé cette semaine par GRANDPRIX, qui a publié ce soir une vidéo très impressionnante du relevage mécanique d’un cheval atteint par les symptômes neurologiques de ce variant de la rhinopneumonie (voir ci-dessous), il y aurait plusieurs foyers en France, dont au moins quatre avérés en Seine-et-Marne, ce que confirme à peu près le réseau d’épidémiosurveillance de la filière équine (RESPE). “Je pense très profondément que le confinement des chevaux et l’arrêt immédiat des compétitions nationales et a fortiori internationales est la seule solution pour endiguer cette épidémie. J’attends que la Fédération française d’équitation et la Fédération équestre internationale prennent leurs responsabilités maintenant et sans tarder car la situation est grave et pourrait devenir catastrophique dans quinze jours”, prévient le vétérinaire.