Optimiser la reproduction des meilleures lignées grâce aux nouvelles techniques de fécondation

La ponction ovocytaire (OPU) et l’injection intracytoplasmique de sperme (ICSI) font maintenant partie du paysage de la reproduction équine. Nous avons demandé à Sébastien Neyrat, acteur novateur de cette technique en France, quel était son ressenti sur les apports de la technique pour la filière ?



Comment l’ICSI restructure l’élevage professionnel?
L’ICSI engendre, comme à son époque le transfert d’embryon, des changements à grande vitesse.  Depuis les années 2015, l'OPU/ICSI, nouvelle technique de fécondation a permis d'optimiser la mise à la reproduction des meilleures mères compétitrices et/ou issues de prestigieuses lignées de sauteurs. Une course aux meilleures juments s'amorce dès lors.

Dans quelles mesures la ponction ovocytaire et l’ICSI ont profondément changé l’élevage ?

: Par l’amélioration du niveau génétique global

L’ICSI permet de mieux encore valoriser les juments de Top Niveau et de continuer à valoriser des juments âgées ou difficiles à remplir, celles dont la carrière de reproductrices était définitivement close.  L’éleveur  investit ainsi dans la valorisation des meilleures juments et délaisse ses juments de qualité plus moyenne. Ainsi, se crée un marché Haut de Gamme et, on le sait, il n’y aura jamais surproduction de très bons chevaux.

2 : Par la gestion plus dynamique de son effectif

La possibilité de disposer d’un stock d’embryons congelés permet d’être plus réactif et de mieux répondre à l’attente des cavaliers et des investisseurs. S’il y a une forte demande sur votre jument ou sur tel étalon, même peu fertile ou peu disponible, vous pouvez créer les embryons recherchés par la clientèle. Vous pouvez aussi sexer les embryons pour répondre à la demande des nombreux acheteurs enchérissant lors des ventes en lignes. .

3 : Par la création d’un nouveau marché qui révolutionne le marché de la Jeune Génétique :

En quelques années, s’est mis en place un réseau important de ventes aux enchères d’embryons congelés ou le plus souvent d’embryons implantés dans une receveuse. Voilà qui a permis de raccourcir le cycle de commercialisation. C’est formidable pour les éleveurs et cela permet aux investisseurs d’acquérir de la Top Génétique à un prix qui reste assez raisonnable. La moyenne des prix d’adjudication avoisine maintenant 20-25000€ pour une gestation « haut de gamme ». L’éleveur professionnel qui a investi dans la génétique femelle Haut de Gamme peut soit vendre des embryons, soit des poulains ou encore garder le produit pour le valoriser à quatre, cinq ou six ans. Souvent la vente d’embryons lui permettra de financer l’ICSI et de valoriser de jeunes sujets. C’est la raison pour laquelle les cavaliers de haut niveau deviennent des éleveurs friands de cette technique.  



Quels sont les engouements et les freins que vous rencontrez auprès des éleveurs ?
Comme toute nouveauté, vous aurez ceux qui investissent, sont des précurseurs et qui en récoltent les fruits  et ceux qui freineront des quatre fers prétendant que « c’était mieux avant ».

Cette technique est une révolution comme le furent en leur temps l’insémination artificielle puis le transfert d’embryons frais.  

Pour les jeunes juments en cours de valorisation sportive, l’ICSI permet une immobilisation sportive limitée de la jument. De plus la ponction ovocytaire est réalisée d’octobre à avril donc en période hivernale. La technique nécessite un arrêt de quelques jours seulement.  C’est  peu contraignant. Chez nous, à Châtenay, on obtient en moyenne 2,3 embryons par ICSI. Pour les juments retirées de la compétition ou difficile à remplir, on peut répéter les ponctions tous les mois. Bien entendu, les juments très âgées (de plus de 25 ans, sauf exceptions) ne seront plus de bons sujets pour la ponction ovocytaire ; il y a des limites !

Le bien-être animal est amélioré.

Combien de temps passé, combien d’actes échographiques à tout heure du jour ou de la nuit au centre d’insémination auraient été nécessaires pour obtenir deux ou trois embryons pendant le printemps ? Avec l’ICSI, il suffit en moyenne de quelques jours pendant l’hiver et ensuite la jument peut repartir en pâture tout le printemps ou repartir concours. Un seul geste suffit avec une technique réalisée sous anesthésie épidurale comme chez la femme. Les risques inhérents à cette technique existent, bien entendu, mais ne doivent pas être surévalués.

Des coûts maitrisés

Avec les techniques habituelles, trop souvent, la semence des étalons les plus recherchés est de qualité médiocre ou est disponible en quantité très faible . Ceci entraine des frais de mise à la reproduction importants et aussi de grandes déceptions. L’ICSI permet d’utiliser de la semence subfertile, en effet il suffit d’un seul spermatozoïde « actif ».  Au bout du compte, à partir de trois embryons produits, l’éleveur s’y retrouve financièrement.



La démarche reste néanmoins nouvelle pour beaucoup. Quelle est l'organisation à mettre en place  ?  
Tout se fait naturellement (sans déclenchement hormonal) et surtout quand vous le souhaitez à partir du moment ou votre jument a suffisamment de follicules.  

La saison 2020-2021 de ponction ovocytaire est lancée au centre de Châtenay. Déjà une quarantaine de juments attendent le moment le plus propice pour que les ovocytes soient ponctionnés et envoyés pour fécondation au laboratoire Avantea en Italie, le leader mondial de l’ICSI équine.

Comment organiser la ponction ovocytaire (OPU) de votre jument ?
- Réservez une place au centre de Châtenay après avoir pris connaissance du contrat de prise en charge.
- Choisissez la semence de l'étalon que vous souhaitez utiliser .
- Mettez-nous en relation avec votre vétérinaire pour déterminer la date de ponction optimale
- Amenez votre jument au centre de Châtenay.
- Nous procéderons à la ponction ovocytaire dès que les analyses sanitaires seront effectuée et leur résultat connu.
- Ensuite, la jument reste sous surveillance vétérinaire au centre puis pourra repartir.
- Dix à onze jours après la ponction ovocytaire, vous connaîtrez le nombre d'embryons congelés et leur sexe si vous l’avez demandé .
- A partir du mois de mars nous pourrons réimplanter vos embryons dans nos juments receveuses. Le taux de gestation à quarante cinq jours est de 72%, ce qui est comparable au taux obtenu lors de transfert d’embryons frais habituels. Ils peuvent bien entendu rester stockés dans l’azote ou expédiés où bon vous semble.