“Notre récompense est de voir des gens heureux dans les tribunes”, Jean-Claude Heurtaux

Président de Saint-Lô Cheval Organisation, Jean-Claude Heurtaux vit en ce moment l’un des week-end les plus intenses de son année. Au Pôle hippique de Saint-Lô, dans la Manche, il accueille en effet un CSI 4*, qui se conclura demain au terme du Grand Prix diffusé en direct sur GRANDPRIX.tv. Ce matin, Jean-Claude Heurtaux a fait le bilan provisoire de cette vingt-troisième édition du concours, qui s’est paré d’une quatrième étoile l’an passé.



L’an passé, Saint-Lô se dotait d’une étoile supplémentaire et en compte désormais quatre. Quels ont été les enseignements de cette première et comment se déroule la vingt-troisième édition jusqu’à maintenant ? 

Après une quinzaine d’années en CSI 3*, nous avons en effet organisé un CSI 4* l’an passé.  Cette première expérience a été un peu trompeuse car nous avons connu une édition 2020 exceptionnelle, dans un contexte lié au Covid-19 qui faisait que nous étions quasiment les seuls à organiser un concours. Nous savions très bien qu’avec la reprise des concours, nous n’aurions pas un si bon plateau cette année, mais un plateau plus normal pour un CSI 4*. Nous avons vérifié l’an passé que notre organisation répondait à presque toutes les attentes. La localisation du restaurant VIP n’avait pas donné entière satisfaction, c’est pourquoi cette année nous avons apporté quelques améliorations, dont la création d’un nouvel espace VIP. Les gens y sont bien et contents d’y être. Nous avons aussi amélioré notre gestion des engagements en ligne et sur les smartphones avec In2Strides, qui apporte des prestations reconnues et appréciées par les cavaliers. Nous avons également un nouveau prestataire, GRANDPRIX.tv, pour la diffusion des épreuves en direct (disponibles ici, ndlr), qui nous apporte une diffusion remarquable. Pour répondre aux exigences des cavaliers, nous avons aussi choisi Grégory Bodo comme chef de piste. Par rapport aux reproches qui nous étaient faits l’an passé, nous avons comblé ces attentes et les retours sont tous bons. 

Parmi les nouveautés du programme, vous proposerez ce soir un Speed Challenge, une épreuve de vitesse à barrage C, qui remplace la Six Barres. Pourquoi avoir fait ce choix ? 

Nous avons supprimé l’épreuve des Six Barres car nous avons entendu les critiques que cela soulevait au niveau du bien-être animal. Il nous fallait tout de même proposer un moment festif et qui valorise nos partenaires. Nous avons donc relancé quelque chose que nous faisions par le passé, un Trophée des Sponsors, avec ce Speed Challenge. Il devrait il y avoir une belle ambiance, notamment car un orchestre sera là et jouera un jingle pour chaque concurrent. Nous allons associer à la reconnaissance du parcours les cavaliers avec deux partenaires. En plus des deux épreuves qualificatives pour le Grand Prix CSI 4*, nous avons aussi rajouté une épreuve comptant pour le classement mondial le samedi soir, car par le passé, la soirée était réservée au Grand Prix du CSI 2* et que les gens étaient venus sans voir les couples engagés dans le CSI 4*. Nous avons essayé de faire encore mieux, tant au niveau de l’organisation que du programme, avec les moyens dont nous disposons. Bien sûr, j’aimerais mettre 100.000 euros de plus en dotation dans le Grand Prix, car l’attractivité du concours passe par la qualité des sols, de l’accueil, du chef de piste, de l’organisation, mais aussi les dotations des épreuves. Lorsque nous voyons la concurrence sauvage et brutale qui s’installe, avec une Fédération équestre internationale (FEI) qui n’effectue pas son travail en autorisant des concours non prévus dans le calendrier à s’installer en concurrence avec des compétitions moindres, nous payons l’addition. Je suis assez critique de la façon de faire de la FEI et des circuits et tournées. Nous perdons en visibilité, le business prend de plus en plus de place au détriment du sport. Lorsque les tournées s’arrêtent huit jours avant notre concours, il faut bien que les chevaux fassent des pauses, qui tombent malheureusement cette semaine. Certains cavaliers sont même venus en piéton car leurs chevaux devaient se reposer avant de reprendre le circuit indoor. Nous comprenons tout cela, mais le nombre de tournées pose des questions car cela amène à un déficit de nombre de chevaux dans les boxes ici à Saint-Lô. Nous aurions pu en accueillir soixante de plus, ce qui créé un manque à gagner non négligeable. 



Même en début de concours, les tribunes sont bien garnies. Outre l’implantation de cet événement dans une éminente région de cheval, comment expliquez-vous cette affluence ? 

Notre communication est peut-être assez pertinente. Le concours de Saint-Lô est une institution et les gens ont plaisir à venir. Nous avons aussi réalisé des opérations envers certaines associations, à l’instar de tous les centres communaux d’actions sociales. Ils peuvent proposer à leurs membres, comme par exemple les personnes âgées, de venir gratuitement car nous leur avons offert les places. Hier, nous avons accueilli deux cars de gens complètement étrangers à ce milieu et qui ne seraient pas venus sans cette opportunité. Cela peut les amener à revenir peut-être dimanche ou l’année prochaine. Le vendredi et le jeudi restent des moments creux mais nous essayons de développer des actions en direction d’associations afin de capter de nouveaux publics. Cela contribue à faire évoluer l’image trop élitiste qu’a encore l’équitation. 

Les deux premières soirées de ventes NASH ont offert de bons résultats. En quoi leur présence est-elle si importante ? 

Il s’agit de l’originalité du Jumping international de Saint-Lô, qui accueillait aussi ce matin une foire aux poulains, avec une cinquante sujets inscrits. Les éleveurs ont leur place ici. J’ai aussi un partenariat avec Cheval Normandie, dont tous les éleveurs adhérents ont été invités au concours. Nous leur apportons de la considération et ils viennent avec leur famille. Concernant les ventes NASH, il y a une certaine embellie au niveau du commerce avec par exemple un prix moyen de 26.838 euros hier soir. Par rapport aux chiffres de l’an passé, nous observons une montée en puissance. 

Quelles sont les perspectives pour ce concours et plus globalement cet événement ? 

Nous avons posé la même date en CSI 4* l’année prochaine, nous essayons de fidéliser nos partenaires et nous travaillons déjà pour la suite. Nous nous demandons parfois si notre date est la bonne, mais il y a eu un tel bouleversement cette saison avec des concours de printemps qui se sont tenus plus tard, que je pense que d’autres compétitions ont souffert en termes d’optimisation budgétaire. J’espère que l’an prochain nous reviendrons à un calendrier moins condensé. Le week-end dernier, nous organisions une étape du Grand National et nous pouvons dire que c’est décevant car ce circuit n’est pas trop protégé et qu’il y avait trop de concurrence. Nous avons accueilli trois cents chevaux de moins que l’an passé, ce qui fait là aussi un sacré manque à gagner. Organiser un Grand National indoor avec une telle concurrence n’est pas viable. Cette donnée va faire partie de notre réflexion. Ce circuit fonctionne bien en début d’année lorsqu’il peut être organisé sur deux pistes. En hiver, avec les frais qu’implique la compétition indoor, c’est difficile. 

Bien qu’il reste encore une journée de compétition demain, quel est le bilan de l’événement jusqu’à maintenant ? 

Nous avons vécu de belles épreuves, l’épreuve comptant pour le classement mondial d’hier après-midi a montré un très bon niveau. Nous sommes une équipe de bénévoles qui œuvre depuis trente-cinq ans. Notre récompense est de voir des gens heureux dans les tribunes.