“Je n’ai pas demandé à être le représentant du bien-être animal”, Grégory Cottard

Le 7 janvier, Emeric George s’était dit “dérangé” par les prises de position de Grégory Cottard au sujet de son virage opéré il y a quelque temps pour se débarrasser des artifices et faire évoluer son équitation. Afin de clarifier sa pensée, le Francilien, réserviste aux championnats d’Europe Longines de Riesenbeck avec Bibici, a souhaité s’exprimer sur GRANDPRIX.info. Une prise de parole rédigée le 10 janvier, avant le reportage diffusé hier soir en Allemagne sur RTL, mettant en cause Ludger Beerbaum.



“Par cette prise de parole, je souhaite clarifier ma philosophie équestre, qui a interpellé les cavaliers – positivement comme négativement – ces dernières années. Elle n’a pour but que d’apporter des éclaircissements pour ceux qui n’auraient lu que quelques bribes des derniers articles qui m’ont été consacrés. 

Lors de mes différentes interviews, j’ai pu partager ma façon de voir les choses au sujet du bien-être quotidien des chevaux et dans leur travail, afin de pouvoir les amener au meilleur niveau avec le moins de contraintes possibles, ce qui est devenu ma priorité. J’ai depuis reçu de nombreux messages de joie, de remerciements et de soutien.

J'ai trouvé du confort dans ma nouvelle équitation. Le bien-être supplémentaire de mes chevaux fait de moi un cavalier épanoui. La recherche de cette complicité réciproque, d’une connexion profonde avec eux, sans artifices est ce qui me porte, chaque matin, lorsque je franchis la porte des écuries. Voilà ce qui me guide dans l’exercice de cette passion, qui est mon sport, mon métier et d'ailleurs bien plus qu'un métier.

Je ne vous parle pas du cadre de vie de mes chevaux, si mon cheval “mange à sa faim”, dort dans un endroit suffisamment confortable et si de bons soins et des sorties quotidiennes sont bien effectués ; toutes les écuries offrent aujourd’hui un cadre de vie 5*. Je vous parle de compréhension animale à partir de son fonctionnement naturel et d’évolution de l’équitation. Cela intéresse, interpelle et donne de nouvelles perspectives… Il me semble que mon équitation est en adéquation avec certaines évolutions de la société actuelle. Par ailleurs, la vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément celle de demain, l’allègement des équipements en compétitions ces dix dernières années en est une illustration.

Loin de moi l’idée de blâmer les méthodes employées par les autres, je ne transforme pas chacun de mes élèves en bon soldat limité au mors simple et protège boulets réservés aux jeunes chevaux. Chacun – surtout s’il est convaincu – peut aller à son rythme vers cette équitation plus simple. Je transmets ma philosophie de l’allègement que j’expérimente avec l’ensemble de mes chevaux et les résultats que j’obtiens me confortent dans ma démarche.

La “famille équestre” se dit aujourd’hui ébranlée par mes dires. Je cite : “dénoncer les abus [...] peut à mon sens mettre en danger notre sport”. Je tiens à répéter que ma démarche est positive. Je n’ai pointé personne du doigt, mais simplement répondu avec sincérité et conviction sur cette voie dans laquelle je me suis engagé. 



“Se terrer, se cacher ne fera que défrayer la chronique”

Je n’ai pas demandé à être le représentant du bien-être animal. Mais il se trouve que la Commission de l’Assemblée Nationale m’a contacté dans le cadre de la mise en place d’une Commission sur le bien-être des chevaux de sport. J’ai accepté d’en faire partie avec le soutien de la Fédération française d’équitation (FFE). 

Que dois-je faire ? Me mettre en retrait ? Le bien-être animal au sein de notre sport est au cœur du débat (l’actualité le prouve avec le reportage de la chaîne allemande RTL qui met en cause Ludger Beerbaum, ndlr). Aujourd’hui, les abus indignent et sont médiatisés. Le sujet est latent depuis plusieurs années. Souvenez-vous des championnats d’Europe de Rotterdam où des animalistes ont couru à moitié nus sur la piste avec le slogan “Arrêtez d’exploiter les chevaux” inscrit sur le corps. Observez le nombre de photos repostées et critiquées sur les réseaux sociaux. Puis souvenez-vous des derniers Jeux olympiques et de son lot de polémiques.

Toute société évolue et les derniers JO en ont été l’illustration. Nous sommes dans une nouvelle ère tournée vers le bien-être animal et j’ai choisi d’en être l’un des acteurs. Et vous ? 

L’équitation est le troisième sport comptant le plus de licenciés en France et nous sommes de plus en plus sous le feu des projecteurs. Le grand public recommence à s’intéresser à notre sport et nous sommes sur le fil du rasoir pour que l’équitation reste au programme des JO. 

Je ne crois pas avoir le pouvoir de “tuer notre sport”. Au contraire, je veux véhiculer une image du sport dans laquelle sport et cheval sont en symbiose. Je veux que la beauté et les émotions que nous procurent les chevaux soient mises en avant lorsque l’homme et ce si noble animal sont en communion. Je souhaite aussi montrer les vertus de l’équitation. Se terrer, se cacher ne fera que défrayer la chronique à l’encontre de notre sport que j’aime et que je souhaite défendre”.