Le groupe “Ensemble vers 2024” se réunit à Saumur et se met au travail

“Ensemble vers 2024”, le collectif de cavaliers olympiques et paralympiques imaginé par Maxime Livio et concrétisé par Adrien Bizouard, s’est réuni au grand complet pour la première fois les 10 et 11 juillet à Saumur. L’occasion pour Chiara Zenati, Marie Vonderheyden, Maxime, Corentin Pottier et Kevin Staut de faire plus ample connaissance, de faire parler de ce projet, mais aussi de travailler, à pied ou cheval. Reportage.



Cinq cavaliers se sont fédérés pour préparer les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Deux femmes, trois hommes et quatre disciplines sont ainsi représentés dans “Ensemble vers 2024”: les para-dresseuses Marie Vonderheyden et Chiara Zenati, le complétiste Maxime Livio, le dresseur Corentin Pottier et Kevin Saut, champion olympique par équipes de saut d’obstacle. L’objectif partagé par ces champions est de s’épauler pour optimiser leurs chances d’être sélectionnés aux Jeux de Paris et surtout d’y décrocher des médailles. Partant du constat qu’ils pratiquent le même sport, ils entendent monter en puissance en s’alliant dans un collectif, projet initié par Maxime Livio et aujourd’hui coordonné par Adrien Bizouard, son directeur d’écurie. Les 10 et 11 juillet, tous se sont réunis à Saumur et ont œuvré ensemble dans un esprit de cohésion.

Ces deux journées ont été l’occasion de travailler et de se consulter, aussi bien à pied qu’à cheval. Chacun s’écoute, dynamise les autres et, éventuellement, conseille. En mettant en commun leurs connaissances, tous gagnent en expériences, mais aussi visibilité auprès de médias généralistes et d’éventuels sponsors, comme le revendique l’ensemble du groupe, qui a travaillé dès le premier jour sur ces notions en salle. Les cavaliers valides se sont aussi initiés aux équipements utilisés par les para-dresseurs, comme le palonnier pour la tenue des rênes.

La matinée du 11 juillet a été orientée vers des aspects plus pratiques, Maxime Livio faisant travailler deux chevaux sur le plat avec Corentin Pottier et à l’obstacle avec Kevin Staut, sous les regards attentifs et concentrés de Marie Vonderheyden et Chiara Zenati, parmi quelques observateurs privilégiés. Sur sa carrière de travail, à Dénezé-sous-Doué, non loin de Saumur, le médaillé de bronze par équipes des Mondiaux de 2018 à Tryon, a tout d’abord détendu Dragon de Hus (SF Con Air 7 x Locato), à l’écoute des conseils de Corentin, lui expliquant comment il gère un échauffement, puis il s’est concentré sur les propos de Kevin Staut, décrivant comment “se positionner sur le dos de [s]on cheval pour qu’il puisse monter le garrot un peu plus; à quel endroit s’asseoir pour que cette partie-là monte.”Dès les premiers sauts, le Normand analyse que le complétiste ne “laisse pas assez à [s]on cheval la possibilité de monter vers lui”. Pour affiner ce travail de positionnement, Kevin Staut monte d’ailleurs Dragon, illustrant l’importance que le bai se laisse manipuler aisément sur deux pistes en réagissant à un report de poids d’un étrier à l’autre. Il préconise notamment d’utiliser “l’intérieur de sa cuisse et le genou en premier lieu”. Ayant repris son cheval après avoir analysé ses sensations habituelles, Maxime travaille à nouveau dès la foulée de réception, à “retrouver [s]es appuis” pour “emmener [s]on cheval où il veut sur les trajectoires”.



“Tous mes chevaux galopent à quatre temps”, Kevin Staut

Api du Libaire (SF, Fusain du Defey, AA x Trésor de Cheux) enchaîne à son tour un parcours sous l’œil attentif de Kevin Staut, permettant de nouveau à son cavalier de travailler sur sa position qu’il devra “pouvoir adopter de plus en plus régulièrement”, et sur ses trajectoires. Les deux champions trouvent aussi l’occasion de comparer le galop du cross et celui d’un parcours de saut d’obstacles et de s’expliquer sur leurs sensations et habitudes. Cette collaboration semble d’ailleurs commencer à ses fruits en termes de montée en puissance vers l’échéance parisienne, puisque Maxime et Api ont brillamment remporté le CCIO 4*-S de Marnes-la-Coquette en individuel et en équipe quelques jours plus tard au haras de Jardy.

Alors que le Saumurois s’entraînait à l’obstacle en ce début de matinée, les autres membres du groupe en ont profité pour poursuivre leurs échanges face à ce qu’ils observaient. Ainsi, Marie Vonderheyden est intervenue auprès de Kevin Staut pour l’interroger sur le galop qu’il adoptait avec Dragon, sur le “rythme qu’il choisit”. Le Normand lui a répondu qu’il lui semblait important de “laisser le cheval se redresser, sans que le cavalier ne le prenne trop en charge, même si la mise en main n’est alors plus considérée” et qu’il “ne serai[t] alors pas en mesure de [s]e présenter sur un rectangle de dressage!”, en adressant, avec humour, un clin d’œil au jeune dresseur de Pamfou. D’ailleurs, il ajoute que tous ses chevaux “galopent à quatre temps. C’est peut-être horrible à regarder, mais cela cultive un mouvement lent et décomposé qui invite les chevaux à travailler leur geste.” Kevin Staut a continué à jouer le jeu des explications, évoquant sa tenue de rênes un peu particulière, mais aussi son choix de pratiquer une équitation “parfois moins académique”.

Tous les protagonistes réunis dans “Ensemble vers 2024” ont terminé leur rencontre en s’expliquant en conférence sur leurs motivations et leurs attentes. Surtout, ils ont profité de ce séjour ligérien pour échanger et créer des passerelles interdisciplinaires au sein de cette équitation de haut niveau forcément hétérogène. Ils devraient se réunir rapidement pour réitérer cette expérience.

Marie Vonderheyden et Corentin Pottier.

Marie Vonderheyden et Corentin Pottier.

© Anne-France Billard



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