LE JOURNAL ROLEX D?ERIC LAMAZE



Retrouvez la deuxième chronique du journal Rolex d'[Eric Lamaze].

Qu’avez-vous fait dernièrement ?
Nous rentrons tout juste de Calgary et le week-end dernier nous étions à San Patrignano, en Italie. Calgary était l’occasion pour moi de savoir quelle monture j’emmènerai à Londres pour les Jeux olympiques. Je les ai un peu testées tout au long de ces quatre dernières semaines. Ce ne fut pas un voyage de tout repos et j’ai connu quelques petits problèmes sur la fin. Un jeune cheval peut être parfois submergé par des obstacles d’une telle hauteur. Ainsi, les obstacles de Calgary ont connu quelques ajustements : les oxers étaient assez larges avec des sous-bassement et des chandeliers un peu plus regardants. Je pense que pour [Derly Chin de Muze] c’était un peu trop et bien qu’elle soit arrivée en super forme à Calgary, elle s’est un peu relâchée (elle est tout de même arrivée deuxième dans la première épreuve et a très bien sauté). La deuxième semaine fut consacrée aux épreuves de sélection olympique américaine où elle ne commet qu’un point de temps dépassé et une barre à terre, donc tout va plutôt bien. Bien que nous ayons connu quelques difficultés sur la fin, nous avons eu suffisamment de temps pour mettre tout ça en place derrière nous.


Je monterai donc Derly à Londres. Cette décision n’est pas seulement la mienne. Notre chef d’équipe et le comité de sélection olympique ont également leur mot à dire et ils ont plus vu Derly tout au long de l’hiver. Nous avons acheté Verdi juste à temps pour qu’il soit éligible sur la longue liste olympique, mais il s’avère que mon équipe ait une préférence pour Derly. Pour ma part, j’étais très bien avec chacun des deux chevaux. Ils ont chacun leurs qualités : je ne connais pas Verdi aussi bien que Derly, mais cette dernière est plus jeune d’un an, ce qui pourrait lui être dommageable. Mais j’ai un bon feeling et j’ai hâte d’arriver aux Jeux olympiques.

Parlez-nous de Derlin Chin de Muze…
C’est une excellente jument, elle ne fait que très peu de fautes. Derly n’a que neuf ans mais elle est allée partout de La Baule à Rome, en passant par Valence ou encore la Floride et a toujours été parfaite jusqu’à la troisième semaine à Calgary où elle a eu une mésaventure dans la combinaison. Je crois qu’elle a trébuché sur le dernier plan du triple m’entrainant avec elle dans sa chute. La troisième semaine m’a un peu ralenti, mais finalement Derly s’est plutôt bien comportée la dernière semaine. Enfin, dans le Grand Prix, j’ai du m’arrêter au milieu du triple, ce qui aurait pu être alarmant, mais elle l’a sauté la seconde fois. Nous sommes de nouveau sur les rails !
 Derly est très courageuse d’ordinaire, mais ce qui lui est arrivé dernièrement est assez inhabituel. Elle est très prudente et compétitive à la fois et donc il est normal de l’avoir vu déstabilisée après un accident de la sorte. Le fait qu’elle soit prudente, c’est ce qui la rend aussi douée. Mais un cheval prudent peut aussi être un cheval inquiet parfois sur les barres, c’est pour cela qu’elle a été déstabilisée, mais elle a repris confiance désormais.
Les Jeux de Londres vont être différents de ceux de Pékin pour moi. Les gens me demandent souvent si j’ai l’intention de défendre mon titre olympique. Si Hickstead était encore là et que je le montais, alors oui je serais dans cette optique, mais cette année les choses sont différentes. J’y vais pour aider mon pays à remporter une médaille. Concernant mon objectif individuel, je ne veux pas être négatif, mais je pense que ce serait un petit miracle que de figurer sur le podium, étant donné tout ce qui s’est passé. Nous avons été pris au dépourvu pour toutes sortes de choses, donc ma mission pour cette année est d’aider mon équipe à atteindre le podium et je pense d’ailleurs que nous avons une bonne chance. L’épreuve finale des Jeux olympiques est similaire à un Grand Prix, avec une remise des compteurs à zéro, tout peut arriver.
 


Comment se porte l’équipe canadienne ?
L’équipe canadienne est en bonne forme. [Yann Candele] est réserviste. [Jill Henselwood] a un cheval un peu surprenant, il peut sortir sans-faute mais a tout de même son caractère. Le cheval de [Ian Millar] a pris un peu de retard et a fait seulement deux semaines de compétition à Calgary. [Tiffany Foster] était également à San Patrignano, elle monte beaucoup. Tiffany a un cheval relativement jeune (dix ans), donc nous essayons de le garder confiant et c’est une incroyable expérience pour elle, elle est très excitée. Quand vous vous approchez autant d’un si grand événement, vous devez porter une attention particulière à tous les détails afin que tout se passe correctement.
 


Quel est selon vous le cavalier et l’équipe à suivre pour ces olympiades ?
Je pense que les Allemands sont clairement les favoris avec [Janne-Friederike Meyer], [Meredith Michaels-Beerbaum], [Marcus Ehning] et [Christian Ahlmann], ils forment une très bonne équipe. Concernant les individuels, vous devez adorer [Nick Skelton] qui montera [Big Star] et sera l’un des gros favoris. Après, je pense que [Steve Guerdat] et [Nino des Buissonnets] feront de belles choses. J’aime beaucoup ce cheval, il est prudent et pourrait briller aux Jeux olympiques.
 


Resterez-vous dans le village olympique ou quelque part d’autre ?
Non, nous serons dans un hôtel à quelques pas de Greenwich Park, j’en suis ravi.
 


Quand vous serez installé à Londres, quel sera votre programme journalier ?
Toutes les épreuves auront lieu la journée, tandis qu’à Pékin tout se déroulait le soir. Donc tout dépendra de l’ordre de départ et de mon numéro, et j’imagine qu’il y aura un centaine de partants. Si l’épreuve débute à treize heures et que vous êtes le premier à partir pour votre pays, vous devrez bien faire travailler votre cheval le matin, alors que si vous passez vers la fin de la journée, vous pouvez changer un peu votre emploi du temps. Je pense qu’il est important de ne pas trop s’éloigner de votre routine quotidienne.
 


Qui compose votre staff ?
Nous avons un entourage assez important en termes de personnes nous aidant quotidiennement. Brent Balisky, le premier coach de Tiffany Foster, nous a rejoint à Calgary et restera à nos côtés jusqu’à la fin des Jeux. Il y a beaucoup à faire et il nous a été d’une grande aide car il est capable de se concentrer sur des choses que je ne peux pas voir. Mon vétérinaire gardera un œil sur mon cheval une fois sur place. Ma groom, Delphine Roustan, est bien évidemment essentielle à l’équipe en faisant en sorte que tout se passe pour le mieux. C’est à peu près toutes les personnes qui peuvent venir et faire partie de l’aventure.
 


Éric Lamaze, cavalier de saut d'obstacles médaillé d'or olympique, témoigne de l'excellence de Rolex en sports équestres.