“Avec ce nouveau système, ma motivation première est de retourner vers le haut niveau”, Harold Boisset

En ce début d’année, Harold Boisset a pris un nouveau départ en quittant le centre équestre de Grammont, où il avait fait ses gammes à partir de 1997 jusqu’à atteindre les CSI 5* en 2016. Désireux de voler de ses propres ailes et de prendre le temps avec chaque cheval, le Montpelliérain a posé ses valises au centre équestre de Verriès, où il va développer son propre système. Plus motivé que jamais, le trentenaire expose son nouveau projet et ses ambitions de retour au plus haut niveau.



La minuscule mais si généreuse Quolita Z a fait les plus belles heures du Montpelliérain.

La minuscule mais si généreuse Quolita Z a fait les plus belles heures du Montpelliérain.

© Sportfot

Vous avez récemment annoncé votre installation à votre compte au sein du centre équestre des Verriès, à Saint-Gély-du-Fesc, dans l’Hérault. Pourquoi avoir fait le choix d’un nouveau départ ? 

J’ai acquis suffisamment d’expérience et je suis arrivé à un âge auquel je me sens prêt à m’installer et faire mes propres choix. Surtout, j’ai pour but de ne plus privilégier la quantité mais la qualité. Pendant des années, j’ai monté beaucoup de chevaux et cela a bien fonctionné car de très bons sont sortis du lot, même s’ils n’étaient pas prédestinés à courir à haut niveau. J’ai été salarié pendant quatorze ans à Grammont et nous avons connu de belles réussites, ce qui montre que le système était plutôt bon. Après Quolita (Z, Quasimodo Z x Ramiro, qui a permis au trentenaire de participer à ses premiers CSI 5* entre 2016 et 2018, ndlr), nous n’avons pas réussi à rebondir et trouver la relève. Je voudrais désormais affiner mon fonctionnement, car je pense qu’en privilégiant la quantité, je suis passé à côté de chevaux car je n’avais pas suffisamment de temps à leur consacrer. Ces dernières années, nous avions déjà réduit la voilure, mais pas suffisamment. Vérone (de la Roque, SF, Kannan x Quick Star) et Katinka (vh Valenberghof, BWP, Corland x Montender) ont été vendues (et évoluent respectivement en Syrie et en Arabie Saoudite, ndlr) car elles avaient atteint le bon âge pour cela et qu’elles étaient en copropriétés. J’aimerais réinvestir avec des personnes motivées ou bien accueillir des chevaux au travail. J’ai pour le moment huit chevaux dont un quatre ans, un sept ans et des chevaux plus vieux, dont mes juments de tête T’Obetty (du Domaine, SF, Kashmir van Schuttershof x Diams du Grasset) et Divine (de la Roque, KWPN, For Hero de Hus x Kannan) qui sont encore en forme. J’ai aussi récupéré un cheval de douze ans, Always de Combraille (SF, Oscar des Fontaines x Stew Boy), qui sautait bien jusqu’à 1,45m avec sa propriétaire et qui me l’a confié quelques mois. Il a déjà couru en Grand Prix 2* l’an passé, et en a notamment conclu un avec un point de temps dépassé (le 12 septembre à Mâcon, ndlr). Il sautait très bien avec sa propriétaire et a le potentiel pour sauter 1,50m. Je devrais pouvoir compter sur lui un peu plus de la moitié de la saison, il devrait donc pouvoir épauler T’Obetty et Divine le temps que je trouve d’autres chevaux à former pour retrouver les plus belles épreuves. Avec ce nouveau système, ma motivation première est de retourner vers le haut niveau. J’aimerais mieux faire cohabiter sport et commerce et ne plus me retrouver sans relève. Je crois que nous étions arrivés au bout du système avec Grammont. J’avais également une société en parallèle avec des associés, mais nous avions réinvesti dans de trop jeunes chevaux entre un et trois ans. Les plus vieux avaient six ans cette année, donc il aurait fallu attendre encore plusieurs saisons pour espérer avoir le sport comme ambition, sans compter tous les aléas. Je veux donc travailler à une plus petite échelle et travailler à mon compte afin de pouvoir consacrer davantage de temps à chaque cheval. Je vais ainsi passer la très grande majorité de mon temps à monter, former et entrainer mes chevaux, mais aussi consacrer un peu de temps à coacher un petit nombre de personnes. 

Au centre équestre de Grammont, vous étiez notamment investi dans le sport-études et entrainiez régulièrement les élèves… 

Tout à fait, mais je ne vais pas poursuivre. Cela a été clair lorsque mon contrat s’est terminé, je ne voulais surtout pas leur faire concurrence et il n’était pas question que je parte avec des clients du centre équestre. En hiver, je donnerai peut-être quelques stages car j’ai souvent été sollicité, mais je n’ai jusqu’alors jamais pu m’y consacrer. Je pourrai peut-être faire travailler quelques professionnels de la région s’ils sont demandeurs. Cela ne représentera toutefois que quelques heures par semaine. 



“D’ici six mois ou un an, j’aimerais m’entrainer avec quelqu’un afin de continuer à évoluer”

Vous avez fait le choix de rester dans la région Montpelliéraine…

Oui, et bien qu’il ne s’agisse pas d’une région d’élevage, j’y suis bien implanté. Le climat me plaît toujours autant (rires), je connais bien le coin et le centre équestre des Verriès est une infrastructure importante dans la région. Je connaissais cet endroit car c’est à une quinzaine de kilomètres de Montpellier et qu’ils organisent quelques concours nationaux chaque année. Il se compose d’une carrière de 100mx100m, un grand manège, un marcheur, des paddocks… Je pense que ce lieu sera fonctionnel pour le système que je mets en place. Même s’il s’agit d’un club, il y a deux carrières et je pourrai travailler sereinement. J’y loue donc une dizaine de boxes, mais le nombre n’est pas encore définitif. Pour l’heure, je suis seul, mais je sais que lorsque les concours démarreront j’aurai besoin de l’appui d’une personne supplémentaire. Étant donné que je repars de zéro et que je n’ai pas repris la saison de concours, j’arrive pour le moment à sortir les huit chevaux que j’ai au quotidien. Je n’avais plus vraiment l’habitude de brosser mes chevaux, donc cela me permet de créer des liens avec les nouveaux, mais aussi les renforcer avec ceux que j’ai depuis des années. 

Allez-vous solliciter les conseils d’un entraineur ? 

J’ai eu la chance de travailler avec beaucoup de grands professionnels tels que Michel Robert, Bruno Rocuet et d’autres. Depuis deux ou trois ans, j’ai concouru à un niveau un cran inférieur en courant en 2* et 3* et j’avais des engagements auprès du centre équestre qui me prenaient trop de temps pour me consacrer davantage à mon propre entrainement. Une fois que j’aurai stabilisé mon nouveau système, j’aimerais en effet être conseillé. Je pense qu’il est toujours important de continuer à évoluer. Je ne sais pas encore qui je solliciterai, mais il s’agit d’un appui qui me manque assurément. Michel Hécart m’avait fait travailler en décembre à Oliva car je monte Divine, la jument de sa fille Adeline. C’est le dernier qui m’a fait travailler en trois ans. D’ici six mois ou un an, j’aimerais m’entrainer avec quelqu’un afin de continuer à évoluer. 

Quels vont être vos objectifs sportifs en 2022 ? 

Mon installation aurait dû être finalisée un peu avant, donc je ne peux pas débuter ma saison début février à Oliva, comme je le faisais jusqu’alors chaque année. Je compte donc démarrer début mars à Vidauban. J’aimerais continuer à concourir en CSI 2* et 3* avec T’Obetty et Divine, en faisant si possible quelques incursions en 4*, et de temps en temps en Grand National. J’ai donc pour sûr deux juments très compétitives à 1,50m-1,55m. Je voudrais aussi prendre le temps de connaître Always et voir s’il peut les épauler. Le but est donc de retrouver d’autres chevaux, soit en investissant de mon côté, soit en trouvant des partenaires afin de consolider un piquet et faire évoluer les chevaux à travers les saisons. 2022 sera donc sûrement une année de transition, mais les choses peuvent parfois aller plus vite que prévu. À Grammont, j’ai eu la chance de monter énormément de chevaux de commerce très différents. J’ai appris à m’adapter à la grande majorité. Ceux que j’ai monté à 1,50m ou plus, je les avais tous formés dès leurs quatre ou cinq ans. À cet âge-là, ils n’étaient pas forcément destinés au grand sport, ce qui prouve que rien n’est impossible. Je tiens donc à conserver mes bonnes relations avec les propriétaires qui m’ont suivi et en développer de nouvelles, dans la confiance et sur le long terme. Je veux que tout le monde s’y retrouve, que ce soit sportivement ou commercialement. J’ai bien conscience qu’il faudra sûrement recommencer avec de jeunes chevaux, mais j’aime cela et j’ai pour objectif de leur permettre de se transcender jusqu’au haut niveau. 



Retrouvez HAROLD BOISSET en vidéos sur