'QUE DE GÂCHIS ET DE TEMPS PERDU', HUBERT BOURDY



 Classé, sans être nommé, parmi les "devis sportifs" que le président de la Fédération française d’équitation, Serge Lecomte, a opposé aux quelques rares "projets sportifs que la FFE ait reçu ces derniers mois" (lire ici), Hubert Bourdy a tenu à apporter quelques précisions, dans un communiqué de presse.


"J’ai été contacté par le vice-président de la Fédération Jacques Robert, le 4 janvier, qui m’a proposé d’une manière très floue le poste d’entraîneur sélectionneur de l’équipe de France de saut d’obstacles.

 
 
J’ai immédiatement consulté les cavaliers susceptibles de faire partie de l’aventure (Roger-Yves Bost, Kevin Staut, Olivier Guillon, Patrice Delaveau, Simon Delestre…) qui m’ont plébiscité sans ambiguïté. J’ai même été en relation téléphonique avec Jean-Maurice Bonneau, Henri Prudent et Philippe Léoni, qui étaient ou avaient été pressentis pour ce poste avant moi. Tous m’ont alerté, d’une part, sur la lenteur de réaction de la Fédération et, d’autre part, sur la divergence de vue quant à la teneur de la mission. Pour Serge Lecomte, il ne s’agissait en effet que d’une mission d’une centaine de jours alors que nous pensions tous qu’un investissement total et à plein temps était indispensable.

 
 
Malheureusement pendant plus de trois semaines, n’ayant plus aucune nouvelle de la Fédération, j’ai dû moi-même solliciter en urgence un rendez-vous avec le président dans les locaux fédéraux, à Boulogne, le 5 février.
J’exposais donc mon projet sportif et mes demandes financières, qui étaient jugées trop élevées, notamment à cause d’un montant de TVA à 19,6 % que la Fédération ne récupère pas en tant qu’association. Contrairement aux allégations de M. Lecomte, les conditions financières n’ont fait l’objet que d’une discussion de dix minutes sur plus de deux heures de débats consacrés au sport.

 
 
Un coup de fil laconique du vice-président Jacques Robert me signifiait le 8 février que ma candidature n’était pas retenue pour des raisons financières. Voilà pour ce qui est de l’historique.
Cependant, la méthode employée, le manque de correction dont a fait preuve la fédération (lenteur, absence totale de relation pendant des semaines) m’amènent à quelques réflexions. Tout d’abord, ma demande de rétribution jugée exorbitante était très proche de celle allouée à Henk Nooren pour les premières années de son contrat, TVA mise à part.

 
 
Que penser de la nomination successive à la tête de l’équipe de France, une des plus grandes nations équestres à la tradition ancestrale, de deux entraîneurs étrangers, l’un Hollandais, Henk Nooren, et l’autre Suisse, Philippe Guerdat ? N’y a-t-il personne en France capable de mener cette équipe ? Peut-on imaginer pareille situation en Allemagne, par exemple où deux de leurs plus grands champions H. Hengkmann et Otto Becker sont à la tête de l’équipe nationale, l’une des meilleure du monde.

 
 
Que dire des refus successifs de grandes personnalités équestres françaises, tel que Patrick Caron, Jean-Maurice Bonneau, Henri Prudent, Philippe Léoni qui ont été sollicités avant moi. Leur vision de l’excellence s’est heurtée directement à la politique fédérale d’une médiocrité accablante dans tous les domaines et toutes les disciplines. Que veut dire une mission de cent jours prônée par la Fédération alors que toutes les personnes citées plus haut, animées par une passion dévorante du sport, que tous les lecteurs connaissent, entendaient s’y consacrer corps et âmes à plein temps. Le haut niveau, en effet, ne s’accommode pas de limites.

 
 
Heureusement, le noyau dur de l’équipe de France est constitué de cavaliers extrêmement talentueux, très bien organisés, professionnellement soutenus par des propriétaires exceptionnels, motivés uniquement par le sport de très haut niveau et portés par l’aspiration de l’excellence. J’espère que le manque de compétence et de culture du haut niveau de la politique fédérale n’aura que peu d’impact sur les résultats de cette équipe de France, comme les brillants résultats au dernier CSI 5*-W de Bordeaux en témoignent, malgré le flou et la cacophonie de l’encadrement durant cet événement majeur.
On peut d’ailleurs ajouter que les brillants résultats de ces dernières années sont uniquement dus aux talents de quelques cavaliers exceptionnels qui ont su créer des structures très professionnelles, entourées de propriétaires motivés par l’excellence et la performance. En aucun cas, la FFE n’a eu la moindre influence sur ces succès.

 
 
Pour en finir, durant une carrière de plus de vingt-cinq ans en équipe de France, émaillée de quelques modestes médailles aux Jeux olympiques, aux championnats du monde et d’Europe, j’ai connu de nombreux présidents de la FFE, heureusement beaucoup plus motivés par le sport de haut niveau que ne semble l’être Serge Lecomte. Que de gâchis et de temps perdu pour les jeunes cavaliers talentueux d’aujourd’hui.
Je souhaite une grande réussite à cette équipe de France pour les échéances à venir et j’adresse aux cavaliers, ainsi qu’à leurs propriétaires, mon plus grand respect sportif d’ancien cavalier de haut niveau.

 
 
Hubert Bourdy

 
 
PS : ce communiqué sera le premier et le dernier. Même si la fédération venait à répondre, j’en resterai là. La polémique a assez duré, tournons nous plutôt vers l’avenir."