Guy Drut remet en cause le modèle des Jeux de Paris 2024

Au détour d’une tribune publiée hier sur le site Internet de France Info, Guy Drut a sérieusement remis en question le modèle adopté par les organisateurs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, au regard de la crise provoquée par la pandémie de Covid-19. L’ancien champion olympique du 110 m haies et ex-ministre des Sports n’y va pas avec le dos de la cuillère: “Les Jeux olympiques doivent se réinventer, reconnaît-il. Mais la réponse à cette crise peut-elle se traduire par le seul report de dates, sans que le modèle, tant économique qu’organisationnel, des Jeux soit également profondément repensé? […] Le beau projet que nous avons construit et porté en phase de candidature pour Paris 2024 est aujourd’hui obsolète, dépassé, déconnecté de la réalité. Il n’est plus en phase avec le réel. Si dans son esprit, il doit rester inchangé, il nous faut revoir ses moyens, et nous recentrer sur l’essentiel. La première nécessité, c’est ainsi de faire une réévaluation budgétaire de ce que vont coûter les JO de Paris 2024.”

“On pourrait ainsi sanctuariser certaines épreuves sur un seul et même site, quel que soit le pays organisateur. Cela coûte très cher de construire de nouveaux équipements pour une épreuve qui dure, elle, seulement trois/quatre jours”, suggère le plus ancien membre français du Comité international olympique. “Prenons le cas du surf. Le site olympique pourrait toujours être le même et se situer, par exemple, à Tahiti ou Hawaï. Même chose pour le canoë-kayak, où il faut construire une rivière artificielle à chaque nouvelle édition. Il s’agit, là encore, de réutiliser des sites existants. Il faut garder l’unité de temps avec des JO qui se déroulent de telle date à telle date, mais l’unité de lieu et d’action peuvent varier. Autre piste de réflexion: la limitation du nombre de sports additionnels au programme.” Cela concernerait évidemment au premier chef les épreuves équestres quand on connaît l’investissement nécessaire à l’aménagement d’un parcours de cross, par exmple. Pour autant, cela éloignerait à nouveau les cavaliers des autres athlètes de la famille olympique…

Dans ce texte, Guy Drut a annoncé la tenue d’une réunion, “d’ici quelques semaines”, entre le CIO et les comités d’organisation des prochains Jeux olympiques: Tokyo 2020, Pékin 2022, Paris 2024, Milan/Cortina d’Ampezzo 2026 et Los Angeles 2028. “L’objectif de cette rencontre sera – dans la droite ligne de «l’Agenda 2020» qui avait déjà posé les bases du changement – d’explorer de nouvelles pistes, de penser utile, sobre, et responsable.”

D’après nos confrères de Francs Jeux, les propos de l’homme politique auraient été durement reçus par le Comité d’organisation de Paris 2024, où il tient d’ailleurs la fonction de conseiller stratégique de Tony Estanguet, le président. Guy Drut se sentirait “écarté” et “sous-utilisé” par l’équipe de direction. Dès hier soir, il a tenté de rétropédaler sur BFM TV, arguant que ses propos ne visaient pas seulement Paris 2024, mais “l’ensemble de l’organisation des Jeux.” Le bientôt septuagénaire en appelle à un retour à “l’utile et [au] nécessaire” et donc à l’élimination du “superflu”. Il entend par là “tout le décorum” sans être capable de définir clairement ce qu’il entend par là…