Propriétaire de James Bond de Massa et Diabolo Menthe, Françoise Niclaus, “n’a jamais perdu la passion des chevaux”

Les sports équestres ne peuvent s’épanouir sans l’engagement des propriétaires de chevaux. Investisseurs, partenaires ou mécènes, ils font partie intégrante de l’équipe qui entoure un cavalier et son cheval. Comme le haras des Coudrettes d’Armand et Emmanuèle Perron-Pette avec Absolut Gold*HDC et Delph de Denat*HDC, Françoise Niclaus compte deux chevaux inscrits sur la liste À cheval pour Paris: James Bond de Massa, qui concourt en dressage avec Arnaud Serre, et Diabolo Menthe, en copropriété avec Edith Mézard, qui performe en concours complet avec Nicolas Touzaint. Rencontre avec une femme investie et passionnée.



D’où vient votre passion pour les chevaux?

J’ai toujours eu la passion des chevaux et j’ai commencé à monter vers l’âge de six ans. Mon père était médecin. À l’époque, il n’y avait pas de club à Cavaillon (dans le Vaucluse, ndlr), alors mes parents et ceux d’Edith Mézard, une amie d’enfance que j’ai connue à l’école maternelle, ont construit des boxes. J’ai appris sur des chevaux réformés de course. Ce n’était pas simple, je tombais beaucoup! J’ai un peu concouru, notamment en concours complet, puis j’ai levé le pied pendant mes études de médecine. Plus tard, je me suis mariée avec un homme qui possédait un manège, en Belgique. Sa fille concourait en dressage. On ne perd jamais la passion des chevaux! Donc nous nous sommes mis au dressage avec mon mari.

Comment êtes-vous devenue propriétaire de chevaux de haut niveau?

Avec mon mari, nous avons commencé à avoir des chevaux de compétition que nous confiions à un cavalier belge. Comme j’habite à Monaco, je me suis orientée vers des cavaliers français, ce qui était plus simple. C’est important pour moi d’être proche de mes chevaux car je veux pouvoir les voir. De fait, je vais souvent chez Arnaud (Serre, établi dans les Bouches-du-Rhône, ndlr), moins chez Nicolas (Touzaint, installé en Maine-et-Loire, ndlr), car il est plus loin. Je me déplace aussi régulièrement sur les terrains de concours, ce qui me procure beaucoup de plaisir.

Qu’appréciez-vous chez les chevaux?

Ils sont très sensibles et très affectueux. Dans nos sport, ils nous rendent bien l’affection qu’on leur donne. À Bruxelles, j’ai encore un vieux cheval de vingt-quatre ans, qui m’emmène en promenade en forêt, au pas et un peu au trot. J’espère qu’il va rester encore longtemps avec moi, car j’ai besoin d’entretenir cette relation avec lui! C’est mieux qu’une drogue, c’est apaisant. Comme j’habite Monaco, j’ai besoin tous les mois de mon tour au calme en forêt, de changer de décor. 

Comment avez-vous rencontré Nicolas Touzaint et Diabolo Menthe?

J’ai rencontré Nicolas grâce à Edith Mézard. Elle a eu un cheval, Lord de Theizé, vice-champion d’Europe et du monde par équipes et sélectionné pour les Jeux de Londres (avec Olivier Guillon, ndlr). C’est là que nous avons repris contact et que nous avons acheté des chevaux de complet ensemble. C’était naturel pour moi! Il y a eu Emory Mail chez Nicolas Touzaint, et Diabolo Menthe, qui est très bon. Ce dernier appartenait à Nicolas et une autre propriétaire (Dorothée Rossez, ndlr). Quand il a terminé troisième du Mondial du Lion, à sept ans en 2020, celle-ci a souhaité le vendre. Nicolas m’a alors proposé de le racheter avec Édith, ce que nous avons fait.

Je n’ai pas pu être présente pour la victoire de Diabolo au CCIO 4*-L de Boekelo (en octobre dernier aux Pays-Bas, ndlr), mais c’était superbe. Il a beaucoup progressé en dressage et en saut d’obstacles. Fin mars, j’irai les voir à Pompadour (pour la deuxième étape du Grand National, ndlr). Il y aura aussi Vittel (où se tiendra le Master Pro, ndlr) en juin, juste avant l’annonce des sélections olympiques. Nous croisons les doigts!

Françoise Niclaus, James Bond de Massa et Arnaud Serre.

Françoise Niclaus, James Bond de Massa et Arnaud Serre.

© Léonard Berl/FFE



“Je ne veux pas vendre mes chevaux, qu’ils soient bons ou moins bons, qu’ils se blessent ou pas”

Qu’appréciez-vous dans le concours complet?

À mon sens, le complet est un peu la discipline “reine”, très complète, où il faut être polyvalent. Cela donne un peu d’angoisse – je suis fort stressée pendant le cross – parce que les couples prennent des risques mais c’est magnifique à voir. Regarder un Grand Prix de dressage est moins stressant! Cela étant, les deux disciplines sollicitent beaucoup les chevaux et demandent de l’exigence.

Pouvez-vous revenir sur l’histoire qui vous lie Arnaud Serre et James Bond de Massa? 

J’ai trouvé James Bond à deux ans: je l’ai vu en vidéo et l’ai trouvé fantastique. Je l’ai acquis au début de ses trois ans. J’avais déjà confié mes chevaux de Belgique à Arnaud donc il était naturel de lui confier James Bond. Il l’a même débourré. C’est un très bon cheval qui a bien progressé, tout comme Diabolo Menthe. Tous deux sont encore jeunes et ont l’avenir devant eux!

Arnaud est une personne très professionnelle, avec beaucoup de sentiment, comme son épouse (Anne-Sophie, ndlr) et sa belle-fille Mathilde (Juglaret, ndlr), qui monte très bien. Ils ont un grand respect pour leurs chevaux, ce qui est essentiel, et toutes les qualités pour être de bons cavaliers. J’ai d’ailleurs acquis Lightning Star, troisième du championnat du monde des sept ans en 2023, pour la confier à Anne-Sophie. J’ai également Orien Xpress, un fils de James Bond qui a pris six ans, et Alcazar de Massa, un cheval plus âgé que monte Mathilde.

À ce jour, vous êtes l’une des deux propriétaires à compter deux chevaux présélectionnés pour les Jeux olympiques de Paris. Que cela représente-t-il pour vous?

Je ressens beaucoup de fierté. L’équitation est un sport de couple, et trouver la bonne association entre le cheval et le cavalier n’est pas simple. Les propriétaires ont besoin des cavaliers, et eux ont besoin de nous pour avoir de bons chevaux. C’est un sport d’équipe, où chaque acteur est important. 

Nous bénéficions d’un très bon suivi de la Fédération française d’équitation. Les cavaliers ont besoin d’être épaulés à tout point de vue. Tout va se jouer à la fin, avec des sélections tardives comparées à d’autres sports. La liste des prétendants est plus longue en complet qu’en dressage. Il faudra être performant au bon moment. Comme dans beaucoup d’autres sports, le facteur chance est non négligeable. J’espère qu’au moins l’un d’entre eux sera de l’aventure. Les Jeux sont l’objectif suprême, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver jusqu’au dernier moment. C’est la dure loi du sport de haut niveau, et évoluer avec un animal ajoute une incertitude supplémentaire.  

Comment vous décririez-vous en tant que propriétaire?

Je ne suis pas embêtante. En revanche, je ne veux pas vendre mes chevaux, qu’ils soient bons ou moins bons, qu’ils se blessent ou pas. Je les garde et leur offre une belle retraite. Je pense qu’on doit leur rendre ce qu’ils nous ont donné. Il existe un esprit commercial avec les chevaux. Chez moi, c’est hors de question. Mes chevaux sont comme mes enfants. Je suis comblée: j’ai de bons chevaux et le leur rends bien.



Retrouvez ARNAUD SERRE en vidéos sur
Retrouvez DIABOLO MENTHE en vidéos sur