Camille Collet Vidal, les courses et les sports équestres comme vocation (1/2)

À seulement vingt et un ans, Camille Collet Vidal a déjà une vie bien remplie! D’abord cavalière de saut d’obstacles à poney, la jeune femme s’est ensuite rapprochée, à l’adolescence, du milieu des courses, dans lequel travaille son père en tant qu’entraîneur, avant de découvrir le concours complet presque par coïncidence à son entrée dans la formation initiale portée par l'Institut français du cheval et de l'équitation (IFCE) à Saumur.  Aujourd’hui autant mordue de sports équestres que de courses hippiques, la Picarde met un point d’honneur à n’abandonner aucune de ses vocations, et jongle ainsi entre les pistes d’obstacles, les terrains de cross et les hippodromes, le tout à un bon niveau amateur. Passionnée et passionnante, la cavalière poursuit son ascension dans ces univers, qu’elle espère même un jour voir collaborer entre eux.



Pourtant née dans le monde des courses, Camille Collet Vidal s’est d’abord orientée vers l’équitation classique, en particulier le saut d’obstacles. “Mon père, Robert Collet, est entraîneur de chevaux de course”, raconte la jeune femme. “J’ai toujours aimé assister aux entraînements et, un jour, à treize ans, j’ai voulu essayer.” À cette époque, la cavalière évoluait depuis trois ans dans les épreuves poneys et commençait à s’entraîner auprès de Frédéric de Romblay, cavalier professionnel et coach installé à Gouvieux, non loin de chez elle. “C’est à cette époque que j’ai vraiment commencé à évoluer dans le milieu de l’équitation classique. En parallèle, je montais un peu les chevaux de course à l’entraînement le matin. J’ai découvert ce milieu-là un peu tard et je ne me voyais pas forcément participer à des courses au début, car c’était pour moi quelque chose d’assez impressionnant.” 

C’est finalement à l’âge de seize ans que la cavalière a décidé de sauter le pas et de prendre sa licence d’amateure afin de pouvoir fouler les hippodromes. “Certaines courses sont réservées aux amateurs, donc des personnes qui courent mais dont ce n’est pas le métier”, précise-t-elle. “Dans ces courses, il n’y a pas de gains, mais nous avons le droit à un bon circuit qui nous permet de monter sur de beaux hippodromes. À partir d’un certain nombre de victoires, les amateurs sont ensuite autorisés à monter contre les professionnels, ce que j’ai fait au bout de deux ans. Quand j’ai gagné ma première course contre de vrais jockeys, je me suis dit que finalement, j’avais peut-être le niveau! Jusque-là, je n’étais pas tellement sûre de moi car je ne voulais pas avoir l’air de rentrer dans le milieu uniquement grâce à mon père. Je souhaitais vraiment faire mes preuves avant.” Depuis janvier 2023, Camille est détentrice d’une licence professionnelle et a déjà monté son premier quinté.



“Thibaut Vallette m’a dit que mon cheval montrait réellement des capacités pour le complet”

Cependant, la cavalière n’a pas pour autant abandonné le haut niveau dans les sports équestres, bien au contraire, puisque la Picarde a intégré le Pôle France, à Saumur, en tant que complétiste. Une nouvelle corde à son arc! “Le concours complet ne faisait pas du tout partie de mes plans”, confie la cavalière. “Jusqu’alors, je courais des épreuves à 1,30m en saut d’obstacles avec Ulman, qui est sûrement le cheval le plus gentil du monde. Il se trouve que pour intégrer la formation initiale portée par l'Institut français du cheval et de l'équitation (IFCE) à Saumur, il y avait des tests d’entrées, dont certains nous étaient exemptés et si nous avions fait un certain nombre de concours complet en Amateur 4. Je me suis alors dit que courir quelques compétitions en amont pourrait m’aider à intégrer l’école, alors autant tenter l’expérience! Arrivée à Saumur, j’avais donc couru trois ou quatre concours avec Ulman jusqu’au niveau Amateur 1, et tous s’étaient très bien passés, mais je ne pensais pas continuer.” En effet, lors de leur formation initiale à Saumur, les cavaliers peuvent choisir la discipline dans laquelle ils souhaitent se spécialiser, et c’est assez naturellement que Camille a pensé s’orienter vers sa discipline de prédilection: le saut d’obstacles. 

“Quelques semaines avant la rentrée, j’ai reçu un appel de Nicolas Perez, le coordinateur de la première année, me disant qu’il savait que j’avais couru quelques concours complets et que la fille qui suivait la formation dans cette discipline était seule… Il m’a alors proposé de suivre cette formation, encadrée par Thibaut Vallette (champion olympique par équipes de Rio en 2016, ndlr). J’ai accepté en me disant que ce serait enrichissant! C’est ainsi que ç’a commencé et, assez rapidement, Thibaut m’a dit que mon cheval montrait réellement des capacités pour cette discipline. Il m’a alors proposé de rentrer par la suite au pôle France de concours complet, également sur le site de Saumur. Et quand ce genre d’opportunité s’offre, on ne peut pas décliner!” Or, pour intégrer le Pôle, la cavalière devait avoir participé à des épreuves de niveau 3* minimum et a donc dû faire seule son bout de chemin jusqu’à ce niveau-là. “Cela s’est finalement fait assez rapidement, et mon cheval a toujours répondu présent dès que j’avais besoin d’une qualification pour pouvoir passer à l’épreuve du dessus”, partage la jeune femme. “J’ai ensuite intégré le pôle et j’ai passé une année à m’entraîner aux côtés de Philippe Müll (écuyer du Cadre noir de Saumur et entraîneur des cavaliers du Pôle France relève FFE, ndlr). Intégrer ce groupe a été une expérience incroyable. Tout est parti d’un coup de téléphone et je n’ai pas le moindre regret, même pour mon cheval! Il sortait en saut d’obstacles dans des épreuves à 1,30m, mais je sentais bien qu’il n’aimait pas particulièrement ça, mais je ne connaissais pas autre chose. Quand nous avons débuté le complet, nous étions tous les deux novices donc nous avons évolué ensemble, et je pense que la progression a finalement été plus rapide que si l’un de nous deux avait déjà un peu de métier dans la discipline.”



“Participer à des courses me libère l’esprit”

Malgré son entrée en formation initiale sur le site de l'IFCE à Saumur, puis au Pôle France, la question n’a jamais été d’arrêter les courses pour Camille. Lors de sa première année d’école, la jeune Picarde jouait la Cravache d’or, un titre décerné la fin de l’année à la femme jockey comptabilisant le plus de victoires dans l’année. “J’étais dans les trois premières et je ne voulais pas du tout perdre ma place”, explique-t-elle. “Or, si je rentrais à l’école en septembre, je savais que cela risquait d’être compliqué de rester dans le trio de tête jusqu’au 31 décembre, date à laquelle le titre serait décerné, mais l’école a été très sympa et m’a laissé m’absenter quand j’avais besoin de participer à une course. Malheureusement je n’ai pas eu la Cravache d’or, mais celle de bronze! Pendant la deuxième et la troisième année, en revanche, j’ai dû ralentir la cadence, notamment à cause des études, mais je ne regrette pas. Philippe Müll et le staff fédéral en général sont également passionnés de courses; certains sont eux-mêmes propriétaires de chevaux et connaissent ce milieu d’ailleurs. Ainsi, tant que monter en courses n’impactaient pas l’entraînement de mes chevaux, ils me laissaient un maximum de liberté. Par ailleurs, ils savaient que cela jouait également sur mon mental, car je suis bien mieux quand je fais ce qui me plaît. Quand on vit des périodes plus compliquées, en cas de blessure d’un cheval, participer à des courses me libère l’esprit.” 

Pour la jeune femme, sa carrière dans les sports équestres est indissociable de celle qu’elle mène sur les hippodromes, et elle ne compte pas en choisir l’une par rapport à l’autre. “Contrairement peut-être à ce que l’on peut croire, les courses ont été l’un des facteurs de ma réussite en complet”, partage-t-elle. “Quand j’ai débuté, je n’avais aucune notion de cette discipline, mais j’avais déjà fait sauter des chevaux de courses à l’entraînement, ce qui se rapproche du cross car on développe le sens du galop. Pour l’instant, je ne dispute que des courses de plat car j’ai eu assez peu de temps pour m’entraîner à des courses d’obstacles. Comme elles sont plus propices à des blessures, il faut être vraiment bien préparé. Quand je joue la victoire, je dois me donner à fond pour ne pas me rater, que ce soit pour l’entourage du cheval, pour moi, ou pour l’animal. Courir ce genre de courses reste un objectif, mais cela n’arrivera pas avant l’obtention de mon diplôme, en septembre.” 

Désormais habituée à passer d’une discipline à l’autre, l’amazone trouve aisément sa place quel que soit le type de cheval et d’entraînement. “Au début, je prenais un peu les choses comme si j’allais pratiquer du foot et du tennis, puis j’ai rencontré un entraîneur de chevaux de course, Philippe Cotitn, qui a connu un parcours assez similaire au mien. Il venait du milieu des courses et a commencé à monter en concours et, plutôt que de voir la chose comme deux sports différents, il a réussi à intégrer les deux comme un ensemble. En fin de compte, ce n’est que la longueur des étriers qui change! Dans tous les cas, nous voulons que le cheval soit en équilibre, et que nous le soyons nous-mêmes, au-dessus de nos pieds. En course, ce n’est pas parce que nous montons en avant que nous sommes dans le déséquilibre, au contraire! Nous sommes ainsi plus en équilibre que certains cavaliers de saut d’obstacles qui ont du mal à être bien au-dessus de leurs pieds.”

La seconde partie de l'article est disponible ici.



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