'LA VICTOIRE D'ADMIRABLE ME SEMBLAIT INESPÉRÉE', MARIE PELLEGRIN-ETTER



Après une période difficile pour son cheval [Admirable], Marie Pellegrin-Etter reprend la route des concours internationaux. Son retour a été marqué par une victoire dans le Grand Prix CSI 2* d’Oliva, il y a deux semaines. La cavalière française évoque ses douloureux souvenirs, mais aussi son avenir, qu’elle envisage avec prudence. La parole à une Franco-suisse qui garde l’espoir de retrouver sa place en équipe de France.
 
Grand Prix Replay : Absente de la compétition, vous venez de faire votre grand retour à Oliva sur le Mediterranean Equestrian Tour. Quelle préparation avez-vous fait avec vos chevaux, durant ces derniers mois ? Comment se passe ce retour à la compétition ?
[Marie Pellegrin]-Etter : Je n’ai jamais quitté les concours. L’année dernière, j’ai surtout fait des concours nationaux autour de chez moi, en Suisse, puisqu’Admirable a été opéré a deux reprises pour des coliques graves. Il a séjourné deux mois et demi en clinique. Il était pratiquement mort. J’ai ensuite vendu les autres chevaux. J’ai gardé Admirable avec moi, tant que les conditions climatiques me permettaient de faire des trottings. Puis je l’ai envoyé en thalasso thérapie au Domaine du Rollon. Il y a passé cinq semaines pour faire du paddock, du travail sur le plat et s’exercer sur des tapis dans l’eau. Après l’avoir récupéré, je suis allée m’entraîner avec [Hervé Godignon]. Il me suit depuis très longtemps. J’ai moins l’occasion de le voir depuis que je suis en Suisse, mais dès que je peux, j’y vais. On est ensuite parti à la tournée d’Oliva.

 
GRP. : Quels chevaux ont été du voyage pour cette première compétition ? Quels étaient vos objectifs pour cette tournée ?
M. P. E. : J’avais un cheval de neuf ans qui commence les Grands Prix, Felix XXVIII. Malheureusement, il est arrivé là-bas avec plus de quarante de fièvre et une forte toux. J’ai essayé de le monter les week-ends suivants, sans succès. Quintus XI, un cheval de dix ans, était aussi engagé. Mon mari l’a récupéré et me l’a confié. D’ailleurs, j’ai récemment acquis la moitié de ce cheval avec une propriétaire, pour le garder. Je le prévois pour des grosses épreuves et des vitesses. J’ai également un sept ans, Good times van’t Lozerh. Il s’avère être la relève d’Admirable. Dans mon piquet, il me reste aussi Chase Manhatten, que je n’ai pas amené à Oliva, comme il était en thalasso thérapie. Je l’envoie chez Hervé Godignon pour qu’il me le travaille un peu. Ce fils de Cornet Obolensky est un cheval de Grand Prix imposant. Je le récupère dans deux jours pour commencer les concours.
Cette tournée m’a permis de voir où j’en étais. Sur les nationaux, je le sais déjà comme je me suis classée et j’ai gagné. Cependant, je voulais voir où est-ce que je me situe en international. Mon but premier n’était pas de faire des résultats. Je souhaitais seulement prendre un peu la température pour le reste de la saison, mais finalement, ça c’est mieux passé que prévu !

 
GPR : Également revenu à la compétition, Admirable a pris une belle première place et s’est placé sur deux autres podiums. Comment se porte-t-il après les divers problèmes qu’il a rencontrés l’année dernière?  Comment a  t-il vécu sa reprise des concours ? Que prévoyez-vous pour lui dans cette saison ?
M. P. E. : Je suis vraiment contente de sa reprise. J’ai vraiment été étonnée que le cheval se remette aussi bien, en si peu de temps. Il a passé deux mois et demi en clinique et il a frôlé la mort. Il avait repris la compétition l’année dernière, pendant trois mois. Néanmoins, il s’était blessé à nouveau en trotting, en recevant un coup d’un autre cheval.
Lors de son retour en compétition, Admirable a été incroyable. Le premier week-end, il a fait une petite épreuve d’1,30 m. Par la suite mon mari (le Suisse [Daniel Etter], ndlr) m’a rappelé qu’il avait déjà treize ans, qu’il connaissait son boulot et qu’il était en forme. Il m’a donc conseillé de ne plus sauter "pour rien". Alors je l’ai engagé sur une plus grosse épreuve, où il a fini troisième. Le deuxième week-end, il a fait une grosse épreuve avec un point de temps, puis il s’est classé deuxième du Grand Prix. Le dernier week-end, il a pris quatre points de pénalité dans la première épreuve. Il a gagné ensuite le Grand Prix. J’étais vraiment très émue à la remise des prix. Après toutes nos mésaventures, j’ai vraiment l’impression qu’il me remercie de toute l’attention que je lui ai donnée ces dernières années. Cette victoire semblait inespérée.
Pour l’avenir, je vois jour après jour. Effectivement Admirable a très bien sauté, il montre qu’il en a envie et j’en suis très contente. Il me donne tout ce qu’il peut et je vais essayer de le garder comme ça. Je vais encore participer à quelques concours à proximité de chez moi, pour qu’il prenne encore de la condition. Par la suite, je verrais avec Philippe Guerdat. Je l’ai d’ailleurs déjà eu au téléphone. Mais il est encore trop tôt pour savoir précisément comment va se dérouler la saison. Admirable saute très bien, voire mieux, mais je ne préfère pas trop m’avancer. Cependant le cheval garde le moral et se montre très heureux de revenir à la compétition.

 
GPR. : Avez-vous l’intention d’acquérir de nouveaux chevaux pendant cette saison ?
M. P. E. : Quand Admirable a eu tous ses déboires, j’en ai eu vraiment assez et j’ai vendu tout mes chevaux. Il y avait, entre autres, [Cylana], qui a récemment participé aux Jeux olympiques avec [Reed Kessler]. Je possédais aussi une huit ans qui était fantastique. Mais elle a souffert de leptospirose, ce qui nous a obligés à procéder à l’ablation d’un œil. Depuis, elle est devenue poulinière. Par la suite, j’ai racheté des jeunes. Il faut toujours que j’en vende un, pour pouvoir en acheter un autre. Sinon il me faut des partenaires. Je fonctionne avec cette méthode, afin de diviser les risques. Comme mon mari m’a fait une écurie de six box, je ne peux donc avoir qu’un maximum de six chevaux. Cette infrastructure me convient très bien. Je m’occupe tellement de mes chevaux que je ne vois pas comment je ferais avec plus de montures. J’en ai  peu, mais je m’y consacre à deux cent pour cent.

 
GPR.  : Quels sont vos objectifs cette année ? Visez-vous un retour en équipe de France ?
M. P. E. : Toujours, bien sûr. Un cavalier espère toujours courir pour l'équipe de France. J’aime les concours, j’aime gagner et avant tout j’aime mes chevaux. On a tous envie d’être en équipe de France et de représenter notre pays sur les plus beaux concours. Je n’ai vraiment pas eu de chance pendant deux ans. J’espère que cette année la roue va tourner. Pour l’instant, ça a l’air d’aller, mais je ne préfère pas m’avancer. Les déceptions ont été trop nombreuses pendant deux ans.
Philippe Guerdat nous connaît très bien. Il sait qu’Admirable et moi formons un vrai couple et qu’on se connaît par cœur. Je disais précédemment que ce cheval sautait mieux, mais je pense aussi que c’est moi qui le monte mieux. Après tout ce qu’on a traversé, je me mets beaucoup moins la pression qu’auparavant. J’ai été lancée en équipe de France assez rapidement, je venais d’avoir un enfant. Tout est allé très vite, je me suis mise beaucoup de pression en faisant des Coupes des nations au détriment d’importants Grands Prix. Je tenais à être très performante pour l’équipe. Maintenant je monte avec plus de plaisir et moins de stress.

 
GPR. : N’êtes-vous pas tentée de prendre la nationalité suisse, comme l’ont fait Frédérique Fabre Delbos et Romain Duguet ?

M. P. E. : Romain est marié depuis plus longtemps que moi aux Suisses. Je le suis depuis bientôt quatre ans, mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Je vais bien sûr avoir le passeport Suisse. Après, c’est moi qui décide de ma nationalité. Lorsque j’ai gagné le Grand Prix à Oliva, je ne cache pas que, évidemment, la Marseillaise fait toujours son petit effet. 


Propos recueillis par Léa Sargenti