’’Upsilon est un joyau pour le complet français’’, Thomas Carlile

Partie intégrante de l’équipe de France médaillée de bronze aux championnats d’Europe de Blair Castle, Thomas Carlile a démarré la nouvelle saison sur les chapeaux de roues en prenant les première et troisième places de la Pro Élite de Saumur, respectivement associé à Upsilon, vice-champion du monde des sept ans qui faisait ses débuts à ce niveau, et Sirocco du Gers, son compagnon en terres écossaises. Armé donc d’un beau piquet, le complétiste, plus que jamais prêt à porter haut les couleurs de la France à travers le monde, a accepté de se confier sur les échéances à venir à GrandPrix-replay.



GrandPrix-replay : La saison commence très bien pour vous puisque vous remportez la Pro Élite de Saumur avec Upsilon, qui faisait ses débuts à ce niveau, et prenez la troisième place avec Sirocco du Gers. Pouvez-vous revenir sur ce week-end ?
Thomas Carlile : Je suis enchanté, Upsilon et Sirocco du Gers se sont très bien comportés. Ils ont bien travaillé cet hiver, nous avions fait un super travail sur le plat avec Serge Cornut et sur les barres, les chevaux ont continué à évoluer. Ce week-end, j’ai vraiment senti qu’ils ont tous deux mûri, ils ont passé un cap. Gagner c’est une chose mais les deux chevaux ont fait de belles épreuves et c’est ce qui compte. Sirocco a déroulé l’une de ses meilleures reprises et il a plutôt bien sauté malgré son petit quatre points dans l’épreuve sur l’hippique. Je suis très satisfait de sa course sur le cross car c’est un cheval qui fait preuve de beaucoup de courage mais qui est souvent pris par son excès de volonté. Dimanche, il a vraiment bien sauté du début à la fin, cela m’a permis de passer à une vitesse supérieure à celle qu’il pouvait faire l’année dernière. C’est de très bon augure pour la suite. La saison va être relativement courte avec un enjeu très important et une sélection à la clef. Commencer sur le bon pied était donc très important pour moi car j’ai envie d’atteindre les objectifs que je me suis fixés.
 
GPR. : Upsilon est-il donc prêt pour le très haut niveau ?
T. C. : Je ne peux pas dire qu’il est confirmé sur le haut niveau mais cela ne l’a pas émoustillé de remporter l’étape de Saumur ce week-end. Il a déroulé une saison exemplaire l’année dernière et a gagné des CCI 2* à l’étranger face à des chevaux d’âge. Dès le début de la saison, à huit ans, il entre de pied ferme dans la compétition sur le circuit du Grand National et donc sur des courses de niveau pré-olympique. Je ne peux qu’être ravi ! Il découvre le haut niveau, a de très belles manières, est plein de qualités et possède un talent incroyable. C’est un cheval qui va vite être à l’aise à ce niveau. Malgré tout, cela reste un cheval, ce n’est ni un robot ni une machine. Aucun cheval n’est à l’abri d’un loupé, parfois cela ne dépend pas du cheval mais du cavalier ou d’un facteur tout autre qu’on ne contrôle pas. Bien entendu, il y a aura des loupés mais il en a très peu à son actif. Upsilon est tellement attendu, on a presque l’impression que tout le monde tente de noter ses erreurs mais il ne faut pas oublier toutes ses victoires, il n’a pas couru beaucoup de courses mais il répond présent à chaque échéance. C’est un cheval qui est très agréable à regarder dans les trois disciplines. C’est un joyau pour le complet français et c’est à moi d’en prendre soin.
 
GPR. : Sirocco du Gers a, lui aussi, déroulé de beaux parcours en ce début d’année. Quel est le programme pour lui ?
T. C. : Il va courir la Coupe des nations à Fontainebleau, il est engagé dans le CICO 3* afin de le confronter à un terrain ou il y a beaucoup d’ambiance et à la concurrence étrangère. Nous sommes tous impatients de retrouver Michael Jung, c’est quand même la référence ! Ce concours fait partie de la préparation olympique, nous aviserons donc selon la façon dont il se déroule.
 


’’Il ne faut pas oublier que Sirocco ne m’a jamais déçu’’

GPR. : Cette année, dans le Grand National, vous formez de nouveau équipe avec Nicolas Touzaint, avec lequel vous êtes sortis vainqueur l’an passé. Comment abordez-vous cette nouvelle édition du circuit ?
T. C. : Je l’aborde de la même façon que l’année dernière. Lors de l’édition précédente, nous étions annoncés comme l’équipe à battre, la ’’Dream Team’’, et nous l’avons confirmé. Cette année, nous partons en grands favoris. Pouvoir de nouveau compter sur Nicolas et sur mon piquet de chevaux qui s’étoffe est vraiment une bonne chose. Nous sommes tous les deux très contents. Cependant, Karim Laghouag et Gwendolen Fer nous talonnent dès la première étape. Il va falloir être très présents sur les cinq étapes pour tenter de remporter le circuit. Cela ne va pas être simple mais nos chevaux sont en forme, nous sommes deux pilotes qui ont déjà remporté le Grand National et nous sommes capables de le faire une nouvelle fois. Nous sommes assez confiants mais il faut prendre les étapes une par une.
 
GPR. : En vue des Jeux olympiques, misez-vous plutôt sur Upsilon ou sur Sirocco ?
T. C. : Avec Upsilon, je procède étape par étape. Il ne faut pas oublier que c’est un jeune cheval. Les Jeux olympiques constituent une très belle échéance mais je pense que la carrière qu’il a devant lui est encore plus belle. L’idée est de continuer à le former pour le haut niveau durant le printemps. Je ne veux pas le forcer à tout prix à courir les jeux. Si le jour de la sélection, il intéresse Michel Asseray et Thierry Touzaint et qu’il a montré qu’il pouvait être performant et fiable, il faudra y réfléchir. Ce sera lui qui nous dira si nous devons viser cette échéance ou si nous ferions mieux de le préserver pour les championnats d’Europe de Strzegom, l’année suivante, et pour les Jeux équestres mondiaux de Bromont, en 2018. Je n’ai pris aucune décision à son sujet, je veux procéder course par course afin qu’il poursuive son évolution. Le jour de la sélection, les chevaux nous diront qui a sa place et qui ne l’a pas. Si nous avons un choix à faire, ce sera mûrement réfléchi. La priorité est donnée aux chevaux, puis à la performance de l’équipe de France. Et puis il ne faut pas oublier que Sirocco est, lui aussi, un très bon partenaire, et qu’il ne m’a jamais déçu. Il a beaucoup compté l’été dernier en Écosse lors des championnats d’Europe de Blair Castle. J’aimerais aussi réussir à qualifier Quiro Hoy, qui a séduit le staff en 2014. Il va bientôt faire son retour sur les terrains de concours. Si j’arrive à avoir ces trois chevaux qualifiés et en bonne forme fin juin après l’étape du Grand National au Haras du Pin, je pense qu’on aura de très bonnes questions à se poser.
 
GPR. : Avez-vous d’autres chevaux pour courir au niveau 3* ?
T. C. : Oui, j’ai Opium de Boissy qui a commencé les 3* l’an dernier et qui a couru à Boekelo, en octobre dernier. Il s’y était légèrement blessé mais il va bien et a déjà repris le travail, et il retournera en concours début avril. J’ai également Roiferro du Maupas, qui m’a été confié par Alexandre Arhuis-Grumbach cet hiver. Gangster al Maury est un peu en seconde ligne, il appartient à Renée Laure Koch. Pour l’instant, je le garde pour les épreuves de niveau intermédiaire mais il pourra intégrer le circuit CIC 3* dans quelques temps. Je ne veux pas être débordé avec trop de chevaux à haut niveau car cela prend beaucoup de temps. Il y a aussi Umperium du Richemont, que j’ai en copropriété avec Nicolas Touzaint. Il a couru le mondial du Lion d’Angers avec lui l’an dernier et il est qualifié pour les 3*. Je dois me faire un peu la main avec ce cheval au début du printemps mais c’est un cheval que j’espère amener sur les épreuves 3* pendant l’été.
J’ai donc pas mal de chevaux à travailler et à emmener en compétition. J’ai également trois bons chevaux de sept ans, Vinka’s, Venega d’Anchat et Vassily de Lassos qui a remporté l’épreuve des sept ans à Saumur ce week-end. Ils vont bientôt participer à des concours de niveau 2*. Aujourd’hui, je suis enchanté de mon écurie, pourvu que cela dure !
 
GPR. : Quel est votre programme pour les semaines à venir ?
T. C. : Demain, mon équipe B démarre à Fontainebleau sur la Pro 2 et je continue à former les jeunes chevaux. À partir de lundi, mes chevaux de quatre, cinq et six ans démarreront à Fontainebleau. Je profite un peu du répit que j'accorde aux chevaux ayant couru le Grand National ce week-end pour alterner la formation de ces chevaux-là. Maintenant que la saison est enclenchée il faut parvenir à jouer sur tous les terrains !