Cinq anciens grooms accusent Douglas Lindelöw de graves faits de maltraitance

Douglas Lindelöw est accusé par plusieurs grooms d’avoir maltraité des chevaux et de les avoir corrigés sévèrement après de mauvais parcours. Le média suédois Sportbladet le révèle dans une enquête publiée lundi. Le nom du cavalier n’y est pas mentionné, mais plusieurs sources confirment qu’il s’agit bien du trentenaire, vice-champion d’Europe par équipes en 2017 à Göteborg, double finaliste de la Coupe du monde et champion d’Europe Jeunes Cavaliers en 2010. La Fédération suédoise a saisi la police et provisoirement privé le cavalier de toute compétition internationale.



“Il ne devrait plus être autorisé à approcher le moindre cheval”, lance une groom nommée Nina. Pour le médiaSportbladet, distribué par Aftonbladet, le quotidien le plus lu de Suède, cinq personnes ayant exercé comme grooms pour un cavalier de haut niveau suédois ont témoigné, photos à l’appui, révélant des pratiques violentes, ainsi que des difficultés à maîtriser la colère et la frustration. Comme il est de coutume dans la presse suédoise, le cavalier en question n’est pas nommé. Aftonbladet indique simplement qu’il cumule des distinctions à haut niveau, gère sa propre écurie et collabore avec une marque suédoise de premier plan. Cependant, plusieurs sources interrogées par GRANDPRIX confirment qu’il s’agit de Douglas Lindelöw, vice-champion d’Europe par équipes en 2017 à Göteborg, double finaliste de la Coupe du monde et champion d’Europe Jeunes Cavaliers en 2010 à Marnes-la-Coquette. Par ailleurs, au moins trois sponsors, dont la compagnie d’assurance Agria, l’ont retiré très récemment de la liste de leurs cavaliers partenaires.

Nina, l’une des témoins, se souvient notamment d’un concours lors duquel le cavalier aurait frappé un cheval au niveau des flancs une fois de retour dans son box après un mauvais résultat. “C’était terrible”, regrette l’ancienne groom, qui évoque un autre épisode marquant. Alors que le cavalier tentait de faire reculer une jument de six ans, qui n’avait pas encore appris à le faire, celui-ci est descendu et a frappé sa monture avec un stick sur tout le corps. “La pauvre jument était complètement perdue et effrayée. Elle était trempée de sueur et tremblait en retournant aux écuries. Elle avait des marques de stick gonflées sur tout le corps”, se remémore Nina, qui a filmé ces bosses sur les épaules et l’arrière-main. Quant à Katrin, qui décrit des conditions de travail difficiles, elle se souvient d’un jour où le cavalier accusé aurait jeté un marteau sur le dos d’un cheval, au prétexte que celui-ci ne voulait pas rester immobile. “C’était incompréhensible. Le marteau a atterri près de la colonne vertébrale et aurait pu grièvement blesser le cheval.” Anna affirme: “Si les résultats n’étaient pas assez bons en compétition, il devenait dingue. Une fois rentré aux écuries, il les punissait, parfois deux jours après.” Selon elle, il lançait ses chevaux au galop à pleine vitesse et les stoppaient violemment. “S’ils n’obéissaient pas à la seconde près, il les talonnait vingt fois. […] S’ils se raidissaient, il leur tirait sur la bouche. Les chevaux étaient terrifiés”. Il était ensuite demandé aux grooms de soigner les chevaux blessés au niveau des commissures.

Les cinq soigneurs interrogés s’accordent également à dire que les chevaux recevaient des quantités de foin bien inférieures à leurs besoins. “En concours, j’en achetais secrètement avec mon propre argent pour leur en donner. C’était insoutenable”, dit l’un d’entre eux. Lisa se souvient quant à elle d’un cheval contraint à sauter alors qu’il était sédaté après avoir reçu des soins à la bouche de la part d’un vétérinaire. Trébuchant à de nombreuses reprises, “le cheval aurait pu se tuer”, selon la jeune femme. Ayant travaillé pour ledit cavalier pendant un an, Jenny mentionne des marques d’éperons et des bouches ensanglantées après des séances de travail.



Écarté de toute compétition internationale jusqu’à nouvel ordre

Contacté par Sportbladet, le cavalier incriminé affirme ne pas transgresser les règles édictées par le ministère suédois de l’Agriculture et la Fédération équestre suédoise, soutenant que des contrôles des écuries et du bien-être des chevaux sont effectués. “Au cours de toutes ces années, les inspecteurs n’ont jamais eu de plaintes concernant le bien-être des chevaux, que ce soit physiquement ou mentalement”, affirme-t-il, précisant aussi que les rations sont individuelles et préparées en concertation avec un nutritionniste en fonction de l’entraînement et de la saison de compétition. Interrogé sur les faits de maltraitance, il dit ne pas savoir à quoi les témoignages font référence. 

Hier, par le biais d’Andrea Barth, directrice sportive, la Fédération suédoise a dit prendre “très au sérieux les informations publiées […] dans Aftonbladet, le 11 mars, concernant un cavalier de saut d’obstacles anonyme qui, selon l’article, n’aurait pas bien traité ses chevaux ou ses employés. Il s’agit d’informations extrêmement graves, qui vont à l’encontre de tout ce que représente le sport équestre suédois. Nous essayons maintenant d’obtenir davantage d’informations sur ce qui s’est passé, afin de pouvoir agir en conséquence”.

Aujourd’hui, la fédération suédoise a décidé de suspendre Douglas Lindelöw, qu’elle ne nomme pas, de toute compétition internationale. “La Fédération équestre suédoise a été en contact avec plusieurs personnes qui ont témoigné de comportements pouvant être considérés comme délictueux. Par conséquent, la fédération a décidé de signaler le cavalier à la police. Si l’on soupçonne un délit, il est toujours important de laisser la police enquêter”, a déclaré Johan Fryberg, le secrétaire général de la fédération. Du reste, le cavalier doit bénéficier de la présomption d’innocence, ce qui n’empêche pas la fédération de prendre des mesures conservatoires temporaires. “À compter d’aujourd’hui, la Fédération suédoise d’équitation n’autorise plus le cavalier à concourir sur la scène internationale, ce qui signifie qu’il ne peut pas participer à des compétitions internationales jusqu’à nouvel ordre”, reprend Johan Fryberg“Notre sport devrait être caractérisé par la joie et l’amour des chevaux. C’est pourquoi beaucoup d’entre nous en Suède sont extrêmement tristes, en colère et frustrés par les histoires et les images que nous avons vues. Ce n’est pas quelque chose qui a sa place dans le sport équestre.”



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