Vagabond de la Pomme s’est éteint, emportant avec lui l’écho de très belles années du saut d’obstacles français

Vagabond de la Pomme s’est éteint ce 29 octobre, à l’âge de vingt ans. Après avoir largement contribué à certaines des plus grandes heures du saut d’obstacles français, l’étalon sBs a donc définitivement tiré sa révérence après avoir quitté le sport à la fin de l’année 2018 afin de se consacrer à la reproduction au haras de Clarbec. Au cours de sa carrière, Vagabond de la Pomme a foulé presque toutes les pistes les plus prestigieuses du globe, telles que celles de Genève, Aix-la-Chapelle, Paris, Londres, ou encore Anvers.

“C’est un Grand Monsieur du saut d’obstacles qui s’en va”, peut-on lire dans la publication du haras de Clarbec, fondé par la famille Mégret. “Il nous a fait rêver et nous pensons aujourd’hui à tous les bons moments que nous avons passés avec lui. Merci à toute l’équipe qui l’a entouré au quotidien, à qui il laissera le souvenir d’un cheval au caractère en or, d’une gentillesse et d’un courage extrêmes. Son histoire continuera de s’écrire à travers ses descendants qui brillent sur les terrains du monde entier. Adieu Champion!”.

Alors qu’il était âgé de quatre ans, le charismatique bai, né du croisement entre Vigo d’Arsouilles et Sauterelle de la Pomme, une fille de For Pleasure issue de la souche de Qerly Chin, avait effectué ses premières apparitions en concours en Belgique avec Kurt De Clerq. Dans des épreuves réservées aux jeunes chevaux et selon la base de données de la Fédération royale belge des sports équestres (FRBSE), l’étalon était sorti de piste sans pénalité à cinq reprises sur six parcours. Au début de sa carrière au plus haut niveau, son éleveur Geert Baertsoen expliquait: “Je n'avais jamais vu un poulain se déplacer ainsi. Quand nous l'avons fait sauter pour la première fois à l'âge de dix-huit mois, nous avons bien vu qu'il avait quelque chose d'extraordinaire”. Durant son année de cinq ans, c’est sous la selle de Luc Couteaudier qu’il a concouru, se forgeant ainsi, petit-à-petit, de bonnes premières expériences avant d’être monté par Delphine Perez à six ans et au début de son année de sept ans. Dès ses débuts internationaux avec Pénélope Leprevost en 2013, Vagabond a impressionné la planète jumping. Pour sa première épreuve comptant pour le classement mondial, il s’est classé sixième d’un Grand Prix 2*, donnant le ton pour les saisons suivantes. D’ailleurs, lors de son tout premier Grand Prix à 1,60m, de label 3* et disputé à Vejer de la Frontera en début de saison 2014, il n’a pas manqué de signer également un sans-faute! En 2015 et alors qu’il n’était encore âgé que de neuf ans, Pénélope Leprevost l’a choisi pour prendre part à la Finale de la Coupe du monde Longines de Las Vegas, qui allait se révéler extrêmement sélective. Là, le charismatique bai a décroché une très brillante deuxième place, terminant juste derrière  Albführen's Paille de la Roque, montée par Steve Guerdat. Avant cette traversée de l’Atlantique, nul n’imaginait le couple performer de la sorte dans le Nevada! “L’objectif était vraiment de prendre de l’expérience. Mais il s’est classé sixième de la Chasse, a réalisé une bonne deuxième qualificative et a remporté la manche finale, ce qui lui a permis de terminer deuxième! Nous ne nous attendions pas à un tel classement, mais nous étions ravies!”, avait alors précisé Élise Mégret, dont on ne peut qu’imaginer la peine ce soir. Deux ans plus tard, le duo avait terminé deuxième d’un Grand Prix 5* du Saut Hermès extrêmement difficile sous la verrière du Grand Palais, après avoir signé un tour initial tout bonnement magistral.

Si Vagabond de la Pomme n’a participé qu’à un seul grand championnat international extérieur – lors des Européens de Göteborg en 2017 – rappelons qu’en 2016, il figurait tout de même sur la liste des chevaux pressentis pour se rendre aux Jeux olympiques de Rio. Si c’est finalement la crackissime Flora de Mariposa qui avait fait le déplacement au Brésil, contribuant au titre collectif de la France, Pénélope Leprevost avait tout de même souligné quelques mois avant l’échéance “qu’à la base, Vagabond était plutôt un plan B pour Rio, mais finalement, il [était] devenu un second plan A!”. Pour cause, cette année-là, et alors qu’il était âgé de onze ans, l’étalon avait terminé deuxième du Grand Prix 5* de Bâle, septième de celui de Bois-le-Duc, troisième du Grand Prix du Longines Global Champions Tour de Paris, sans oublier la victoire qu’il avait obtenue dans la Chasse de la finale de la Coupe du monde Longines de Göteborg - où il avait terminé huitième au classement général - et son superbe double sans-faute dans la Coupe des nations de Rome. Après une saison exceptionnelle, le couple qu’il formait avec Pénélope Leprevost était sorti sans la moindre pénalité de la très convoitée Finale du Top Ten Rolex IJRC de Genève. Après la fin de la collaboration entre le haras de Clarbec – qui avait fait l’acquisition du cheval durant l’été 2012 – et la cavalière normande, survenue en février 2018, Vagabond avait rejoint les écuries de Nicolas Delmotte avec lequel il était notamment sorti sans faute du Grand Prix du CSIO 5* de Sopot. Plus tard dans la saison, il avait concouru sous la selle de Félicie Bertrand. 

Au vu de toutes les performances de haut rang accumulées par Vagabond de la Pomme, nombre d’éleveurs ont fait confiance à l’étalon pour leurs juments. Un choix judicieux puisqu’aujourd’hui, il est le père de dix-neuf descendants vus en épreuves à 1,60m, selon les données de HorseTelex. Parmi ces produits, impossible de ne pas citer le brillant Grand Duc du Paradiso, auteur d’un double sans-faute en finale des Coupes des nations européennes avec Sara Brionne début septembre, et qui fait tourner bien des têtes depuis quelques mois. Quant à Major Tom, né Nielsdaka van de Rhamdia Hoeve, il a offert à Rodrigo Pessoa une quatrième place dans le Grand Prix Rolex du CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle en 2023, et a aussi terminé deuxième dans le Grand Prix Rolex du CSIO 5* de Dublin cette année. Parmi ses autres produits, on peut également retrouver FBI d’Ellipse, vu en équipe de France avec Robin LeSqueren cette saison, ou encore Dune du Ru, particulièrement efficace dans les derbies les plus cotés de la planète avec Emeric George. Les filles de Vagabond se révèlent aussi être d’excellentes génitrices, à l’instar de Julia van de Donkhoeve, mère du tout bon Impress-K van het Kattenheye, un fils d’Indoktro K van het Kattenheye vainqueur en Grand Prix 5* à seulement neuf ans et médaillée d’or par équipes aux Européens de La Corogne cet été avec Thibeau Spits.

GRANDPRIX adresse toutes ses pensées à l’équipe du haras de Clarbec et à toutes les personnes qui ont croisé la route du crack.