Kitona de Muze, la richesse de la génétique belge chez Alexis Deroubaix

Issue d’une des meilleures souches maternelles au monde, Kitona de Muze a rejoint en début d’année les écuries d’Alexis Deroubaix. Avec le Nordiste, la fille de Vigo d’Arsouilles a fait parler d’elle récemment en remportant son premier Grand Prix à 1,50m à l’occasion du Grand National de Notre Dame d’Estrées. Encore peu expérimentée, la BWP de dix ans pourrait bien rapidement se démarquer dans des épreuves d’un niveau encore supérieur. Sa copropriétaire Annick Chenu et son cavalier racontent.



Kitona de Muze et Alexis Deroubaix à l'occasion de leur victoire dans le Grand National de Notre-Dame-d'Estrées.

Kitona de Muze et Alexis Deroubaix à l'occasion de leur victoire dans le Grand National de Notre-Dame-d'Estrées.

© FFE/PSV

Mise en lumière le 12 juillet à Notre Dame d’Estrées, où elle courait et remportait son premier Grand Prix à 1,50m, Kitona de Muze est dotée de “très bonnes origines”, comme l’indique Annick Chenu, copropriétaire de la jument avec son époux André. La BWP est une fille de Vigo d’Arsouilles (BWP, Nabab de Rêve x Fleuri du Manoir), qui avait notamment permis à Philippe Lejeune de devenir champion du monde lors des Jeux équestres mondiaux de Lexington en 2010, année de naissance de la nouvelle recrue d’Alexis Deroubaix. Surtout, à l’instar de l'ancien complice de Pénélope Leprevost, Vagabond de la Pomme (SBS, Vigo d’Arsouilles x For Pleasure), avec lequel elle partage également son père, celle que son nouveau cavalier trouve vraiment chouette” est issue de la lignée de Qerly Chin (BWP, Chin Chin x Pachat II), la quatrième mère de Kitona de Muze. Une souche qui a produit pléthore de cracks internationaux. Ainsi, Qerly Chin et Narcotique de Muze II (BWP, Darco x Chin Chin), la troisième mère de Kitona de Muze, ont toutes deux été performantes au plus haut niveau et ont chacune donné naissance à au moins trois chevaux ayant pris part à des épreuves à 1,60m. Excellentia de Muze (BWP, For Pleasure x Darco), la deuxième mère de Kitona, n’a pas concouru elle-même au plus haut niveau mais a elle aussi engendré trois montures évoluant ou ayant évolué sur des barres jusqu’à 1,60m, dont la mère de Kitona, nommée Héroïne de Muze (BWP, Tinka’s Boy x For Pleasure). À treize ans, cette dernière a déjà eu de nombreux poulains grâceaux transferts d’embryons, dont plusieurs participent à des épreuves à 1,50m. En parallèle, Héroine concourt à haut niveau sous la selle de Taizo Sugitani, à qui elle a notamment offert la troisième place du Grand Prix CSIO 5* d’Athènes en 2019. 

Cependant, si, selon les mots d’Annick Chenu, les origines exceptionnelles de Kitona de Muze représentent un plus”,elles ne sont pas la raison de son achat. “C’est d’abord sa qualité sur les barres qui nous a séduits”, souligne la propriétaire du haras du Plessis. S’il arrive que les compétitrices à fort potentiel génétique fassent des transferts d’embryon, cela n’est pas à l’ordre du jour” pour la fille de Vigo d’Arsouilles, qui a débuté sur la scène internationale en 2015 dans des épreuves réservées aux jeunes chevaux. Concourant cette année-là sous les selles des Portugais Guilherme Lucas Rosado et Simão Maio Reis, elle a ensuite pris la direction des écuries de Pascal Fatien l’année suivante. Participant avec lui aussi à des compétitions Jeunes Chevaux sur le circuit international, celle dont le cavalier actuel loue la très bonne technique et une capacité d’apprentissage assez importante” n’a ensuite été revue en compétitions internationales qu’en 2019, avec le Français Paco Manadou Diouf. Sous sa selle, la jument noire a concouru lors d’épreuves jusqu’à 1,45m, prenant d’ailleurs la septième place d’une compétition de ce niveau lors du CSI 2* de Royan en juillet dernier. Son chemin s’est ensuite poursuivi vers les écuries du Suisse Grégoire Oberson, qui l’a repérée autour du mois de décembre”, comme l’explique Alexis Deroubaix. 



“L’emmener au plus haut niveau”, Alexis Deroubaix

André (Chenu, ndlr) l’a vue un peu par hasard chez Grégoire”, poursuit l’ancien cavalier de Timon d’Aure. Il m’a dit qu’elle était formidable, qu’elle possédait beaucoup de qualités. Je n’étais pas là ce jour-là alors je ne l’ai ni vue au box ni essayée. J’ai appelé Duarte Romao qui s’occupait de la jument, et il m’a dit qu’il avait sauté plusieurs fois avec elle et qu’elle était assez exceptionnelle. On a alors décidé de l’acheter en copropriété (Alexis Deroubaix, André Chenu, Grégoire Oberson et Betrand Franquet détiennent chacun un quart de la jument, ndlr) et elle est arrivée dans mes écuries début janvier.” Dès le mois de février, le nouveau couple s’est produit en compétition lors de deux CSI 2* à Royan, et a conclu le Grand Prix à 1,45m de la deuxième semaine avec quatre points au compteur. Par la suite, ils ont pris part à deux CSI 4* à l’Hubside Jumping de Grimaud, où Kitona a couru ses premières épreuves à 1.50m. Pas très techniques”, selon le cavalier, elles ont tout de même permis à sa monture de bien progresser”. Ella a d’ailleurs pris la neuvième place de la deuxième d’entre elles. Enfin, le Nordiste et sa jument belge se sont dirigés vers la Normandie et l’étape du Grand National de Notre Dame d’Estrées. Après une sixième place dans l’épreuve de vitesse à 1,45m du samedi, celle que son cavalier décrit comme très, très respectueuse” lui a offert l’épreuve majeure du week-end le lendemain. Elle n’avait, je crois, pas couru plus de deux ou trois barrages avant celui-là”, s’étonne encore Alexis Deroubaix. Pour autant, cette victoire ne l’a pas vraiment surpris. Au fur et à mesure des séances à la maison, nous avons vu qu’elle apprenait à chaque fois quelque chose. De plus, elle est vraiment connectée avec l’homme et cela change beaucoup de choses”, se réjouit le Nordiste.

Par la suite, le couple devrait se produire à Deauville, en août, dans un concours national puis au Longines Deauville Classic dans le label CSI 3*. “Après, si tout se passe bien, on verra avec le sélectionneur national pour faire les deux CSI qui auront lieu à St Tropez (les installations de Grimaud accueilleront des CSI 1*, 2* et 4* du 19 au 23 août, puis des CSI 1*, 2* et 5* du 26 au 30 août, ndlr)détaille l’ancien cavalier de Timon d’Aure. “Il n’y a pas vraiment d’objectif concret ; le but est de progresser.” À plus long terme, l’objectif du cavalier et de son entourage reste d’emmener la jument au plus haut niveau”.