Huit couples en quête d’un billet pour Tryon

Les huit cavaliers et chevaux d’endurance français présélectionnés par Bénédicte Émond-Bon en vue des Jeux équestres mondiaux de Tryon se sont retrouvés à Lignières, dans le Cher, pour trois jours de préparation et de sélection. Au-delà de l’enjeu sportif immédiat, l’objectif est aussi de peaufiner une bonne stratégie afin de ne pas répéter l’échec des derniers championnats d’Europe de Bruxelles, dont la France était rentrée bredouille. L’occasion de faire le point sur les couples en forme et les ambitions de chacun.



Jean-Philippe Frances et Julien Goachet.

Jean-Philippe Frances et Julien Goachet.

© FFE

Lundi, la Fédération française d’équitation a donné à la presse l’opportunité de rencontrer les meilleurs cavaliers français d’endurance, réunis en stage. Une fois n’est pas coutume, Bénédicte Émond-Bon a choisi à Lignières, dans le Cher, comme lieu de rendez-vous des candidats à une place dans l’équipe qui représentera la France aux Jeux équestres mondiaux (JEM) de Tryon, qui s’ouvriront d’ailleurs par la course d’endurance, longue de 160 km et programmée dès le 12 septembre. Au terme du programme de présélection mis en place par l’encadrement technique de l’équipe de France, huit couples ont donc été convoqués à ce stage décisif.
 
Jean-Philippe Frances & Tarzibus
 
À quarante-deux ans, Jean-Philippe Frances est le cavalier le plus expérimenté du groupe France, avec déjà trois participations aux JEM et deux médailles par équipes à son actif: l’or à Jerez en 2002, avec Djellab*HN et l’argent en Normandie en 2014, avec Secret de mon Cœur. Cette année, il présente l’exceptionnel Tarzibus, double tenant du titre de la CEI 3* 160 km de Castelsagrat et surtout champion d’Europe en titre, sous la selle de sa compagne allemande Sabrina Arnold. Naturellement, le Provençal tient son hongre de onze ans en haute estime : «J’ai la chance d’avoir un cheval qui sort de l’ordinaire. De ma carrière, je n’en ai jamais vu un présentant une telle faculté de récupération. Il correspond vraiment au prototype du cheval moderne d’endurance : il est froid, peut évoluer seul ou en groupe et peut aller vite. Nous ne lui avons toujours pas trouvé le moindre défaut! Cela fait plusieurs saisons que tout lui réussit et qu’il termine régulièrement sur le podium. À Tryon, nous viserons le podium individuel. La configuration de la course peut clairement nous avantager. La seule inquiétude concerne le voyage, car Tarzibus n’a jamais pris l’avion.»
Malheureux à Lexington en 2010, où beaucoup d’acteurs et d’observateurs de la course avaient estimé qu’Amaani, médaillé d’argent avec le cheikh Mohammed ben Rachid al-Maktoum (émir de Dubaï, vice-président et Premier ministre des Émirats arabes unis, époux de la princesse Haya bint al-Hussein de Jordanie, alors présidente de la Fédération équestre internationale, et accessoirement sponsor titre de la course via sa société Meydan) aurait dû être éliminé lors du dernier contrôle vétérinaire, Jean-Philippe Frances avait dû se contenter d’une quatrième place individuelle… Alors que Meydan sera à nouveau associée à la course de Tryon, le Français espère ne pas y revivre le même scénario et «que le règlement sportif sera appliqué. Je souhaite juste que le meilleur gagne.»
 
Julien Goachet & Ulyssa de Coat Frity
 
Julien Goachet, trente-neuf ans, est l’un des quatre cavaliers bretons de la présélection. «J’ai une écurie d’entraînement située à Landivisiau, dans le Finistère. Cette année, je suis sélectionné avec Ulyssa de Coat Frity, ma jument de dix ans.» Particulièrement en forme, Julien et sa fille d’Orman de Cardonne se sont notamment classés troisièmes à Saint-Nicolas-du-Pélem, début juin.


Julien et Roman Lafaure.

Julien et Roman Lafaure.

© FFE

Julien Lafaure & Chérazade Cabirat
 
Champion de France en titre, Julien Lafaure est présélectionné avec Chérazade Cabirat, une Pur-sang Arabe de douze ans issue de l’élevage familial établi en Dordogne. Expérimentée sur la distance reine de 160km, elle a déjà couru cinq CEI 3*. «Je la monte depuis quatre ans. Elle est très en forme. Je me suis classé septième avec elle cette année à Castelsagrat et j’ai obtenu le titre de champion de France ici même il y a un mois. Cela fait six mois, voire un an, que nous travaillons pour obtenir cet état de forme chez nos chevaux.»
 
Roman Lafaure & Valdez Cabirat
 
Le jeune frère de Julien est présélectionné avec le hongre alezan Valdez Cabirat, autre produit de l’élevage familial. Seulement âgé de neuf ans, Valdez a couru deux courses de 160 km, terminant huitième à Saint-Nicolas-du-Pélem. «Il n’a jamais été éliminé, c’est un cheval sûr», argue le jeune homme.
 
Lisa Riou & Chamaan d’Altaïr
 
Cavalière de vingt-cinq ans établie dans le Finistère, Lisa Riou mise sur Chamaan d’Altaïr, une jument de neuf ans qui a disputé sa première course de haut niveau il y a seulement deux mois lors de la CEI 3* 160 km de Saint-Nicolas-du-Pélem. «Elle s’est très bien comportée, ce qui m’a permis d’être présélectionnée et de participer à ce stage. J’entraîne Chamaan depuis le début de l’année. Elle est encore jeune et n’a pas l’expérience des autres chevaux, mais elle est assurément prometteuse.»
 


Allan Léon.

Allan Léon.

© FFE

Allan Léon & Spirit de Crouz
 
Âgé de trente-neuf ans, Allan Léon monte en endurance depuis deux décennies. Le cavalier établi dans le Finistère est présélectionné avec Spirit de Crouz, un hongre Arabe-Shagya de douze ans médaillé d’argent par équipes en 2016 à Šamorín, et septième en individuel des Européens de Bruxelles : «Spirit a débuté chez moi après avoir gagné Castelsagrat avec un autre cavalier (Pierre-Marie Morvan, ndlr). Il a maintenant six courses de ce niveau à son actif. Le profil de Tryon lui convient bien c’est un cheval qui montre beaucoup de puissance dans les dénivelés. Compte tenu de son expérience, il présente un métabolisme de base de plus en plus impressionnant. Spirit n’a jamais pris l’avion, car les deux championnats auxquels il a participé ont eu lieu en Europe, mais il est intelligent et sait prendre sur lui, donc je ne me fais pas de souci.»
 
Nicolas Ballarin & Tam Tam Tokay
 
Tout juste âgé de trente ans, Nicolas Ballarin, originaire du Sud-Ouest, a déjà été médaillé d’argent par équipes aux JEM de 2014, en selle sur Lémir de Gargassan. Cette année, il est présélectionné avec Tam Tam Tokay, onze ans, médaillé d’argent par équipes aux derniers mondiaux, en 2016 à Šamorín, et sixième en individuel des championnats d’Europe de Bruxelles, l’été dernier, sous la selle de Laetitia Gonçalves. «Pour l’heure, j’ai vécu une bonne saison. Notre huitième place à Castelsagrat nous permet d’être là aujourd’hui. Tam Tam Tokay s’était vraiment très bien comporté, effectuant une course sage, comme il faut. Il est toujours très froid, très concentré sur sa course, ce qui est un gros point fort. Et le terrain très vallonné de Tryon est un profil de course qui lui correspond.»
 
Gaëlle Ollivier Jacob & Pot Made
 
À quarante-quatre ans, Gaëlle Ollivier Jacob, cavalière installée dans les Côtes-d’Armor, est présélectionnée avec Pot Made, son hongre de onze ans par Fadasir. Après une interruption de carrière en raison d’un problème de santé, la Bretonne est revenue à son meilleur niveau cette année, avec une cinquième place à Saint-Nicolas-du-Pélem. «Dès sa première CEI 3*, en 2016 à Argentan, Pot Made m’avait permis de devenir vice-championne de France. Il est régulier dans ses performances, avec deux podiums en quatre courses de ce niveau. C’est un cheval que je souhaite préserver, donc je ne cours pas beaucoup dans l’année», évoque-t-elle.
 
L’épreuve de sélection qui s’est tenue mardi sur la piste en herbe de l’hippodrome de Lignières, avait pour objectif de tester la forme physique des chevaux, à quelques semaines de l’échéance. Le but était de ne conserver que cinq couples (quatre, plus un remplaçant) pour faire le voyage à Tryon. Christophe Pélissier, le vétérinaire de l’équipe, n’a évidemment souhaité prendre aucun risque : «J’examine les chevaux avant et après le test de sélection pour mettre en évidence des boiteries ou des problèmes locomoteurs pour les accompagner au mieux», explique-t-il. De fait, il faudra des couples solides physiquement et mentalement pour espérer briller à Tryon et effacer l’affront des Européens de Bruxelles, où la France n’avait pas réussi à classer son équipe. «L’endurance est un sport passionnant. Il faut surtout bien connaître son cheval car il passe par plusieurs émotions pendant une course et il faut savoir gérer ça», rappelle Roman Lafaure. La liste définitive des sélectionnés pour les Jeux équestres mondiaux à Tryon sera annoncée la semaine prochaine après l’analyse de tests physiologiques des prétendants.

À lire également, notre entretien avec Bénédicte-Émond-Bon.