Bernadette Le Goupil nous a quittés après quatre-vingt-six années au service des autres

Après avoir eu la chance d’admirer le travail accompli par son fils Pierre lors de l’épreuve de cross des Jeux olympiques, dont il était le chef de piste, Bernadette Le Goupil, quatre-vingt-six ans, s’est éteinte ce samedi 17 août avec ses proches à ses côtés. Elle rejoint ainsi son mari, André, disparu le 17 février 2023, avec qui elle vécut de nombreuses aventures équestres.

Bernadette et son regard bleu perçant...quiconque l’a un jour croisé(e) s’en souvient. Ce “petit bout de femme”, sans misogynie aucune, avait de la volonté et de l’envie à revendre. Issue d’une fratrie de treize – oui vous lisez bien ! -, elle en garda une détermination sans faille. Elle fut la première femme française groom lors des Jeux olympiques de Tokyo en 1964, et fut invitée à défiler avec les autres athlètes en tenue officielle. Une consécration inattendue pour elle et qui fit longtemps la fierté de son époux et de toute une région! Car les Le Goupil portent en eux un véritable héritage équestre normand, fait de victoires sportives, de combats pour la filière, de chevaux marquants. Cavalière émérite, Bernadette éleva quatre garçons tous contaminés par le virus du cheval, atavisme familial oblige: Jean l’aîné, instructeur, Pierre, le créatif, chef de piste consacré, André-Jacques, le speaker qui révolutionna la façon d’animer les événements équestres, et Guillaume, enseignant d’équitation et longtemps aux rênes de la ferme de Carneville, l’écurie familiale située à Martinvast. Cette commune devint d’ailleurs célèbre à travers le monde pour son Grand Complet, concours complet national puis international mis sur pied par l’association Ustica, organisatrice des championnats d’Europe 2023 au Haras du Pin, dont le siège se trouve toujours au cœur de la ferme. Bernadette en fut l’une des chevilles ouvrières. Elle mobilisait chaque année sans relâche les cavaliers pour soutenir l’association d'équithérapie “Les Rênes de la Vie” en portant un petit flot accroché à leur tapis durant les épreuves. Le don de soi, Bernadette, discrète mais terriblement efficace, l’avait chevillé au corps, comme cette passion pour les chevaux qu’elle a transmis à des générations de jeunes. “Elle s’est endormie pour rejoindre son amoureux, son Champion de mari, [samedi] après-midi, en me tenant la main et sur une magnifique chanson de la cantatrice Jessye Norman”, a déclaré André-Jacques Le Goupil, qui veillait sur elle depuis quelques années. “Il y avait même un splendide rayon de soleil qui traversait la fenêtre de sa chambre.”

Bernadette semblait apaisée. Elle avait pu regarder à la télévision avec ses autres fils le magnifique cross que Pierre a imaginé pour les Jeux Olympiques dans le Château de Versailles. Puis a bien sûr appris tous les éloges qui en ont été faites. “Et quelques jours plus tard, elle est partie comme si elle devait aller le raconter à André, j'en suis sûr, comblée de fierté”, ajoute André-Jacques.

Toute la rédaction de GRANDPRIX s’associe à la peine de ses proches, et notamment ses fils Pierre et André-Jacques. Les obsèques de Bernadette auront lieu le vendredi 23 août à 14h30 en l’église de Martinvast.