'THIERRY TOUZAINT RÊVE D?UNE MÉDAILLE D?OR', MICHEL ASSERAY



L’équipe de France composée d’Astier Nicolas, Thomas Carlile, Pascal Leroy et Maxime Livio est montée sur la troisième marche du podium lors du CICO 3* d’Aix-la-Chapelle. Juste avant la remise des prix, GrandPrix-Replay.com a recueilli les impressions de Michel Asseray, le directeur technique national adjoint en charge du concours complet. L’ancien juge revient sur les performances réalisées par les cavaliers tricolores ce week-end et livre ses espoirs en vue des Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie, mais aussi des prochains Jeux olympiques.

 

GrandPrix-Replay.com : Quel bilan tirez-vous des performances des cavaliers français ce week-end ?

Michel Asseray : Au départ, le concours d’Aix-la-Chapelle n’était pas dans notre programme, mais Thierry Touzaint et moi voulions depuis longtemps y envoyer une équipe tricolore. Nous avons changé de stratégie et nous avons pris la bonne décision puisque nous avons remporté la médaille de bronze ! Tous nos cavaliers ont réalisé de belles choses. Ce week-end, tous les couples ont pris du métier. Aix-la-Chapelle est un de ces concours mythique dont on apprend toujours quelque chose. Le dressage s’est très bien passé. J’ai pu apercevoir quelques fautes bêtes à l’obstacle. L’équitation de tous nos cavaliers n’est pas parfaite, il ne faut pas se mentir, mais je suis très satisfait. Pascal Leroy et Minos de Pétra ont parfaitement joué leur rôle d’ouvreurs. Nos espoirs de titre individuel reposaient sur les épaules de Thomas Carlile. Il a pris le départ avec Quiro Hoy sans que nous lui mettions la pression puisque nous étions déjà assurés de remporter une médaille. Il a joué le jeu et s’est lancé dans la course à la victoire. Même s’il n’a pas réussi à monter sur le podium, je suis content de ce qu’il a fait. Nous ne pouvons pas toujours tout avoir. Quoiqu’il en soit, il a rendu un énorme service à l’équipe. En plus, les cavaliers ont été confrontés à une pression différente de celle qu’ils rencontrent d’habitude. C’est un bon entraînement en vue des mondiaux. Je pense aussi que ce week-end à Aix-la-Chapelle a permis à Thierry Touzaint de mieux connaître ces couples pressentis pour représenter les couleurs de la France lors des JEM, et que cela l’aidera dans ses choix.

GPR. : Thierry Touzaint révélera la liste des cavaliers français sélectionnés pour les JEM dans neuf jours. Qu’attendez-vous de cette équipe tricolore?

M. A. : La France doit renouveler son image dans le monde du concours complet. Nous apparaissons toujours un peu en retard. Les Jeux équestres mondiaux sont une compétition de très haut niveau. C’est l’occasion rêvée pour nous de redorer notre blason, d’autant plus qu’ils se déroulent à domicile! Néanmoins, une telle échéance requiert une très bonne préparation. Qui mieux que Thierry Touzaint est capable de construire une équipe capable de s’emparer d’une médaille? Il a été un très grand cavalier et il exerce ce métier de sélectionneur depuis plus de vingt ans. Il a une véritable connaissance de sa discipline. Nous sommes amis depuis très longtemps, mais ce n’est que depuis que nous nous sommes lancés dans cette aventure commune que nous avons abordé la partie technique de la construction d’une équipe. C’est très enrichissant. Il a toujours su sentir les choses. Je suis sûr qu’il fera les bons choix. Nous serons présents en Normandie pour donner le maximum. Thierry Touzaint rêve d’une médaille d’or. Nous prendrons probablement quelques risques pour tenter d’y parvenir. Lors du dernier stage de préparation qui aura lieu à Granville, sélectionneur et cavaliers vont vivre ensemble pendant trois semaines. C’est important pour la cohésion du groupe et pour les performances à venir. L’obtention d’une médaille se prépare bien avant le début de la compétition.

GPR. : À Aix, la France a présenté une très jeune équipe avec Astier Nicolas, Maxime Livio et Thomas Carlile. Malgré leur toute relative inexpérience, ils ne semblent pas craindre les géants tels que le Britannique William Fox-Pitt, le Néo-Zélandais Andrew Nicholson ou l’Allemand Michael Jung…

M. A. : Ce sont de bons gamins. Ils sont très motivés et ont vraiment envie de bien faire. Parfois nous sommes même obligés de les freiner. Le concours complet est une discipline compliquée dans laquelle il est très facile de se disperser. Ce week-end, pour nos jeunes, il était très tentant d’aller prendre des leçons en allant voir Totilas ou Marcus Ehning, mais ils ne devaient pas oublier qu’ils évoluent en complet. Je leur ai d’ailleurs répété plusieurs fois de ne pas perdre de vue leur but. En tout cas, j’ai confiance en eux.

GPR. : Avec ses meilleurs couples, l’Allemagne a écrasé la compétition à Aix-la-Chapelle avec l’or par équipes et les trois premières places en individuel. Pensez-vous que l’équipe de France soit capable de battre la Mannschaft lors des Jeux mondiaux?

M. A. : Je crois que personne n’est réellement intouchable. Le sport reste le sport. Tout peut arriver. Les Néo-Zélandais qui paraissaient très forts il y a un an ne le sont finalement pas tant que ça. Il faut toujours y croire. Rien n’est jamais joué d’avance.

GPR. : Au-delà des JEM, comment envisagez-vous l’avenir du complet français ?

M. A. : Thierry et moi travaillons sur un très beau projet. Les cavaliers présélectionnés qui n’iront pas cet été en Normandie se prépareront pour les prochains Jeux olympiques. Nous sommes dans une très belle dynamique. Nous avons déjà repéré de nouveaux couples très prometteurs, et même des cavalières! Depuis le temps qu’on nous réclame des femmes en équipe de France (la présence féminine est courante voire très courante en Grande-Bretagne, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Australie et en Nouvelle-Zélande, notamment, ndlr), ce serait bien que nous puissions en amener quelques-unes au plus haut niveau. Je suis très confiant à ce sujet

Propos recueillis par Sébastien Roullier