Comment protéger les zones sensibles d'un cheval au travail ?

La locomotion d’un équidé est fortement sollicitée lors d’une séance de travail, surtout lorsqu’il s’agit d’un cheval de sport. Les membres et le dos constituant des zones particulièrement délicates, il est ainsi recommandé de les protéger. GRANDPRIX fait le point sur les différentes protections existantes, ainsi que leurs utilités et utilisations.



Afin de protéger les zones les plus sensibles du cheval, à savoir les membres et le dos, au travail, au repos ou lors des transports, il existe un panel de produits adap-tés sur le marché. Sont-ils indispensables ? Pourquoi ? Comment les choisir ? À l’occasion de ce dossier, GRANDPRIX a réalisé en partenariat avec Horse Development, entreprise de marketing spécialisée dans le monde du cheval, un sondage en ligne auquel un peu plus de sept cents lecteurs ont participé. Ils ont ainsi confirmé que protéger les membres de leur équidé est devenu monnaie courante, 76,9 % d’entre eux utilisant systématiquement des protections. Les plus plébiscitées sont les guêtres avant ouvertes (84,7 %), suivies des cloches (65,3 %), des protège-boulets (59,6 %), des guêtres avant complètes (45,6 %), des bandes de polo (32 %), des bandes de travail (22,1 %), des guêtres arrière (21 %) puis des bandes de repos (15,1 %).

Et pour cause, les membres du cheval sont fragiles, particulièrement les tendons et les boulets. En cas de choc, ces derniers peuvent s’enflammer, provoquant entorses et tendinites, particulièrement douloureuses et très longues à guérir. D’où l’importance de les protéger ! "J’utilise des bandes mixtes polaires et élastiques surtout pour le travail, sur les conseils de mon vétérinaire, dans le cadre de la surveillance d’un suros survenu sur un métacarpe", témoigne ainsi Amélie. Une autre lectrice, Manon, renchérit : "Depuis que mon cheval a souffert d’une tendinite, je lui mets des guêtres constituées de particules de céramique fondue, ainsi que des cloches aux antérieurs." Quant à Mylène, si sa monture n’a pas contracté de problème particulier, elle "engage fort et vient régulièrement heurter ses antérieurs avec ses postérieurs – et elle cogne aussi ses postérieurs entre eux. Je protège donc ses membres avec des guêtres légères et des cloches, pas spécialement pour soutenir les tendons, mais pour éviter les chocs. J’apporte en revanche un soutien supplémentaire lorsque je prévois un effort particulier (obstacle, extérieur, dressage poussé)." "Je ne mets des protections qu’aux chevaux ayant des problèmes de santé avérés", équilibre Marie.



Une offre riche et diversifiée

Tous les chevaux et les problèmes rencontrés étant différents, il existe une multitude de protections destinées à protéger aussi bien les antérieurs que les postérieurs :

- Les guêtres fermées protègent l’intégralité des membres (avant du canon, tendon et boulet), tant antérieurs que postérieurs. Couramment utilisées sur le cross, en horse-ball et endurance notamment, elles ne sont en revanche pas autorisées en saut d’obstacles. "En fonction des antécédents vétérinaires de chacun de mes chevaux, je choisis des guêtres fermées ou des bandes de polo, mais je ne travaille jamais sans rien. J’utilise aussi des cloches pour les chevaux qui engagent beaucoup", raconte Eugénie. Amélie abonde en ce sens : "Mon cheval se tape sur certains mouvements, donc je mets systématiquement des guêtres quand je sais que je vais travailler sur deux pistes, pour éviter des blessures et de l’inconfort. Sans cela, il se retient sur certains mouvements. "

- Les guêtres ouvertes sont communément utilisées en saut d’obstacles. Outre la protection des tendons, elles évitent au cheval de potentiels chocs susceptibles de le blesser en heurtant les barres, ou en se cognant lui-même, notamment en tapant le canon de son antérieur avec le sabot postérieur.

- Les protège-boulets, qui se posent naturellement sur les postérieurs, protègent quant à eux l’intérieur et l’arrière des boulets.

- Les cloches protègent la couronne et les glomes. "Comme ma jument se marche énormément sur les antérieurs, je lui pose des cloches en permanence, au travail comme au paddock", explique Mélany. "Par ailleurs, elle porte des bandes aux antérieurs lors du travail sur le plat et pour des séances de cavaletti car elle est sujette aux pathologies tendineuses. Je ne mets de guêtres que pour les séances de sauts. Enfin, à la longe, je protège les quatre membres avec des guêtres fermées en mouton." "J’utilise des cloches afin de protéger les glomes et limiter les risques de déferrage", justifie à son tour Julie.

- Les bandes de polo et de travail soutiennent davantage les tendons, notamment si le sol est de mauvaise qualité, par exemple. Elles sont aussi privilégiées sur les chevaux à peau sensible. "J’utilise des bandes de polo et des cloches car mon cheval a la peau très fine et sensible", illustre Anne. Quant à Julie, elle utilise "des bandes de polo pour éviter la friction générée par les guêtres et limiter la surchauffe des tendons. Elles sont résistantes et souples, et s’adaptent parfaitement à la forme des membres de ma monture." "Dès que la qualité du sol laisse à désirer, je mets des bandes de polo pour amortir les chocs", prévient Claire. Précisons ici que les bandes de travail doivent impéra- tivement être correctement posées, sous peine d’engendrer l’effet inverse à celui escompté et d’abîmer les tissus tendineux par des frottements.

- Les bandes de repos servent à soulager l’articulation du boulet et les tendons. Elles se posent par-dessus un coton et englobent le boulet. Elles permettent, entre autres, de stimuler le retour veineux et la bonne circulation du sang pour éviter les engorgements après un effort physique ou un arrêt prolongé au box lors d’une convalescence. Il existe aussi des guêtres de repos, semblables à des attelles souples, ainsi que des guêtres de repos réfrigérantes – le froid accélérant le processus de récupération.

- Les protections de transport sont destinées à protéger les membres d’un équidé qui voyage, et amortissent les chocs pouvant survenir en cas d’à-coups inappropriés, de glissades ou de moments d’énervement… Citons aussi les protège-queues, qui préservent les crins des individus ayant tendance à se frotter la croupe pendant le transport, entraînant pelade et plaies.

Comme l’illustrent les sondés, certains tiennent à utiliser des protections à chacune de leur sortie. D’autres, adeptes de la proprioception, n’en mettent que lors de compétitions ou séances de travail spécifiques. "Je fais en fonction de chaque cheval. Par exemple, ceux qui ne sont pas ferrés n’en portent pas, sauf pour sauter", relate Marie. À l’inverse, Clémence affirme "mettre toujours des cloches pour longer, ainsi que des guêtres et des protège-boulets à chaque sor- tie : on n’est jamais trop prudent". Quant à Christel, son partenaire "a systématiquement des bandes de polo en cas d’apparition de molettes. Autrement, ce sont des protège-tendons ouverts pour le saut d’obstacles et des guêtres fermées pour le dressage."



On n'arrête pas le progrès !

Les protections disponibles sur le marché sont nombreuses et dotées de matériaux et technologies de plus en plus recherchés : gel choc, Néoprène, carbone, doublures en mouton véritable, en mousse polyuréthane, respirantes, anatomiques, etc., assurant toujours plus de confort et d’ergonomie. Il est ressorti du sondage l’ordre suivant parmi les critères de sélection : matière (80,2 %), usage spécifique (63,6 %), esthétique et couleur (61,5 %), prix (54,9 %), marque (36,8 %), avis des professionnels (30,4 %) et disponibilité immédiate (10 %). "J’ai choisi des guêtres respirantes afin de ne pas surchauffer les tendons", explique Amélie, tandis que Laura a préféré "l’ingénierie de la protection, qui a retenu toute mon attention : forte aération des tendons et légèreté, mais robustesse pour protéger suffisamment les tendons des coups." Même son de cloche du côté d’Amélie : "Je préconise les guêtres en 3D mesh fermées pour la respirabilité, la qualité de protection et éviter les frottements au paddock."

À noter que certaines protections sont démontables, ce qui facilite leur nettoyage au jet ou en machine. "Les protections doivent allier sécurité des membres et respiration de la peau et des tendons. Elles doivent aussi être pratiques, donc faciles à nettoyer et sécher rapidement, surtout l’hiver", témoigne une cavalière anonyme. Aussi, il existe plusieurs tailles de protections : pour être sûr de choisir la bonne, il convient de mesurer la hauteur du canon et le tour du boulet de sa monture.



Prendre soin du dos de son cheval

Un cheval ne naît pas avec une selle sur le dos. Ainsi, tout son équipement doit respecter au maximum sa physionomie naturelle et permettre une équitation juste et harmonieuse, afin qu’il donne le meilleur de lui-même à un cavalier confiant et décontracté. Même adaptée au dos du cheval, une selle peut bloquer les muscles et l’aisance des mouvements une fois le cavalier en selle, et provoquer déséquilibres et inconforts, voire des douleurs consécutives à des points de pression mal répartis, entraînant une surcharge au niveau des muscles. À terme, cela peut générer une mauvaise circulation sanguine freinant le développement musculaire métabolique, entraînant des douleurs et / ou des problèmes de comportement.

Le dos du cheval au travail, donc sa musculature, évolue en permanence. Le cavalier trottant, galopant, sautant ou présentant une "mauvaise" assiette peut rebondir de façon plus ou moins importante dans sa selle. C’est pourquoi l’utilisation d’un amortisseur s’avère parfois judicieuse : en amortissant les chocs d’une part et / ou (selon les modèles) en limitant et répartissant harmonieusement les pressions subies par le dos du cheval. L’amortisseur va ainsi protéger le dos de ce dernier et stabiliser la selle.

Il existe des amortisseurs classiques, destinés à limiter les chocs, et des amortisseurs correcteurs, qui compensent la morphologie du cheval. Ces derniers évitent que la selle ne glisse, peuvent relever le pommeau ou le troussequin afin de mieux l’équilibrer, et aident à une répartition optimale des points de pression grâce à des cales ou inserts interchangeables. Il existe aussi des modèles cumulant les deux fonctions. Concernant l’amortisseur classique, qui absorbe les chocs, il peut aussi se révéler très intéressant pour un cavalier novice n’ayant pas encore acquis une bonne assiette. Par ailleurs, certaines disciplines, comme le saut d’obstacles, le horse-ball ou le polo, dans lesquelles le cavalier doit se lever et se rasseoir rapidement, favorisent les chocs plus ou moins violents sous la selle. Un amortisseur pourra ainsi aider à ménager le dos du cheval comme celui du cavalier. Un amortisseur peut également s’avérer essentiel en cas de morphologie atypique (dos ensellé, garrot très prononcé), d’utilisation d’une même selle sur plusieurs montures (donc non dédiée à une morphologie en particulier) et sur un jeune cheval, dont la morphologie change rapidement au cours de sa formation. Pour autant, décrire les avantages d’un amortisseur adapté ne signifie pas que tous les chevaux en aient forcément besoin, à l’image d’un équidé disposant d’une selle parfaitement adaptée à sa morphologie. Ce dernier risquerait alors d’annuler la bonne répartition du poids sur le dos du cheval, de rendre la selle trop étroite à l’avant et de compresser les épaules et le garrot. À l’inverse, un amortisseur correcteur est recommandé en cas de mauvais ajustement, notamment dans les cas suivants : si la selle est un peu trop large pour la monture ; s’il s’agit d’un cheval jeune ou en phase de remise au travail qui verra sa morphologie évoluer du fait du développement de sa musculature ; si son dos est irrégulier ou sensible. Quoi qu’il en soit, même le meilleur amortisseur ne peut compenser les effets nocifs d’une selle mal ajustée et ne doit pas être utilisé à de simples fins de style ou de mode ! Enfin, comme souvent, mieux vaut faire appel à un professionnel pour un diagnostic personnalisé.

Protection du cheval

Protection du cheval

© Scoopdyga



Trouver la bonne matière

Les amortisseurs disponibles sur le marché ne sont pas tous constitués de la même matière, notamment grâce aux progrès effectués sur le sujet. Ainsi, on peut trouver des amortisseurs en gel, mouton, mousse, 3D, feutre, mesh, à mémoire de forme, etc. Pour choisir celui qui correspond le mieux à sa monture, il faut prendre garde à différents points concernant son ergonomie et sa constitution. En effet, un amortisseur doit être doté d’une gouttière assez large et d’un dégagement certain des épaules, du garrot et des lombaires. Sa surface doit être égale ou supérieure à celle de la selle afin de ne pas réduire la surface de contact avec le dos du cheval, et il ne doit pas comporter de couture rigide pour que la partie en contact avec le dos du cheval soit lisse. Aussi, sa matière ne doit être ni extensible, car elle viendrait alors imposer des points de pression sur le garrot et la colonne, ni trop dure, sous peine de n’avoir aucun effet amortissant, ni trop molle, auquel cas elle s’écraserait au moindre choc sans amortir. Par ailleurs, un amortisseur n’est aucunement censé modifier les sensations ou l’équilibre du cavalier. Attention, par exemple, à son épaisseur, car un amortisseur trop "volumineux" déséquilibrera le cavalier et lui donnera la sensation désagréable de se trouver trop éloigné de sa monture. Outil de communication, la selle permet en effet à l’un de transmettre des informations à l’autre. Si l’amortisseur est trop épais, les informations sont "piratées", la finesse du contact est rompue et le cheval comprend moins ce qu’on lui demande.

Savoir véritablement de quel amortisseur et / ou correcteur notre monture a besoin reste très délicat, chaque équidé étant unique. De plus, les éventuels effets nocifs de la selle sur le cheval ne se voient pas toujours à l’oeil nu… Toutefois, avant de choisir un amortisseur, il est opportun de se procurer une bonne selle, c’est-à-dire de bonne qualité. Nul besoin de dépenser des fortunes ; mieux vaut acheter une selle d’occasion en bon état, provenant d’un sellier de renom, par exemple, ou façonnée à la main dans des matériaux haut de gamme et adaptés, qu’une selle neuve de qualité discutable. Pour valider la correspondance d’une sel- le et d’un équidé, certains points sont à vérifier : le garrot, bien dégagé, doit pouvoir laisser passer trois doigts entre l’os et la selle ; les épaules ne doivent pas être écrasées ; les vertèbres lombaires doivent être bien dégagées ; la selle doit être en équilibre sur le dos, le pommeau et le troussequin étant à la même hauteur ; les panneaux ne doivent pas écraser la colonne du cheval : on doit pouvoir voir le jour jusqu’au garrot lorsque l’on se place derrière l’animal. Au moindre doute, s’offrir les services d’un professionnel, c’est-à-dire un saddle fitter, n’est pas du luxe ! Cela servira évidemment le cavalier, puisque son partenaire se sentira mieux et donc plus disponible au travail. Il lui sera ainsi plus facile de se concentrer sur ses aides et sa connexion, sans se préoccuper de sa position.

Bande de repos après travail

Bande de repos après travail

© Scoopdyga