“Participer de nouveau à une Coupe des nations est l’un de mes objectifs”, Pierre-Marie Friant

Après Auvers, c’est au Grand National de Vichy que Pierre-Marie Friant s’est rendu pour débuter la saison 2022. Là-bas, le trentenaire s’est imposé dans l’épreuve phare Pro Élite à 1,50m, aux rênes d’Urdy d’Astrée. Dans les allées cavalières, le Breton a notamment évoqué le retour à la compétition de son fidèle alezan, éloigné un temps des terrains de concours pour blessure, mais a également évoqué son piquet de jeunes chevaux, qu’il a pris le temps de travailler pendant la trêve hivernale.



Dimanche, à l’occasion du Grand National de Vichy, vous avez renoué avec la victoire avec Urdy d’Astrée (SF, Bouffon du Mûrier x Pamphile) en remportant l’épreuve Pro Élite. Dans quel état d’esprit étiez-vous avant de prendre le départ de la seconde manche ?

J’étais dans un bon état d’esprit car le cheval va très bien. Urdy a connu de petits soucis de santé l’an dernier, mais il est de retour et en pleine forme. J’espérais juste ne pas revivre le même scénario qu’à Auvers, où j’avais fauté sur le dernier obstacle. Pour autant, je suis resté assez confiant car Urdy avait déjà très bien sauté, tant à Auvers qu’à Vichy. Nous avons soigné le début du barrage car la combinaison, qui arrivait assez vite, était plutôt fautive. Pour le reste, j’ai galopé en faisant confiance à mon cheval et cela m’a permis de rattraper notre retard. À l’issue du parcours, j’étais vraiment ravi car c’était une petite revanche sur Auvers. Au-delà de la victoire, je me satisfais encore plus de la manière remarquable dont Urdy s’est comporté. 

Quels enseignements tirez-vous de votre début de saison, lancée début février à Royan ?

La tournée de Royan est une bonne mise en route car elle permet aux chevaux de se remettre dans le bain assez progressivement compte tenu du nombre important d’épreuves. Cela a été une bonne préparation, qui a porté ses fruits au regard de leurs performances sur le circuit du Grand National, où ils sont arrivés prêts et en forme. J’en suis ravi.

Sur quels chevaux comptez-vous à plus ou moins brèves échéances ?

Je peux toujours compter sur Urdy et Bianca Star (SF, Quick Star x Qualisco III), qui le seconde très bien et participe aux épreuves intermédiaires. J’ai également des chevaux en formation qui seront amenés à sauter de grosses épreuves mais ne sont pas encore tout à fait prêts, comme Milo (BWP, v/h Dingenshof), un hongre de dix ans, et Bengali du Cellier La (SF, Baloubet du Rouet x Quabri de Laleu). Tous deux ont beaucoup de moyens mais n’ont pas encore assez d’expérience. En parallèle, je forme de jeunes chevaux qui viendront renforcer mon piquet, à l’instar d’Héroïne de Riverland (SF, Untouchable x Baloubet du Rouet), une jument de cinq ans dans le sang avec beaucoup de qualités, et Galax du Rouet (SF, Lauterbach x Quaprice Boimargot Quincy), un cheval de six ans très respectueux que je viens de récupérer. J’espère atteindre mes objectifs avec eux. Enfin, mes vieux chevaux, Valkanne Aubourgère (SF, Kannan x Melkior du Montois) et Dalhia de la Chapelle (SF, Eldorado de Hus x Val de Saire), sont toujours très compétitifs dans des épreuves un peu plus petites. 

 Pouvez-vous nous présenter votre système ?

J’ai repris l’écurie familiale et travaille avec mon père (Jacques Friant, ndlr), qui était cavalier. Je suis entouré par une super équipe sur laquelle je peux vraiment compter, notamment des cavaliers maison qui m’aident dans le travail et la sortie des chevaux. Entre les jeunes et les moins jeunes, je suis souvent en déplacement pour les concours. En mon absence, mon père prend le relai et chapote toute l’organisation. En concours, je suis toujours accompagné de mon groom Gaëtan. J’ai également la chance de pouvoir compter sur des propriétaires qui me font confiance. Je n’ai pas de chevaux en propriété, uniquement au travail, pour la valorisation ou le commerce. 

Wilfrid Prud’Homme, Pierre Marie Friant et Pierre-Alain Mortier sur le podium.

Wilfrid Prud’Homme, Pierre Marie Friant et Pierre-Alain Mortier sur le podium.

© PSV Morel/FFE



“Je profite toujours de la trêve hivernale pour parfaire la formation de mes jeunes chevaux”

Quels sont vos prochains objectifs ?

Je vais à Saint-Lô ce week-end et me rendrai aux championnats de France Pro avec Urdy, du 20 au 24 avril. J’aimerais beaucoup retourner à La Baule car le cheval va bien, se classe régulièrement, a l’expérience nécessaire et que je suis de la région! C’est mon objectif. Puis si tout va bien, et en accord avec les sélectionneurs, j’aimerais participer de nouveau à une ou deux Coupes des nations. Mes autres chevaux avanceront dans les pas d’Urdy en le secondant au maximum car il est capable de sauter de grosses épreuves, ce qui donnera le tempo de la saison pour les autres. 

À quoi avez-vous occupé vos journées durant la trêve hivernale ?

À travailler mes jeunes chevaux ! (rires) J’en ai pas mal à la maison alors cela représente beaucoup de travail. Une fois que la saison est lancée, je suis régulièrement absent en raison des concours. De fait, j’ai décidé de mettre à profit la trêve hivernale pour prendre de l’avance dans leur formation, ne pas être en retard le moment venu et commencer la saison avec des chevaux prêts. La trêve me permet de prendre le temps de les sortir à l’extérieur pour sauter. 

Vous faites régulièrement appel à un masseur équin, Préscillia Jaffré. Quelle place accordez-vous au bien-être de vos montures, et quels bénéfices en tirez-vous ?

D’expérience, mes chevaux retirent un grand bénéfice de leur séance. Ils sont régulièrement suivis par un ostéopathe et un kinésithérapeute car il faut soigner rapidement le moindre signe d’inconfort qui pourrait les rendre moins compétitifs. C’est comme pour les humains. À haut niveau, le bien-être des chevaux est primordial pour préserver leur mental et leur performance. J’y attache une très grande importance et je trouve cela normal. À titre d’exemple, Urdy a connu de petits problèmes de santé, notamment articulaires. Ce n’était pas grave, mais il est si sensible et délicat que cela peut prendre de l’ampleur et je le ressens immédiatement dans son comportement. Aussi, il a moins concouru l’an dernier car je savais qu’il n’était pas à 100%. Maintenant que nous avons trouvé des solutions, il se porte comme un charme et c’est le plus important pour moi. 

En février, vous avez découvert le monde des courses à l’hippodrome de Royan. Racontez-nous cette expérience…

J’ai pu vivre cette expérience par le biais d’amis et propriétaires que nous avons en commun avec Guillaume Macaire. Ce monsieur est un grand passionné de chevaux, et il est passionnant! Quand il a su que j’étais cavalier, il m’a convié à son écurie pour découvrir le monde des courses. Monter un cheval à l’entraînement était une formidable expérience, et il m’a même permis de sauter des obstacles. Je ne l’oublierai jamais. C’est une équitation très différente de la nôtre, avec un équilibre vers l’avant accentué par le fait d’être chaussé très court. 

Vous intéressez-vous à la politique ? Si oui, quels sujets trouvent échos en vous ? Irez-vous voter pour le second tour de l’élection présidentielle ?

Je ne m’y intéresse pas spécialement mais j’irai voter, sauf si je suis en concours ! (rires)