À La Baule, l’Allemagne confirme son excellent début d’année olympique, en battant la France d’un petit point

L’Allemagne a remporté la Coupe des nations Barrière de l’Officiel de France de saut d’obstacles, cet après-midi à La Baule. Dans un stade François-André plein comme un œuf, la Mannschaft, déjà victorieuse cette année à Abou Dabi et Rome, confirme qu’il faudra la compter parmi les favoris au titre olympique dans quelques semaines à Versailles. Vaillante devant ses supporters, la France n’a été battue que d’un point, se classant deuxième, sept longueurs devant la Belgique.



L’ESSENTIEL

L’Allemagne a gagné la Coupe des nations Barrière de France pour la septième fois de l’histoire du Jumping international de La Baule, cet après-midi en Loire-Atlantique. La dernière victoire de la Mannschaft au stade François-André remontait à 2007. Marcus Ehning, acteur de la victoire de 2024, montait son emblématique Noltes Küchengirl – ses trois coéquipiers d’alors ont tous raccroché leurs bottes depuis. À La Baule, les Germains s’étaient aussi imposés en 2006, à quelques semaines des inoubliables Jeux équestres mondiaux d’Aix-la-Chapelle, ce dont se souvient très bien un certain Otto Becker, protagoniste de l’époque avec la fabuleux étalon Cento. Heureux de se remémorer ces instants de gloire, l’inamovible sélectionneur allemand sait que les prochaines semaines vont être bien plus difficiles à vivre pour lui… mais aussi pour les cavaliers, qui redoutent l’appel leur annonçant qu’ils ne participeront pas aux Jeux de Paris.

Dans la plupart des grandes nations, les résultats en demi-teinte des uns et les blessures ou méformes des autres “aident” les sélectionneurs, en resserrant les listes de prétendants. À l’inverse, l’Allemagne “souffre” de ce que l’on appelle un problème de riches. En effet, depuis février, Otto Becker a vu ses troupes gagner trois des quatre grandes épreuves par équipes qu’elles ont disputées: l’étape émirienne de la Ligue des nations Longines (LNL) à Abou Dabi, puis les Coupes des nations de Rome, il y a deux semaines, et donc de La Baule, cet après-midi. Et ce avec pas moins de dix couples différents! Mieux encore, parmi les dix cavaliers impliquées dans ces victoires ne figurent ni Richard Vogel, dixième au classement mondial Longines, qui a pris part à la LNL d’Ocala avec son génial United Touch S, ni Hans-Dieter Dreher, récent sixième de la finale de la Coupe du monde Longines avec l’exceptionnel Elysium… Il y a donc au moins douze candidats pour seulement quatre places en comptant le remplaçant… Après La Baule, comme neuf autres sélectionneurs, Otto Becker disposera d’un dernier rendez-vous pour tester ses troupes, dans deux semaines à Rotterdam, à moins qu’il utilise à cette fin le CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle, qui s’achèvera le 7 juillet, la veille de la date à laquelle les comités olympiques nationaux devront impérativement avoir validé leur sélection.

Cet après-midi, les “vestes rouges” se sont imposées grâce au double sans-faute de Philipp Weishaupt et du fabuleux Zineday, médaillés d’argent des championnats d’Europe de Milan l’été dernier et prétendants déclarés au podium individuel à Paris, mais aussi aux clear rounds des champions d’Europe de 2021, André Thieme et DSP Chakaria, en première manche, puis de Kendra Claricia Brinkop avec le jeune et brillant Tabasco de Toxandria et Marcus Ehning sur Coolio 42, son nouveau cheval de tête, en seconde manche. Au-delà des scores, ils ont livré huit belles prestations sur le subtil parcours dessiné par Grégory Bodo, co-chef de piste des JO, qui continue à tester des lignes et des enchaînements avec une apparente sérénité, et ici avec succès. En effet, on a vu des fautes un peu partout, même si la palanque du vertical 11 et les deux plans de l’oxer 12 sont plus souvent tombés que les autres.

Les Français (lire plus bas), moins en réussite que les Allemands en LNL, non invités à Rome, et dont le collectif a été recomposé vendredi dernier après l’annulation de la LNL de Saint-Gall, ont été à peine moins bons à domicile, finissant à cinq points, soit un de plus que les vainqueurs. Le très bon quatuor belge a pris la troisième place avec douze points, soit quatre de moins que la bonne équipe de Suisse, quatrième. Ce fut bien plus dur pour l’Autriche, médaillée de bronze aux Européens de Milan, et les États-Unis, qui ont fini l’épreuve avec trois couples après l’élimination inimaginable de Kent Farrington et Landon au premier acte, ainsi que pour le Brésil, et plus encore pour la Suède et l’Espagne, non reprise en seconde manche.

Répartition des fautes par obstacle en première manche, puis évolution entre première et seconde manche.

Répartition des fautes par obstacle en première manche, puis évolution entre première et seconde manche.

© GRANDPRIX



LES BLEUS

En selle sur son excellent Iglesias DV, Olivier Robert a pris au moins autant de plaisir qu’il en a donné au public baulois, dont il est désormais l’un des chouchous.

En selle sur son excellent Iglesias DV, Olivier Robert a pris au moins autant de plaisir qu’il en a donné au public baulois, dont il est désormais l’un des chouchous.

© Scoopdyga

Après un début de saison plutôt frustrant, les Bleus se sont rassurés et ont régalé le public baulois tout autant qu’ils ont semblé eux-mêmes prendre du plaisir dans cette Coupe des nations comme on les aime, et disputée sous un ciel ensoleillé. Selon Henk Nooren, la France a produit non seulement cinq sans-faute, à mettre au crédit d’Olivier Robert et François-Xavier Boudant, impeccables par deux fois avec Iglesias DV et Brazyl du Mézel, et de Roger-Yves Bost, en seconde manche sur le vaillant Delph de Denat*HDC, mais globalement six, voire sept très bons parcours. En cela, le sélectionneur a souhaité inclure les prestations de Simon Delestre, ouvreur de son équipe, pénalisé au premier acte d’un point de temps et d’une faute sur le vertical 6 surmontant un bidet et placé juste après le triple oxer-vertical-oxer, puis au second acte d’une touchette sur le mur placé en 2. Quant à Bosty et Delph, ils ont bouclé la première manche avec neuf points, en raison d’une incompréhension à l’abord de la rivière, qui a occasionné une faute sur l’obstacle d’eau, puis sur le 9a, entrée d’un délicat double de verticaux. Cette belle impression d’ensemble, les Bleus auront à cœur de la confirmer dimanche dans le Grand Prix Rolex, même si les couples vus cet après-midi n’y participeront pas tous, puis dans deux semaines à Rotterdam, avec un quatuor totalement différent.

François-Xavier Boudant et Brazyl du Mézel ont produit un superbe double sans-faute. Le Normand a amplement réussi sa première Coupe des nations de La Baule.

François-Xavier Boudant et Brazyl du Mézel ont produit un superbe double sans-faute. Le Normand a amplement réussi sa première Coupe des nations de La Baule.

© Sportfot



LES TOPS

Outre les doubles sans-faute sus-mentionnés, saluons ceux du Belge Wilm Vermeir et IQ van het Steentje, qui avaient déjà accompli ce “petit” exploit l’an passé, de Max Kühner, le leader autrichien, qui l’a réussi avec l’art et la manière avec Elektric Blue P. Citons aussi le presque double-zéro de l’Américain Karl Cook et Caracole de la Roque, pénalisés uniquement sur le mur en seconde manche et qui ont encore donné du poids à leur candidature olympique douze jours après leur triomphe romain dans le Grand Prix Rolex d’Italie.



LES FLOPS

Outre les deux parcours très fautifs de l’Autrichien Peter Petschenig et Ennebel van het Posthuijs, méconnus mais dixièmes du Grand Prix de Rome, du Brésilien Santiago Lambre et Chacco Blue II, vainqueurs en fin d’hiver d’un Grand Prix CSI 5* d’entraînement à Doha, et l’impensable élimination de Kent Farrington, la prestation suédoise a globalement déçu. Même si Henrik Ankarcrona a fait tourner son effectif, la nation championne olympique, du monde et d’Europe en titre ne saurait se contenter d’une huitième place avec trente-deux points. Quant à son leader, Peder Fredricson, médaille d’argent individuel à Rio et Tokyo, il ne semble pas avoir encore trouvé le partenaire idoine pour Paris à en juger par les parcours à quatre et douze points de SV Vroom de la Pomme. Pour autant, Peder sera toujours Peder, et Paris est assurément un autre jour.

Les résultats
Le parcours

Toutes les épreuves du Jumping international de La Baule sont retransmises en direct sur GRANDPRIX.tv



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