“À Boekelo, nous avons réussi à tout réunir pour que Diabolo montre l’ensemble de ses qualités”, Nicolas Touzaint

Dimanche, Nicolas Touzaint a remporté le CCIO 4*-L de Boekelo aux rênes de Diabolo Menthe, qui a conclu la compétition avec ses 25,4 points de pénalité du dressage. Ce faisant, le couple a largement contribué à la victoire collective de la France dans cette étape finale du circuit des Coupes des nations de la Fédération équestre internationale. L’Angevin revient sur cette très belle performance et explique ce qui fait la spécificité de ce concours néerlandais très plébiscité des cavaliers. Il se projette aussi vers 2024 avec ses deux meilleures montures, Diabolo et Absolut Gold*HDC, mais aussi avec Fibonacci de Lessac*HDC, qui vient de réussir des débuts prometteurs en CCI 4*-S.



Vous venez de remporter le CCIO 4*-L de Boekelo, où vous avez grandement contribué à la victoire française dans la Coupe des nations. Vous attendiez-vous à une telle performance de Diabolo Menthe?

Je me suis effectivement rendu à Boekelo en espérant y réaliser une belle performance. De toute façon, je concours assez peu à l’étranger, donc lorsque je le fais, c’est parce que je sens mon cheval vraiment prêt à performer. Je connaissais le potentiel de Diabolo. Le week-end dernier, nous avons réussi à tout réunir de sorte qu’il montre l’ensemble de ses qualités dans les trois tests. Cela dit, terminer dans le top dix de cette épreuve aurait déjà été un bon résultat pour moi.

Ce concours était-il un objectif fixé de longue date pour ce cheval? 

Beaucoup de cavaliers, y compris moi, aiment emmener leurs jeunes chevaux prometteurs à Boekelo, généralement à huit ou neuf ans, après qu’ils ont disputé le Mondial du Lion-d’Angers à sept ans. Il est vrai que Diabolo a dix ans, mais c’est un grand cheval, qui ne cesse d’évoluer mentalement et physiquement. L’an dernier, je ne le sentais pas encore prêt pour Boekelo. Début 2023, en revanche, le sentant gagner en maturité, je me suis fixé ce CCIO 4*-L comme objectif à condition qu’il soit bien prêt au moment d’y participer.



“Tous les ans, le dernier gué est l’une des plus grandes difficultés du parcours”

Cet été, Absolut Gold*HDC a permis à Nicolas Touzaint de décrocher une belle cinquième place aux Européens du Pin-au-Haras.

Cet été, Absolut Gold*HDC a permis à Nicolas Touzaint de décrocher une belle cinquième place aux Européens du Pin-au-Haras.

© Hippo Foto

Comme vous le soulignez, Boekelo est prisé par les cavaliers pour y engager leurs chevaux moins expérimentés au niveau 4*. De fait, ce concours est, de loin, le CCI 4*-L le plus couru d’Europe. Qu’est-ce qui le rend si spécial?

Tout d’abord, on y trouve l’atmosphère d’un championnat, notamment parce qu’il y a beaucoup de public (plus de soixante mille spectateurs en quatre jours de compétition, selon les organisateurs, ndlr), et que la date est idéale pour en faire un objectif de fin de saison pour des chevaux un peu moins aguerris. Le dressage et le saut d’obstacles ont lieu dans une carrière qui donne un peu l’impression d’être dans une arène, avec un village d’exposants tout autour, des drapeaux, une véritable ambiance, etc. Pour la formation des chevaux, il est très important de se frotter à cette atmosphère particulière, qu’ils rencontrent généralement pour la première fois au Mondial du Lion, s’ils y prennent part. Au-delà de cet aspect, il y a une vraie organisation avec de véritables moyens. Tout le monde se fait plaisir là-bas, notamment lors de réceptions qui sont très sympathiques pour les propriétaires. De plus, le sol est toujours correct, car il est sablonneux, ce qui est idéal sur le plan sportif.

Lors du cross, cette année, on a observé cinq chutes sur le contre-bas numéro 20a, placé à l’entrée du gué de fin de parcours, ainsi que deux dans l’étendue d’eau située entre le deuxième élément de cet obstacle et la difficulté suivante. Comment l’expliquez-vous?

Tous les ans, ce gué est l’une des plus grandes difficultés du cross de Boekelo. C’est un concours important où les organisateurs mettent les moyens, comme je l’ai dit, donc je n’ai pas trop de doutes sur la qualité du sol à cet endroit. En revanche, c’est un enchaînement d’obstacles qui se trouve complètement à l’ombre; je pense qu’il y a un vrai problème de luminosité. L’eau est toute sombre, et sans parler des chutes, on voit souvent des réactions assez particulières des chevaux dans ce gué. Parmi les cavaliers qui sont tombés, je dirais que certains n’ont peut-être pas suffisamment sécurisé leur abord et sont rentrés dans cette combinaison trop confiants. On a aussi vu des montures qui ne prenaient pas forcément assez leur temps. La plupart des chutes sont donc parfaitement explicables à mon sens, même si l’on en a vu une ou deux où tout semblait avoir été préparé correctement.

Diabolo enchaîne les belles performances depuis longtemps et a d’ailleurs terminé sur le podium des cinq CCI 4* qu’il a disputés jusqu’ici. Pour autant, diriez-vous qu’il a encore franchi un cap dans sa progression?

Depuis le début de l’année, j’ai vraiment l’impression qu’il progresse à chaque sortie. Il est plus délicat qu’il n’en a l’air car il a beaucoup de sensibilité et peut vite monter en pression. J’apprends à gérer cela avec lui. Même si j’ai toujours eu conscience de son potentiel au dressage, par exemple, je n’avais jamais pu l’exploiter totalement auparavant. Cette fois, j’ai bien senti que c’était mieux que d’habitude en termes de relâchement, avant même de connaître mes notes.

À un peu moins d’un an des Jeux olympiques de Paris 2024, vous pouvez compter, avec Absolut Gold*HDC et lui, sur deux chevaux ayant obtenu le résultat qualificatif en CCI 4*-L nécessaire pour y participer et pouvant prétendre à une sélection. Comment vivez-vous cela? 

Très bien parce que c’est une vraie chance (rires)! Cela donne de la sérénité et de la confiance, car cela signifie que ce que nous avons mis en place fonctionne à tous les niveaux, qu’il s’agisse de mes propriétaires, de mes sponsors, de l’encadrement fédéral, etc. Pour moi, c’est une satisfaction professionnelle d’amener deux chevaux à ce niveau-là, d’attaquer l’année olympique avec deux montures de ce calibre. C’est hyper motivant!



“Je ne serais pas étonné que Fibonacci soit très performant début 2024”

Fibonacci de Lessac*HDC a récemment réalisé une performance convaincante pour son premier CCI 4*-S, à Lignières, terminant onzième. Comment envisagez-vous la suite avec lui?

Le CCI 4*-L de Saumur, qui devrait bien avoir lieu en avril (après avoir été annulé en 2023, il figure à nouveau au calendrier de 2024, ndlr), est l’objectif que je me fixe avec lui. S’il y réussit une belle performance, il sera lui aussi qualifié pour les JO, même s’il a moins d’expérience et n’aura que neuf ans. Avec Fibonacci, je me trouve dans le même schéma qu’avec Diabolo, c’est-à-dire que je le sens en constante progression. À Lignières, il a réussi une excellente reprise de dressage (qui lui a valu 28,1 points, ndlr) et un cross tout aussi bon (n’écopant que de 2,8 points pour temps dépassé, ndlr), mais je dois encore affiner des réglages pour le saut d’obstacles (où le fils de Carinjo a commis trois fautes, ndlr). Pour autant, je sens que le cap est en train de passer, et je ne serais pas étonné qu’il soit lui aussi très performant début 2024.

Compte tenu de tout cela, envisagez-vous de prendre de nouveau part à des CCI 5*-L, vous qui aviez remporté celui de Badminton en 2008 et n’en avez plus disputé depuis 2016?

En effet, c’est l’un de mes objectifs, bien que les JO soient prioritaires et que je veuille préserver mes deux chevaux afin d’y participer avec le plus en forme d’entre eux. Ensuite, j’espère pouvoir compter sur Fibonacci pour les championnats car je pense qu’il a tout pour y réussir. D’ailleurs, je l’imaginerais bien participer aux championnats d’Europe à dix ans (en 2025, ndlr). En parallèle, j’aimerais pouvoir profiter d’Absolut et Diabolo pour disputer quelques beaux CCI 5*-L, car il faut s’y aligner avec des chevaux ayant beaucoup d’expérience.

Cette saison, la France a remporté quatre des cinq Coupes des nations qu’elle a disputées, et s’est parée du bronze collectif aux Européens du Pin-au-Haras. Cela vous donne-t-il de la confiance pour 2024?

De la confiance, pas forcément, parce que les Jeux olympiques seront une nouvelle épreuve pour laquelle il faudra réussir à aligner la bonne équipe avec des chevaux prêts au bon moment. En revanche, cela montre que nous avons de bons couples, que nous sommes dans le coup et que le système en place fonctionne.



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