“Ce que nous aimons faire, c’est prendre le temps de former les chevaux”, Alexandra Francart

Particulièrement attachée aux belles histoires, Alexandra Francart est en train d’en écrire une nouvelle avec Drako de Maugré, un fils de son ancienne complice Atlanta de Maugré qui révèle tout son potentiel depuis deux semaines. À l’occasion du Jump’Est, organisé dans sa région par la famille Rulquin, la cavalière s’est livrée samedi sur ses objectifs à venir avec l’alezan, alors à la veille de disputer son premier Grand Prix CSI 3*. La Française s'exprime également au sujet de son autre jument de tête, Betty du Prieuré, ainsi que de l’évolution de ses écuries.



Après avoir été absente des terrains de compétition pendant un peu plus de huit mois, Betty du Prieuré (SF, Doremi x Chellano Z) a fait son retour à la compétition en mars. Comment va-t-elle?

L’an passé, Betty a eu des soucis ovariens qui l’ont conduite à se blesser dans un camion. Son problème d’ovaires a été vite réglé mais elle s’était abîmé un pied et cela a été assez long à soigner. Comme nous avions vite considéré que ce serait une année presque blanche pour elle, nous l’avons laissée tranquille toute la saison même si elle aurait pu redémarrer en fin d’année. Nous sommes assez contents de son retour, qui s’est fait vraiment tranquillement en mars. Elle a quand même participé à l’étape du Grand National de Vichy, mais sans en disputer le Grand Prix, et y a réalisé un sans-faute sur 1,45m (terminant ainsi onzième du Grand Prix Pro 1 du vendredi, ndlr). Elle manque encore un peu de souffle, d’entraînement, d’abdos, donc nous avons trouvé intéressant de l’engager dans le Critérium Pro 1 à Fontainebleau (que le couple a conclu au vingtième rang, ndlr), afin qu’elle progresse encore au niveau de sa condition physique.

Comment va s’articuler sa saison cette année?

Maubeuge (le traditionnel CSI 3* nordiste s’est tenu le week-end du 1er mai, ndlr) étant une piste que Betty affectionne plutôt, puisqu’elle y avait déjà remporté le Grand Prix des chevaux de sept ans (en 2018, ndlr), nous avons décidé de lui faire disputer une épreuve à 1,50m et le Grand Prix (à 1,55m, où la grise a écopé de huit points, ndlr) là-bas. Elle reviendra ici, à Rosières-aux-Salines, la semaine prochaine, pour sauter un tout petit peu plus petit dans le CSI 2*, et ensuite elle partira au CSI 4* de Bourg-en-Bresse avec Drako de Maugré. Selon leur forme là-bas, nous définirons ensuite le programme pour la suite de la saison.



“L’épreuve que Drako de Maugré a remportée à Maubeuge était la troisième à 1,50m de sa carrière”

L'arrêt pour blessure de Betty du Prieuré a profité à Drako de Maugré, qui a ainsi pu s'aguerrir en Grand Prix CSI 2*.

L'arrêt pour blessure de Betty du Prieuré a profité à Drako de Maugré, qui a ainsi pu s'aguerrir en Grand Prix CSI 2*.

© Les Garennes

Justement, à neuf ans, Drako de Maugré a remporté une épreuve à 1,50m à Maubeuge et terminé cinquième d’une autre ici, au CSI 3* de Nancy. Vous attendiez-vous à ces performances de sa part?

L’année blanche de Betty nous a permis de le préparer parfaitement. Lorsqu’elle a été arrêtée, nous avons revu toute notre organisation et il est devenu mon cheval de tête mais comme il n’avait que huit ans, nous avons fait très attention à son programme pour le préserver: comme je suis pressée, je prends mon temps. Il a donc fait beaucoup de performances en CSI 2* et puis cette année, avec un peu plus de maturité, il commence à sauter des épreuves à 1,50m et il le fait super bien donc cela nous fait une deuxième cartouche assez sympa pour aller s’amuser en concours. L’épreuve qu’il a remportée à Maubeuge était la troisième à 1,50m de sa carrière. À Vichy, il n’avait déjà écopé que de quatre points dans le Grand Prix du Grand National et nous sommes très contents de ce qu’il fait. Il a beaucoup de qualités intrinsèques, beaucoup de moyens, il est extrêmement moderne parce qu’il a beaucoup de sang et d’influx et il est très respectueux.  Je n’ai qu’à l’arroser un petit peu tous les jours et il grandit tout seul.

Retrouvez-vous en lui des caractéristiques de sa mère, Atlanta de Maugré, que vous avez montée jusqu’à l’automne de son année de huit ans?

Complètement! D’ailleurs, dès les premières fois où je suis montée sur Drako, j’ai beaucoup retrouvé sa mère dans les sensations que j’avais. Comme elle, il a un côté précieux, mais dans le bon sens du terme. Il fait très attention à ce qu’il fait, à l’endroit où il pose ses pieds, et il est également très concentré, il analyse tout, comme Atlanta.



“Je tire un grand coup de chapeau à la famille Rulquin”

Fin 2020, vous disiez que l’ensemble de vos activités avait été impacté par la crise sanitaire, à commencer par le commerce. Qu’en est-il un an et demi plus tard?

Le commerce n’est pas une grosse activité pour nous. Ce que nous aimons faire, c’est prendre le temps de former les chevaux, en ayant un piquet qui tourne autour d’une dizaine de montures, comme nous l’avons fait avec Betty et comme nous le faisons avec Drako, pour viser un commerce à haut niveau par la suite. Notre priorité est vraiment mise sur le sport, car cela nous fait bien plaisir de monter des bons chevaux. Pour autant, toutes les activités autres que le commerce ont bien repris. J’ai par exemple donné beaucoup de stages cet hiver.

Vous montez ici un cheval portant l’affixe d’Ouilly, prénommé Faiz (SF, Kannan x Lando). Avez-vous débuté une collaboration avec cet élevage, dirigé par Alexandra Lebon? 

Oui, je monte certains de ses chevaux depuis septembre. Il n’était pas prévu que celui-ci participe au Jump’Est, parce que nous l’avons récupéré il y a un mois et demi seulement et il s’avère qu’il est extrêmement vert, mais nous avions une place vacante. Nous n’avions donc aucune prétention avec Faiz ce week-end car ces épreuves n’étaient pas forcément adaptées pour lui, mais par contre, cela me permet de le découvrir et je suis assez fière de lui car je l’ai trouvé très courageux et très intelligent. En plus, pour nous qui affectionnons les très belles histoires, il est le fils de Burak (d’Ouilly, SF, dont la mère par Palestro II n’est autre que la crack Jubilée d’Ouilly, ndlr), la première jument que j’ai montée pour Madame Lebon et que nous avons vendue cet hiver aux États-Unis.

Avez-vous d’autres jeunes recrues prometteuses au sein de vos écuries?

Nous avons un joli lot de chevaux de huit ans et nous en avons aussi un autre qui a un an de moins, Farfelu des Meulières (SF, Quick Star x Diamant de Semilly). Il appartient à William Gevresse et n’est pas du tout dans le même format que Faiz mais semble être assez prometteur aussi.

En tant que cavalière originaire et installée dans le Grand-Est, quel est votre regard sur l’organisation du premier CSI 3* de Nancy dans le cadre du Jump'Est ce week-end?

Je trouve assez dingue que la famille Rulquin (qui est aux manettes de la manifestation, ndlr) se donne autant de travail et, j’imagine, de soucis aussi, parce que cela ne doit pas être simple d’organiser tout cela, pour sa région et pour nous. Je leur tire un grand coup de chapeau et leur dit un grand merci.