“Pouvoir se mesurer à l’élite mondiale est très motivant”, Jennifer Hochstadter

Ce weekend, dans l’enceinte du Grand Palais Éphémère, à Paris, Jennifer Hochstadter a participé à son premier CSI 5* à l’occasion du Saut Hermès. Un rendez-vous prestigieux que la jeune amazone de dix-huit ans, entraînée par Marcel Delestre, n’aurait manqué pour rien au monde. Bouclant des parcours parfaits avec CSIO Bel et Golden Lady dans les deux épreuves d’ouverture le vendredi, cotées à 1,45m et 1,50m, la Liechtensteinoise a les yeux rivés vers l’avenir et met tout en œuvre pour atteindre ses objectifs.



Vous avez participé à votre premier CSI 5* à l’occasion du Saut Hermès au Grand Palais Éphémère. Comment avez-vous décroché votre sélection? Dans quel état d’esprit avez-vous abordé cet événement?

Je devais normalement participer au label réservé aux moins de vingt-cinq ans, mais comme je suis la seule cavalière liechtensteinoise et qu’il fallait à minima être deux représentants de la même nation, je ne pouvais pas prendre le départ. J’ai alors très gentiment été invitée par Sylvie Robert à participer au CSI 5*. Cela ne se refuse pas!
Dès que je l’ai su, il y a environ trois semaines, j’ai été très heureuse. Tout le monde autour de moi était également ravi car nous attendions cela avec impatience. J’ai eu à cœur de bien faire, et grâce à Simon et Marcel Delestre (avec lesquels elle collabore depuis de nombreuses années, ndlr), ainsi que mon père (Nicholas Hochstadter, ndlr), j’étais en confiance. Ma première épreuve s’est très bien déroulée puisque j’ai signé un sans-faute avec CSIO Bel (anciennement vu sous la selle de Simon Delestre, ndlr). Il a été génial, comme d’habitude!

Vous avez affronté l’élite mondiale. Que vous inspire le fait de vous retrouver face au numéro un mondial Peder Fredricson ou l’illustre doyen John Whitaker? 

Côtoyer l’élite mondiale est très inspirant et motivant. J’ai la chance de travailler avec Simon et Marcel Delestre depuis sept ans maintenant, donc cela m’a donné envie d’y aller et de montrer ce que je sais faire! C’est assez incroyable, je m’en rends bien compte, mais à un moment il faut y aller et ne plus se poser de questions.

À Paris, vous étiez accompagnée de Golden Lady (KWPN, Cassini Gold x Ieapostara D), qui vous a rejoint il y a quelques semaines à peine, et CSIO Bel (Han, Tinka’s Boy x Granie). Pouvez-vous les présenter?

CSIO Bel est un petit cheval que nous avons acheté chez Simon (Delestre, ndlr) lorsqu’il avait six ans. À l’époque, nous l’avions en même temps que Berlux, donc nous avons échangé nos montures pendant un temps ; Simon évoluait avec CSIO Bel, et moi avec Berlux. CSIO Bel est un cheval très attachant, avec beaucoup de force et de caractère, qui donne toujours tout pour son cavalier. Je me rappelle encore de notre première épreuve à 1,50m, où il avait mis tout son cœur et m’avait démontré que je pouvais compter sur lui. Il est extraordinaire!
Golden Lady a rejoint mon piquet il y a seulement trois semaines et je n’avais encore jamais sauté de parcours avec elle. Elle est très sereine, ce qui me donne confiance en moi, et très grande, donc les parcours ont l’air moins haut qu’avec CSIO (rires). Elle a vraiment un super mental, et fait preuve de beaucoup de souplesse. 

Jennifer Hochstadter et CSIO Bel dans l'épreuve à 1,45 de vendredi.

Jennifer Hochstadter et CSIO Bel dans l'épreuve à 1,45 de vendredi.

© Sportfot



“J’ai tout pour espérer faire une belle saison”

De quels autres chevaux votre piquet est-il composé?

J’ai une autre super jument, Alita des Isles (SF, Mylord Carthago*HN x Royal Feu). Quand j’ai repris l’équitation après dix mois d’arrêt en raison de mes études et de la pandémie de Covid-19, j’ai eu besoin de me remettre en confiance dans des épreuves à 1,30 et 1,40m, et Alita a été ma maîtresse d’école. Je peux également compter sur Enjoy d’Éole (SF, Kannan x Carthago), un cheval avec beaucoup de force, avec lequel nous avons commencé les épreuves à 1,40m au Sunshine Tour de Vejer de la Frontera. C’est un cheval qui a toujours été très facile à monter sur le plat et très respectueux en parcours. L’objectif est d’avoir un piquet de chevaux plus complet que l’an passé. J’ai tout pour espérer faire une belle saison! 

Quels sont vos objectifs pour la suite de la saison?

Nous allons au CSI 2* de Lierre la semaine prochaine avec Alita et Enjoy. Il y aura également le CSIO d’Opglabbeek - mon premier dans la catégorie Jeunes Cavaliers -, auquel je me rendrai avec mes quatre chevaux. Ensuite, nous irons au CSI 4* de Fontainebleau, puis deux semaines à Nancy (qui accueillera un CSI 3* puis un CSI 2*, ndlr) et sûrement à l’Hubside Jumping de Grimaud. Tout un programme!

Quelle est votre plus grande ambition?

Comme tous les cavaliers, j’imagine qu’il s’agit de pouvoir espérer représenter un jour son pays aux Jeux olympiques. Pour être plus rationnelle, à l’heure actuelle, mon but est d’abord d’être sélectionnée pour les championnats du monde et les championnats d’Europe. 

Vous vous entraînez avec Marcel Delestre. Quelle relation entretenez-vous avec lui, et sur quoi travaillez-vous en particulier? 

Je connais la famille Delestre depuis un petit moment maintenant, donc j’ai beaucoup de choses qui me viennent en tête et il est très difficile de les matérialiser avec des mots. Marcel (Delestre ndrl) me transmet sa confiance, son savoir et son envie d’aller toujours chercher plus loin. Sincèrement, sans lui, je n’en serai pas là. Je lui dois beaucoup. Par exemple, c’est Marcel qui a trouvé Golden Lady! Avec les Delestre, nous travaillons comme une équipe et c’est tous ensemble que l’on y arrive. Vendredi, avant d’entrer en piste avec CSIO Bel, il m’a dit: “Reste tranquille, tu sais que tu peux le faire et amuse toi”. Il lui arrive aussi de me sortir de ma zone de confort en me demandant d’aller davantage au bout des choses. Il me pousse sans cesse à aller de l’avant et je sais que je peux avoir confiance en lui. Simon n’est d’ailleurs jamais très loin pour me donner un conseil, d’autant qu’il connaît bien mon cheval. 

Jennifer Hochstadter et Golden Lady dans le Grand Prix 5*.

Jennifer Hochstadter et Golden Lady dans le Grand Prix 5*.

© Sportfot



“ Chez moi, loin des chevaux, je m’ennuyais à mourir…”

Quel recul avez-vous sur votre parcours? Devenir cavalière professionnelle était-il une évidence? 

Le déclic pour devenir cavalière professionnelle s’est vraiment opéré quand j’ai fait le choix d’arrêter l’équitation. Chez moi, loin des chevaux, je m’ennuyais à mourir… C’est ma passion et je ne me vois pas vivre d’autre chose. Quand je me suis remise à cheval après dix mois d’arrêt, j’ai vraiment commencé à évoluer car je monte tous les jours depuis. C’est un rythme très différent du temps où je n’allais monter que le weekend. J’ai l’impression de n’en n’être qu’au début de mon aventure sportive. J’ai hâte de voir où cela nous mènera! 

Quel est votre parcours scolaire?

J’ai passé mon bac international, que j’ai obtenu, en mai 2021. Avant de me lancer à 100% dans mon projet professionnel, j’ai eu une vie scolaire complètement normale de mes trois à dix-sept ans. 

Comment occupez-vous votre temps libre?

Aux écuries, il y a une très bonne ambiance, alors il nous arrive de sortir au restaurant ou d’aller boire un verre. Même si mes chevaux vivent en France, j’habite normalement en Suisse, donc dès que j’ai un peu de temps je rentre chez moi pour retrouver mes amis. Changer d’environnement fait parfois beaucoup de bien, mais j’avoue avoir toujours très vite envie de revenir!

Quel regard portez-vous sur l’implication de votre père Nicholas Hochstadter dans les sports équestres? 

Mon père a toujours été très présent, depuis le début. C’est lui qui m’a appris les bases équestres puis qui m’a emmenée chez les Delestre. Il était lui-même cavalier, mais il a ensuite décidé d’arrêter pour se concentrer sur sa collaboration avec Simon et ma progression. Il est très impliqué auprès de moi, ce qui me fait très plaisir. Il m’insuffle beaucoup d’énergie et c’est un vrai moteur car j’ai vraiment envie de le rendre fier. Il y a tellement de travail derrière un parcours, impliquant des gens différents dont la famille, les entraîneurs, les grooms, ce que les gens extérieurs ne mesurent pas toujours. Il m’a toujours rassurée dans les moments de doute en étant là au bon moment et au bon endroit.  
Notre métier est aussi d’acheter et vendre des chevaux, donc en ce qui concerne Berlux (Zang, Berlin x Dame de la Cour), nous sommes très contents de son évolution et de ses résultats avec son nouveau cavalier (le gris a remporté la Coupe des nations du CSIO 4* de Wellington avec Max Wachman début mars, ndlr). Berlux m’a beaucoup appris et nous a offert des moments incroyables avec Simon, mais les départs font partie de notre sport. L’aventure continue avec d’autres chevaux désormais!