Mégane Moissonnier sur un petit nuage à Grimaud

L'Hubside Jumping de Grimaud a contribué à la suite d’une destinée sportive que tous annoncent exceptionnelle, celle d’une jeune cavalière de vingt-quatre ans à qui tout réussit depuis quelques mois. Sur le Golfe de Saint-Tropez, les légendes s’écrivent avec une initiale doublée. Saint-Trop’ a B.B. et cette semaine, son double M, celui de Mégane Moissonnier, lauréate du Grand Prix CSI 3* cet après-midi après s'être déjà octroyé une victoire ex aequo avec Pénélope Leprevost dans l'épreuve majeure du samedi.



De la tête et… de la tête. Pour cette quatrième semaine de compétition au Haras des Grillons, dans le cadre de l’Hubside Jumping de Grimaud, le chef de piste Cédric Longis avait dessiné un parcours de Grand Prix qui demandait aux cavaliers de réfléchir, plus qu’aux chevaux de forcer. Il faut dire que le constructeur avait à faire, pour ce CSI 3*, à un plateau hétérogène de pointures et de chevaux expérimentés, mais aussi de cavaliers et montures moins habitués à se frotter à l’élite mondiale du saut d’obstacles. Or tous devaient avoir la même chance de s’imposer en ce dimanche radieux sur la Côte d’Azur. Pari gagné pour Longis : sur vingt-six partants en première manche, dix se qualifient pour le barrage, parmi lesquels des cavaliers et chevaux aguerris et des couples davantage rompus aux Grands Prix nationaux qu’à ceux qui se courent à Grimaud depuis quatre saisons déjà.



Dans le barrage, avantage à une dame

Alors que les filles et les femmes constituent la très large base des équitants licenciés, ces dames se font plus rares à très haut niveau, alors même que l’équitation est l’un des seuls sports olympiques mixtes, avec la voile. Ce week-end pourtant, les passionnés avaient remarqué que le Grand Prix pouvait tomber dans l’escarcelle d’une cavalière, qui deviendrait ainsi la troisième amazone à s’imposer dans le rendez-vous dominical de l’Hubside Jumping, après les victoires des Américaines Laura Kraut, en 2019, et Jessica Springsteen, l’an dernier. Première à s’élancer, l’icône Pénélope Leprévost, actuelle championne de France, championne olympique 2016 avec l’équipe de France, place d’office la barre très haut, en signant le double sans-faute dans un tempo éclair, aux commandes de GFE Candy de Nantuel. Le Français Philippe Léoni, qui trois semaines auparavant affichait une joie et une surprise immenses de partager, à la troisième place, le podium du Master Pro de Fontainebleau avec la Normande, ne parvient pas à détrôner la reine de l’équitation française et sort de piste avec quatre points de pénalité en selle sur Uhlan Okkomut. Troisième à s’élancer, le Tricolore Alix Ragot sur Coldplay EJ, réussit lui à prendre la pole position et impose alors le nouveau chronomètre de référence. Menaçante, la Belge Gudrun Patteet sur Sea Coast Enjoy Z est également sans-faute, mais moins rapide que le cavalier du Centre Val-de-Loire. Celle dont le nom résonne comme une anthologie des sports équestres, la Britannique Ellen Whitaker sur Spacecake, renverse une barre. Décidément, ce Grand Prix ne sourit pas aux cavaliers étrangers. Sixième à s’élancer, la Bressane Mégane Moissonnier, associée à Bracadabra, prend alors le lead. Mais derrière, de redoutables adversaires l’attendent encore. Comme son compatriote Emeric George, sur Calisco de Terlong, sans-faute… mais moins rapide ! Le Mexicain Jaime Azcarraga et Eye Catcher JB échouent, avec une barre à terre. Le Luxembourgeois Victor Bettendorf, fort de sa victoire, quelques heures plus tôt dans le Grand Prix du CSI 2*, doublera-t-il la mise ? Il aurait pu, en selle cette fois-ci sur Mr. Tac, parfait sur les barres, mais toujours moins rapide que la Rhônalpine. A ce stade de la compétition dont le dénouement est proche, la victoire est assurément française. Mais sera-t-elle féminine ou signée d’un cavalier ? Aymeric de Ponnat et Hoover apportent la réponse, en quittant l’arène sur un score de quatre points. Mégane Moissonnier s’impose, après une exceptionnelle semaine azuréenne. Emeric George est deuxième, Victor Bettendrof troisième. 



“La semaine a été extraordinaire, et ce avec tous les chevaux qui m’ont accompagnée sur l’Hubside Jumping de Grimaud, a expliqué l’heureuse gagnante, sélectionnée la semaine dernière pour la première fois dans l’Officiel de France de La Baule. Tout s’est merveilleusement bien passé. Bracadabra a été exceptionnel dans ce Grand Prix. C’est un cheval incroyable, qui a tout ce dont on peut rêver chez un cheval : le respect, le sang, la rapidité, les moyens. Il est facile à monter ; c’est un bonheur d’être sa cavalière. Dans le barrage, j’avais vu qu’Alix Ragot avait fait une foulée de moins dans les deux premières lignes par rapport au contrat que j’avais en tête. Malgré tout, je suis restée sur mon idée première. J’ai serré mes courbes et galopé dans les virages là où je pouvais le faire, en espérant que ce serait suffisant. Ça a suffi (sourire) ! Quand tout nous réussit, quand on se trouve sur une bonne vague comme c’est mon cas actuellement, on avance l’esprit libre et ça nous permet de nous surpasser. J’essaie d’en profiter et j’espère surtout que ça continuera encore longtemps”, a réagit la lauréate.  

“La victoire de Mégane me ravit personnellement”, a commenté Sadri Fegaier, fondateur de l’Hubside Jumping. Au nom de l’ensemble des partenaires du concours, je tiens à chaleureusement la féliciter. Ce qu’elle réalise depuis quelques mois est exceptionnel et l’ensemble des équipes qui m’entoure est particulièrement fier d’avoir vu grandir cette jeune cavalière rhônalpine, une région qui nous est chère, et qui est fidèle aux rendez-vous de l’Hubside Jumping depuis son lancement il y a quatre ans. L’expérience qu’elle a acquise sur nos concours de Grimaud et Valence est aujourd’hui précieuse, et je lui souhaite un destin sportif à la hauteur de son talent qui, je l’espère, la mènera loin, et pourquoi pas jusqu’aux Jeux olympiques de Paris”. 

Les résultats complets ici.