“Je n’avais pas pris part à une Coupe des nations depuis 2005, en Juniors!”, Guillaume Batillat

Le 7 mai, Guillaume Batillat a signé le seul double sans faute tricolore dans la Coupe des nations du CSIO 3* de Mannheim, en Allemagne, contribuant à la quatrième place de l’équipe de France. Cavalier professionnel, éleveur et formateur de jeunes chevaux, le cavalier de trente-six ans installé en Seine-Maritime revient sur son entame de saison et évoque ses objectifs sportifs.?? 



Guillaume Batillat en selle sur Egee Levaillant, jeune jument de neuf ans.

Guillaume Batillat en selle sur Egee Levaillant, jeune jument de neuf ans.

© Agence Ecary

Quel est votre retour sur le CSIO 3* de Mannheim où vous avez été classé plusieurs fois en individuel, notamment avec Come On Di Gisors, et où vous vous avez contribué à la quatrième place de l’équipe de France dans la Coupe des nations du circuit de la Fédération équestre européenne (EEF) ? 

Le bilan est plutôt bon ! Les chevaux ont bien sauté, ils se sont bien comportés et ont tout simplement fait leur job. Mannheim est un concours allemand, c’est donc bien organisé, bien huilé. Ce concours existe depuis longtemps, les parcours sont intéressants. De plus, l’ambiance au sein de l’équipe était très bonne, ce qui aide. Dans l’ensemble, c’était un chouette concours.? 

Comment avez-vous vécu la Coupe des nations avec cette équipe de France à la composition inédite ? 

Je n’avais pas pris part à une Coupe des nations depuis mon époque au sein de l’équipe Juniors (en mai 2005, à Helden, aux Pays-Bas, ndlr). Cela faisait vraiment longtemps que je n’avais pas concouru dans ce genre d’épreuve, mais le faire avec cette équipe composée de Jeanne Sadran, Philippe Léoni et Reynald Angot a été un véritable plaisir. Je les connaissais tous déjà bien et nous étions tous très motivés.?? 

Quel regard portez-vous plus globalement sur l’amorce de votre saison 2023 ? 

Le début de saison se déroule très bien. Les chevaux sautent très bien, ils évoluent tous comme je l’espérais en fin d’année dernière. J’ai un piquet de chevaux assez large ; certains ont neuf ans et commencent à obtenir de bonnes performances dans des épreuves à 1,45m. J’estime qu’ils concourront assez rapidement à 1,50m. J’ai aussi des chevaux qui évoluent dans des épreuves un peu plus importantes. Come On tire la locomotive, Encore Toi du Linon ainsi qu’Égée Levaillant l’épaulent. Les autres chevaux les suivent à leur rythme. Je verrai comment la suite de la saison se déroule.?Par ailleurs, en rentrant du Maroc l’année dernière, j’ai décidé de changer mon système et éprouvé le besoin d’être encadré. J’ai fait appel à Trevor Coyle (l’Irlandais a représenté l’Irlande au plus haut niveau, terminant notamment huitième des Mondiaux de Rome en 1998 et deuxième de la finale de la Coupe du monde de Göteborg l’année suivante, ndlr), qui m’accompagne lors de certaines compétitions et vient de temps en temps me faire travailler aux écuries. Il est important pour moi d’avoir un regard extérieur, qui peut me donner un petit plus pour avancer. 

Comment avez-vous rencontré votre cheval de tête, Come on di Gisors ? 

Son propriétaire actuel l’a acheté lorsqu’il avait sept ans. Peu de temps après, il me l’a amené pour me le confier, Come On avait tout juste huit ans. Lui et moi évoluons ensemble depuis deux ans et demi, j’aimerais continuer à concourir avec lui sur de beaux terrains de concours. Nous continuons à évoluer tranquillement en 4* et verrons bien où le futur nous mène. En tout cas, je ne me mets pas de pression. Je suis très reconnaissant de pouvoir monter un cheval comme lui, j’ai vraiment beaucoup de chance.? 

Vous avez un large piquet de jeunes chevaux, notamment Milky Way 111 ou Bowie Tips Z. Comment jugez-vous votre piquet de chevaux actuel et quelles sont vos objectifs avec eux ? 

Comme je l’ai mentionné auparavant, j’ai un piquet de douze chevaux, plus ou moins avancés, mais présentant tous de la qualité. Après avoir été touché par la rhinopneumonie en 2021 à Valence, j’ai dû recommencer avec de nouveaux chevaux car la plupart de mes équidés avaient du mal à se remettre de la maladie. On m’avait alors confié des six et sept ans un peu tardif dans le travail, ce qui explique pourquoi plupart de mes chevaux ont neuf ans et débutent tout juste dans le sport à haut niveau. Ces dernières années, je me suis principalement consacré à ces chevaux, c’est pourquoi j’ai participé à un grand nombre de concours nationaux. Nous les emmenons petit à petit vers les CSI 3*, d’abord dans les épreuves à 1,45m puis à 1,50m. D’ici la fin d’année j’aimerais qu’ils soient tous réguliers à ce niveau.? Certains chevaux comme Come On ont cependant vite grimpé les échelons et m’ont permis de prendre part à quelques beaux concours internationaux à l’étranger, comme lors du Morocco Royal Tour (aux CSI 4*-W de Tétouan et CSIO 4*-W de Rabat en octobre 2022, ndlr).? 



“Encore Toi du Linon est vraiment à la hauteur de mes attentes ”

Vous évoluez également depuis plusieurs années avec Encore Toi du Linon, une jument de neuf ans victorieuse d’une épreuve à 1,45m cet hiver lors d’un CSI 3* à Royan. Comment évaluez-vous son potentiel ? 

Encore Toi du Linon est l’une de mes meilleures juments, elle est vraiment à la hauteur de mes attentes. Je suis content de son évolution de ces dernières années et j’ai hâte de voir jusqu’où elle ira. Mais encore une fois, je ne me mets pas de pression, je regarde l’évolution de mes chevaux au jour le jour. Après tout, ce sont des animaux, des êtres-vivants. Un jour, tout peut aller pour le mieux, et le lendemain rien ne va plus. Il ne sert à rien de trop de trop se projeter et fixer des objectifs trop importants. Globalement, tout se passe très bien depuis le début de la saison. J’espère tout simplement que mes chevaux, que ce soit Encore Toi, Come On ou les autres, continueront à s’épanouir comme ils le font tous actuellement. Après l'épisode de Valence (en 2021, Guillaume Batillat était présent en Espagne alors plus gros foyer européen de l’épizootie de rhinopneumonie équine, où plusieurs chevaux ont perdu la vie, ndlr) j’ai pris conscience qu’il fallait être à l'écoute de mes chevaux et de leur bien être en faisant appel à la communication animale. Nous avons aussi une équipe de professionnels spécialisés en magnétisme, shiatsu, puis ostéopathie. Les chevaux sont ainsi suivis mensuellement, tant sur le physique que moral, ce qui est très important pour moi.  

Dans un précédent entretien, vous avez affirmé vouloir valoriser des jeunes chevaux pour les revendre par la suite, est-ce toujours le cas ou avez-vous également des chevaux pour le long terme ? 

C’est toujours le cas. J’ai un large piquet mais une grande partie sont des chevaux de propriétaires que je valorise avec objectif de revente. Ceux que j’ai sous ma selle actuellement sont des chevaux que je souhaite revendre lorsqu’ils auront neuf ou dix ans. Je veux cependant prendre le temps avec eux pour ne pas les brusquer et m’assurer que tout se passe bien. Cela est possible grâce à la confiance et au soutient de mon équipe et de mes propriétaires 

Êtes-vous passionné d’élevage comme votre père Jean-François, propriétaire de l’élevage des Étisses ? 

Je m’intéresse de plus en plus à l’élevage de mon papa, qui est un très grand passionné. C’est important pour moi de me diversifier, je monte essentiellement des chevaux de propriétaire mais j’aimerais bien aussi avoir les miens. Nous avons accueilli durant l’hiver trois poulains de l’élevage âgés de cinq ans, que nous faisons progresser avec Faustine Mangin, cavalière de niveau Pro 2 de la région. Je peux compter sur elle pour assurer la continuité de ce travail lors de mes déplacements. Ces chevaux ont débuté le véritable travail, ils vont désormais retourner un peu au pré. Ils reprendront leur cursus à six ans. J’apprécie ce fonctionnement de faire travailler les jeunes quelques mois durant l’hiver puis de les remettre au pré lors des beaux jours, cela leur permet d’assimiler le travail plus gentiment et de les laisser grandir à leurs rythmes. L’un d’entre eux, un produit de Cornet Obolensky (ex Windows van het Costersveld, ndlr) sort du lot. Sa mère est une très bonne jument que montait ma sœur, Audrey, et je pense qu’il sera très bon. 

Quel est votre système économique ? Avez-vous également des élèves ?

J’ai au sein de mes écuries deux clientes des Philippines ; Joker Arroyo (médaillée d’argent par équipes aux Jeux asiatiques, ndlr) et Chiara Amor, avec qui je travaille aussi dans cet objectif de Jeux. 

Mon système économique est principalement basé sur le métier de cavalier, j'ai autour de moi une équipe qui me permet de me consacrer au sport. À mes côtés, une personne de confiance gère tout le côté administratif, financier et logistique de mes chevaux pour chaque départ en compétition. L’élevage est pour l’instant une découverte. 

Comment va Baby Love, votre ancien cheval de tête ?

Baby Love est à la retraite depuis décembre 2021, il a pris ses quartiers chez mon papa, en Normandie, du printemps jusqu’à l’automne, puis il retrouve son boxe aux écuries pour passer l’hiver au chaud. Il passe une retraite paisible et méritée. Il a été mon cheval de tête et m’a épaulé pendant environ deux ans lorsque notre écurie a été victime de la rhinopneumonie. Une grande partie de mes chevaux ont eu du mal à s’en remettre, mais Baby Love s’en était très vite remis et m’as permis de rester dans la compétition.  

Quels sont vos objectifs pour la suite de la saison ?

Je n’ai pas d’objectif précis en tête. Nous allons au CSI 4* de Bourg-en-Bresse puis nous irons à Cabourg et verrons comment les chevaux évoluent. Je me fixe des objectifs mois après mois pour adapter au mieux le travail de mes chevaux. Je fais un peu de concours jeunes, des nationaux, des CSI… un peu de tout ! 

Guillaume Batillat en selle sur son ancien cheval de tête, Baby Love en octobre 2021.

Guillaume Batillat en selle sur son ancien cheval de tête, Baby Love en octobre 2021.

© Scoopdyga



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