Dix ans après, Hickstead nous manque toujours autant…

Le 6 novembre 2011 à Vérone, en Italie, Hickstead s’éteignit en piste ou mourut sur scène, comme le chantait Dalida. Dix ans plus tard, alors que l’étape italienne de la Coupe du monde Longines bat son plein dans le cadre de Fiera Cavalli, impossible de ne pas repenser à ce jour dont se rappellent tous les fans de saut d’obstacles.



Cela ressemblait à une tragédie shakespearienne ou à un cri irlandais de U2. “Je n’arrive pas à croire les news aujourd’hui. Je n’arrive pas à fermer les yeux sans que cette image ne revienne.” Le dimanche 6 novembre, dans la ville de Roméo et Juliette, Hickstead, le fils d’Hamlet, venait de mourir. Sous les yeux de tous, de centaines de milliers de téléspectateurs et d’internautes incrédules, partout dans le monde: celui qui apparaissait pourtant comme un roc inamovible avait tiré sa référence. Immédiatement ou presque, la nouvelle fit le tour de la planète. Sous l’effet des nouveaux médias électroniques, une image circule à vitesse grand V, qui reste imprimée sur la pupille de ceux qui ont eu la (mauvaise) idée de visionner les derniers instants d’Hickstead sur les sites de partage de vidéos. Comme ils avaient auparavant regardé la fin d’un dictateur, un enfant chinois écrasé dans l’indifférence, le corps d’un roi de la pop réduit au stade de gisant sur une table d’autopsie… Comme ils continueront de regarder toutes ces images qui créent la polémique, mais que tout le monde visionne, moi, toi, nous, vous. Faut-il voir pour croire en 2011? Hickstead ne méritait sans doute pas cela…



Mieux vaut rendre l’hommage le plus juste à ce petit génie des barres, à cet agneau au box qui se transformait en lion une fois entré en piste. Parce que nous avons finalement la chance d’avoir vu des images bien plus réjouissantes que celles de ses derniers souffles. Calgary, Hong Kong, Aix-la-Chapelle, Lexington, La Baule, Rome, le Grand Palais… Hickstead laisse derrière lui un palmarès hors du commun, que ces mêmes caméras ont immortalisé tout au long de cette remarquable carrière, malheureusement écourtée. Hickstead, c’étaient des grands yeux qui dévoraient le monde avec la même fraîcheur que l’accent souriant de son cavalier, revenu de si loin. Hickstead, c’était l’histoire d’une rencontre, d’une seconde vie pour Éric Lamaze, qui avait trouvé en sa monture un regard sans jugement sur l’homme qu’il était devenu, d’une confiance en un cheval que quelques autres avaient laissé pour indomptable. L’opposé, finalement, d’une tragédie shakespearienne. Merci champion d’avoir révélé l’autre à l’ensemble du monde.

Ce texte est tiré de l’éditorial du numéro de décembre 2011 du magazine GRANDPRIX. 



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