Retour sur la première victoire de Steve Guerdat dans le Top Ten Rolex, en 2010 à Genève
Le 10 décembre à Genève, le Top Ten Rolex fêtera ses vingt ans… et sa vingtième édition! Cette compétition est née à Palexpo à l’initiative du Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles et des organisateurs du CHI de Genève, partageant la même passion pour le très grand sport. Héros de Palexpo s’il en est, le Suisse Steve Guerdat s’est imposé à deux reprises dans cette épreuve de prestige: en 2010, d’abord, avec son inoubliable Jalisca Solier, puis en 2018, avec l’efficace Alamo.
Hickstead, Casall, Mylord Carthago, Plot Blue, Itot du Château, Silvana ou encore Jalisca Solier. Pour sa dixième édition, le Top Ten Rolex IJRC, lancé en 2001, oppose encore une fois de véritables stars. Fort de son brassard de numéro un mondial, Kevin Staut entend bien offrir un nouveau succès à la France, après celui remporté par Michel Robert et Kellémoi de Pepita, deux ans plus tôt à Bruxelles. Mais les Denis Lynch, Marcus Ehning, Éric Lamaze, Pius Schwizer et autres Steve Guerdat ne sont pas là pour jouer les figurants. Quelques mois après avoir accueilli la finale de la Coupe du monde, remportée par l’Allemand Marcus Ehning et ses deux montures, Nolte’s Küchengirl et Plot Blue, le Palexpo se pare de son plus bel habit pour accueillir les dix meilleurs pilotes du classements mondial, dont certains s’étaient fait remarquer aux Jeux équestres mondiaux de Lexington deux mois et demi plus tôt.
La première manche voit quatre couples effacer toutes les difficultés: l’Australienne Edwina Tops-Alexander, treizième à Lexington avec son exceptionnel Itot du Château, Pénélope Leprevost, qui participe pour la première fois à cette épreuve de prestige, Marcus Ehning, le tenant du titre, sur son étalon Plot Blue, le Canadien Éric Lamaze, médaillé de bronze aux États-Unis et champion olympique deux ans plus tôt à Hong Kong avec le légendaire Hickstead, et le jeune génie suisse, Steve Guerdat, aux rênes de Jalisca Solier. Pour Kevin Staut, en revanche, les choses ne se déroulent pas idéalement, Silvana, au repos depuis les JEM, s’arrêtant après une faute dans le triple. Le Tricolore, fidèle à la veste bleue de l’équipe de France, se rattrapera en seconde manche.
Les fautes s’enchaînent pour ses camarades du soir. Devant son public, Pius redresse la barre avec un sans-faute d'Ulysse mais termine au dixième et dernier rang. Le bilan n’est guère plus glorieux pour Edwina, qui ajoute quatre points à son compteur pour occupe le neuvième rang avec son illustre Selle Français. Moins rapide que l’Américain McLain Ward et que le Suédois Rolf-Göran Bengtsson, Kevin achève cette édition 2010 du Top Ten en septième position. Les pilotes de Sapphire et Casall, eux, remontent après avoir concédé deux fautes chacun dans l’acte initial. Pour Pénélope, la seconde manche se conclut avec huit points, son étalon gris Mylord Carthago n’ayant pu éviter de renverser un gros oxer naturel et l’ultime effort du parcours. “Sur l’oxer, j’ai commencé à tourner au-dessus de l’obstacle, et pour la barre sur le dernier, c’est aussi ma faute, je voulais enlever une foulée et je me suis ravisée”, confie-t-elle. Cinquième, l’amazone peut toutefois se satisfaire de cette première participation.
Un scénario rêvé pour les aficionados suisses
Il reste alors quatre couples en lice. Pénalisé par une faute lors de son premier passage, l’Irlandais Denis Lynch part le couteau entre les dents. Impressionnant avec Lantinus 3, il signe un clear round salvateur en 46”14, qui lui offre la deuxième place. Avec son charismatique Hickstead, Éric Lamaze concède une faute, pour terminer troisième. À peine sorti de piste, le Canadien croise dans le couloir d’accès à la piste Steve Guerdat, pas encore âgé de trente ans. Aux rênes de sa fidèle et généreuse Jalisca, l’Helvète survole tous les obstacles. Affichant une marge impressionnante, les deux complices ne connaissent aucun sursis. Les cris des fans, qui agitent leurs drapeaux en tribunes, retentissent avant même que le duo n’ait franchi le dernier obstacle du parcours! Nouveau sans-faute réussi en 46”49. Sous pression, Marcus n’a pas le droit à l’erreur. Plot Blue s’élance dans cette arène qui lui aura tant de fois souri, mais une faute entache sa prestation. Pire encore. Trop lente, la paire se contente d’une quatrième place.
Pour Steve, c’est la consécration. “Être présent dans ce dixième Top Ten, à Genève, ça ne se manque pas! Je voulais être là pour vous ce soir!”, déclare-t-il à son public, repris dans les colonnes de GRANDPRIX. Il en rêvait, il l’a fait. “Cette réussite, c’est celle de toute une équipe, ma famille, mes amis, mon entraîneur Thomas Fuchs et la vôtre!”, ajoute-t-il. Faisant déjà office de favori du public de Palexpo, Steve entre encore un peu plus dans le cœur des aficionados de saut d’obstacles. “Je crois que les spectateurs de Genève savent déjà que je les aime autant qu'ils m’aiment et que je me réjouis de les revoir”, avait-il confié au quotidien suisse Le Matin, quelques jours avant sa victoire. Une victoire d’autant plus belle, qu’elle a été acquise avec Jalisca, une Selle Français qui a toujours occupé une place spéciale aux yeux de son cavalier. À quelques jours près, et sans le forfait de l’Irlandais Billy Twomey, le Suisse n’en aurait pas été… Heureusement, ses derniers résultats lui avaient permis de figurer parmi l’élite mondiale et de recevoir son invitation pour le Top Ten. Ouf!
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Huit ans plus tard, Steve récidive
Jamais rassasié, Steve a toujours répondu présent à Genève, tant dans le Grand Prix dominical que dans le Top Ten… et toutes les autres épreuves. En 2018, huit ans après son premier triomphe, le Suisse récidive. Le talentueux cavalier compte cette fois sur Alamo. L’efficace hongre à la robe noire, vainqueur fin 2017du Grand Prix CSI 5*-W d’Oslo, après quelques semaines seulement sous la selle du Jurassien, triomphe à nouveau ce soir-là. Vu le grand nombre de doubles sans-faute, la paire doit faire preuve d’adresse et de rapidité pour arracher la victoire. Affichant 39”75, elle relègue le Suédois Henrik von Eckermann, juché sur le puissant gris Castello 194, au deuxième rang, devant l’Américain McLain Ward, impeccable mais moins rapide avec la styliste Clinta. L’Allemand Daniel Deusser et le Suisse Martin Fuchs complètent le Top 5 avec leurs respectifs Scuderia 1918 Tobago Z et Clooney 51, qui comptaient parmi les favoris pour la victoire.
Pas moins bien équipés, le Belge Niels Bruynseels, le Suédois Peder Fredricson, le Néerlandais Harrie Smolders et l’Allemand Marcus Ehning font les frais des deux actes de la compétition avec la délicate Gancia de Muze, H&M Christian K, Don VHP et Funky Fred. Et que dire de la désillusion du Britannique Ben Maher? Avec son exceptionnel Explosion W, qui débutait sa moisson de succès à très haut niveau, l’Anglais s’écrase dans le triple, avant de déclarer forfait pour le second tour. Finalement, Steve a la voie libre pour faire vibrer, encore une fois, son public, sur “SON” terrain de concours. “La deuxième manche du Suisse fut tout simplement canon, Steve Guerdat a réveillé le public de Palexpo lors d’un sprint incroyable entre les obstacles 9 et 11. Une prestation encore une fois due à Alamo. C'est la deuxième fois que le Jurassien remporte la prestigieuse finale après celle de 2010. Huit ans qui séparent les deux titres, que le Suisse refuse de comparer”, résume Sébastien Telley pour Radio Lac. Et Steve de réagir sur ses réseaux sociaux : “Alamo est un cheval qui a un galop fantastique et sur une piste pareille, on peut en profiter. Je suis ravi de ma performance, je ne pouvais pas vraiment faire mieux lors de cette finale. Je suis à la fois ému et très heureux de cette nouvelle grande victoire.” Quelques mois après, les deux compères ont gagné la finale de la Coupe du monde Longines à Göteborg. Dans quelques jours, Steve pourra-t-il inscrire une troisième fois son nom au palmarès du Top Ten? Réponse le 10 décembre!
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